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Critique de Laureneb


Je n'ai pas été totalement séduite par ce roman, auquel j'ai trouvé certaines longueurs.
Il y a beaucoup de choses dans ce texte, mais pour moi il y en a trop ; l'auteur a de nombreuses idées, mais elles ne s'enchaînent pas de façon aussi fluide que chez Garcia Marquez. le rapprochement peut sembler saugrenu, il y a loin du Moscou soviétique à la Macondo colombienne, mais j'ai pensé plusieurs fois à ce chef-d'oeuvre du réalisme magique. Car oui, ce que j'aime dans Cent Ans de solitude, c'est l'irruption du fantastique, qui peut sembler d'abord décalé, mais que les personnages acceptent.
Ici, le diable et son escorte se manifestent au milieu d'un décor urbain, moderne, et se jouent de la bureaucratie et de la police politique, permettant, par leur bizarrerie même, à la manière des contes philosophiques du XVIIIème siècle, de dénoncer les travers de la société contemporaine de l'auteur. Et ce que j'ai préféré, c'est la chevauchée des sorcières pour le Sabbat, qui apparaît comme un acte de libération féministe au sens propre, d'empowerment dirait-on aujourd'hui, les femmes, maîtresse comme domestique, prenant en main leur destin face à la corruption, la cupidité, la dénonciation, et toutes les mesquineries des hommes - qu'ils soient communistes ou harceleurs. La femme au foyer qui s'ennuyait devient Margot, la reine de la nuit, qui se pare de sa nudité triomphante, effaçant même ses rides de chagrin devant la médiocrité de la vie.
Ce décalage est intéressant, et donne lieu à des scènes assez puissantes, avec aussi une certaine force comique - même si les farces du duo de démons sont répétitives et font partie des longueurs selon moi.
Le roman dans le roman sur le martyr de Jésus, mais surtout sur les scrupules, voire les remords de Ponce Pilate, apparaissent donc presque en trop - même si ce sont de très bons passages, et parmi ceux que j'ai préférés. Je trouve qu'ils ne se rattachent que de façon artificielle au reste, prétexte pour introduire Woland. Peut-être que sa présence sur place sur le Mont-Chauve aurait dû être explicitée : qui est-il ? Judas le traître, Mathieu le disciple, ou Arminius l'espion en chef ? Autre regret concernant Woland, qui n'est pas au centre d'un roman qui lui est dédié, effacé par les facéties redondantes de ses comparses. A l'image du Maître, tellement falot qu'on ne peut comprendre pourquoi Marguerite est prête au sacrifice suprême pour lui...
Beaucoup de trouvailles donc, peut-être un peu trop. J'ai cependant bien apprécié de voir les passages qui avaient été censurés par le gouvernement soviétique - tous ceux suggérant la corruption, les difficultés de la vie, la police secrète et les camps, évidemment, mais aussi ceux trop explicites sexuellement.
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