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Critique de keria31


De la culture avant toute chose...
Bien que d'autres écrivent, ils n'ont pas ce niveau. Ah ! L'histoire : une discipline si riche et si tortueuse. Il faut s'accrocher pr tenter d'en percer les secrets.

Autrement, le choix de l'auteure nous transpose au XIII siècle c'est-à-dire une période très méconnue de nos contemporains (pas comme le XVI, le XIX par ex). Même en tant qu'historienne, ce n'est donc pas la facilité qu'elle a choisie tout comme le fit Victor Hugo avec Notre dame de Paris au XIXè. Ceci dit, là, on est loin de l'atmosphère gothique de ce chef d'oeuvre romantique. Au contraire, on plonge dans une ambiance sobre, dans un cadre que l'on pourrait qualifier de classique. Exit, les grandes tragédies, les rues enfiévrées sous la houlette du pape des fous, la plongée dans les égouts auprès des gueux et des va-nu-pieds dont le sort est la damnation. Même la fête n'a pas une teinte aussi grotesque et glauque que celle de Hugo : plus fleurie, empreinte de gaieté et de charme. Non, là, on entre de plein-pied dans l'univers d'une famille bourgeoise dont le père est artisan-commerçant, l'épouse, dévouée, quand les enfants sont nombreux. C'est si crédible comme tableau de famille que ça paraît être réaliste même si l'auteure a composé sans nommer ses sources. On connaissait les sagas familiales de Maurice-Druon ou Max-Gallo mais là, on découvre un auteur féminin.

Autrement pour ce qui est des personnages principaux : qd les hommes écrivent, ce sont des héros et là, comme c'est une femme, ce sont des héroïnes. 2 qui dominent tout le récit dont l'une est mère, Mathilde, et l'autre, une des filles, Florie. La 1ère représente presque la mère chrétienne idéale pour se dévouer à ses proches, son époux lorsqu'il est malade, ses filles, Florie et Clarence pour qui elle porte plainte auprès du roi mais la famille est si grande qu'en dépit de sa bonne volonté, elle ne parvient pas à tous les intégrer dans sa sphère de considération morale. On voit aussi que la piété tient une grande place dans sa vie. Il en est de même pour sa fille qui partage cette dernière passion à la différence près que Florie n'est pas du tout l'image de la mère chrétienne idéale en devenant une femme plus sulfureuse et indépendante. Pourtant, elle a paradoxalement un côté martyre pour être harcelée par des hommes : Artus le noir l'agresse dans sa jeunesse, son époux la quitte et le chanoine la sermonne, lui fait faire pénitence sans qu'aucun ne remarque son dévouement à la cause des orphelins. Or, malheureusement, au vu des critiques des babelionautes, je crois qu'ils n'ont pas vu comme moi ces portraits de femme : bien plus dépréciatifs.

Enfin, je terminerai en disant que ce sujet est vraiment féminin tout comme son traitement. Pas de récit de bataille, de guerre à l'horizon alors qu'on est en pleine époque des croisades et de la guerre anglo-normande. Or, il est à noter que l'auteure laisse entendre que les hommes partaient plus à la guerre pour fuir leur vie conjugale plutôt que de chercher à servir Dieu ou le roi. Sous la plume de Jeanne, il y a vraiment peu d'action et quand elle a lieu, la scène est bâclée comme si l'auteure peinait réellement à la décrire. A l'inverse, elle se penche davantage sur l'introspection au point même d'évoquer les prières, un sujet que les auteurs n'évoquent jamais quand les dialogues, eux sont nombreux et soutenus avec un style trop châtié : j'ai du mal à croire qu'ils s'exprimaient comme cela même s'il s'agit de la bourgeoisie, la classe la plus élevée du peuple. Qui plus est, on découvre d'autres us et coutumes du Moyen-âge en rapport avec la femme : le rite de mai, les noces, la toilette qui, eux, sont assez bien décrits ou encore les processions de saint. Un bémol toutefois pr le rite de mai : elle n'explique pas le message des branches d'arbre qui st donnés des hommes aux femmes. C'est pourquoi, la mystique est traitée de façon superficielle ou conventionnelle mais c'est fidèle, selon moi, aux pratiques du Moyen-âge.

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