J'avais lu ce livre, adolescente, et il m'avait laissé une forte impression. Je le relis longtemps après dans le cadre d'une lecture commune, et je lui trouve toujours autant de charme, même si ce charme me paraît désormais un peu suranné et que certains défauts sont plus visibles à mes yeux.
Or donc, ce qui m'avait séduite et qui continue à me séduire, c'est cette immersion totale dans ce Paris du XIIIè siècle où l'on suit le quotidien d'une famille d'orfèvres, les Brunel. L'auteure décrit avec beaucoup de précision les décors, les costumes, les bijoux, les fêtes, les repas et même les odeurs... On suit certains membres de la famille dans leur visite aux malades de l'Hôtel-Dieu, dans la procession du saint patron de leur guilde, dans les caroles fêtant le mois de mai, dans leurs déplacements d'une région à l'autre... bref, dans les mille et un gestes qui émaillent leur quotidien ! Car c'est un Moyen-Age vivant, coloré, érudit, que nous dépeint l'auteure, loin des clichés habituels sur la noirceur crasse des temps... peut-être même un peu trop idéalisé parfois !
Il y a un détail qui pourra peut-être surprendre les lecteurs(trices) du XXIème siècle mais qui participe au réalisme du livre et c'est l'omniprésence de Dieu dans leurs moindres gestes, dans leurs moindres pensées !
Mais ce livre a également les défauts de ses qualités car dans son souci du détail réaliste, l'auteure ne nous épargne aucun adjectif, aucun substantif dans des phrases à rallonge, si bien que l'on a parfois l'impression qu'elle nous dresse le catalogue d'un marchand médiéval tenant boutique !
Cette lourdeur se ressent dans certains des dialogues où l'auteure enferme des informations qui n'y ont pas leur place et qui donnent l'impression qu'ils sonnent faux...
Concernant l'histoire en elle-même, l'intrigue tourne surtout autour de Mathilde, la mère, et de Florie, la fille aînée, qui vont toutes deux éprouver une passion coupable pour le cousin par alliance de la deuxième, Guillaume Dubourg.
On assiste donc à leur combat intérieur pour résister à cette tentation redoutable et respecter leur devoir envers leurs époux respectifs.
Personnellement, je ne me suis attachée à aucun des personnages de ce triangle amoureux (le seul qui trouve grâce à mes yeux dans le roman est Arnauld, le frère aîné).
Mathilde m'agace par ses lamentations incessantes sur l'impuissance de son époux (le pauvre !).
Florie, si elle m'avait émue lors de ma première lecture, me laisse dans l'incompréhension la plus totale...
Si on lui pardonne sa faiblesse dans la première partie du livre eu égard à sa jeunesse, à son inexpérience et au machiavélisme de Guillaume, on a bien du mal à comprendre sa rechute 6 ans plus tard. Idem, pour Guillaume. Je dois avouer qu'au début, j'éprouvais de la pitié pour lui car il semblait malheureux de ses sentiments envers Florie et qu'il éprouvait de la culpabilité vis-à-vis de son cousin, mais ensuite,son manque flagrant de scrupules, son chantage honteux n'ont attiré que mon mépris. Il fait preuve d'un égoïsme aussi délirant que sa passion est destructrice, ce qui fait de lui un être totalement méprisable.
Mais c'est justement cela qui fait la force du roman selon moi : des personnages aux prises avec leur conscience et qui se débattent avec leurs contradictions, leurs doutes, leurs faiblesses et leur noirceur.
Bref, malgré quelques défauts, je trouve cette plongée dans l'univers des Brunel passionnante avec des passages très forts, et les drames vécus par cette famille ne peuvent nous laisser indifférent.
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