AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fifibrinda


Après le garçon en pyjama rayé ou Mon père est parti à la guerre, John Boyne épouse de nouveau le point de vue d'un jeune garçon sur la guerre. Ici, Pierrot, franco-allemand de 6 ans, est élevé dans l'ombre de Hitler, à Berchtesgaden. Il est à la fois seul et entouré d'affection, effrayé et fasciné par le personnage de « Monsieur » … Dans un processus lent mais efficace, implacable, le jeune garçon naïf, cousin du petit Bruno et de sa vision enfantine d'Auschwitz, devient un adolescent impitoyable, antisémite, misogyne, imbu de sa propre importance, un véritable concentré de nazi ne demandant qu'à s'engager au service du Reich. John Boyne démonte avec beaucoup de subtilité la mécanique d'embrigadement du nazisme, le lavage de cerveau permanent, la manipulation de la vérité, sans concession ni manichéisme. Un certain nombre de faits et personnages historiques enrichissent le roman, permettant une réelle plongée dans l'époque abordée d'un point de vue plutôt original puisque nous passons avec Pierrot près de 10 ans au Berghof. Sont ainsi évoqués les jeunesses hitlériennes, le Duc de Windsor et Mrs Simpson, Leni Riefentstahl et, bien sûr, l'état-major hitlérien et la mise place des camps de concentration. Si Pierrot ne semble pas comprendre toute la portée de ce qu'il voit et entend, le jeune lecteur sera certainement interpellé par la naïveté de l'enfant et l'aveuglement fanatique de l'adolescent. L'aveuglement – qu'il soit volontaire ou non – renvoie d'ailleurs à de grands romans de la littérature générale consacrés à cette thématique et l'on peut imaginer que certains lecteurs adolescents souhaitant prolonger la réflexion passeront de John Boyne à Robert Merle (La mort est mon métier), François Emmanuel (La question humaine) voire même Primo Levi (Si c'est un homme) … Ce roman très fort est une vraie réussite, à la fois plaisir de lecture, matière à réflexion et contribution au devoir de mémoire.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}