AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de YvesParis


Pascal BONIFACE avait publié cet essai de « géopolitique du football » à la veille de l'ouverture du Mondial 2002. Cet auteur prolixe, dans son souci de décloisonner les savoirs, élève non sans démagogie le football au rang de sujet géopolitique à part entière.

Il montre comment le ballon rond peut réconcilier les peuples. Ainsi la normalisation des relations hispano-soviétiques (l'Espagne refusait de reconnaître l'URSS) fut-elle précédée par une rencontre organisée lors de la Coupe des Nations de 1964. Américains et Iraniens ont également entamé leur rapprochement sur la pelouse d'un stage de football à Lyon lors du Mondial 98.

Mais le football est également « la continuation de la politique par d'autres moyens » voire la seule forme de guerre inter-étatique acceptable dans un monde où la guerre entre États a quasiment disparu. Parfois, une rivalité sportive peut dégénérer en conflit armé : c'est la « guerre du football » entre le Honduras et le Salvador en 1969. D'autres fois, c'est le match de football qui permet de prendre une revanche après une défaite militaire : ainsi de la victoire de l'Argentine sur l'Angleterre en demi-finale de la Coupe du Monde 86.

Pour autant, Pascal BONIFACE a raison de ne pas donner au football plus d'importance qu'il n'en a. Un match de football ne va pas déclencher un conflit entre deux pays qui entretiennent de bonnes relations, ni apporter la paix à des États qui veulent en découdre. le football n'est qu'un instrument, parmi d'autres, dont disposent les acteurs de la vie internationale pour s'affronter ou se rapprocher. Il est en fin de compte toujours instrumentalisé par les États. Il est ainsi un instrument de prestige et de propagande, utilisé par exemple sans vergogne par Mussolini à l'occasion de la Coupe du monde de 1934 organisée - et remportée - par l'Italie. Il est aussi un moyen pour l'Etat de conquérir ou d'affirmer son identité nationale : les États nouvellement indépendants demandent, séance tenante, leur admission à la FIFA, qui compte plus de membres que l'ONU.

La vérité oblige toutefois à dire que Pascal BONIFACE n'apporte pas grand chose à l'ouvrage qu'il avait dirigé en 1998 (Géopolitique du football, Complexe). Il ne dit quasiment rien de l'évolution récente du football, se bornant à signaler une intéressante rencontre Tibet-Groënland en juillet 2001. Les fiches présentant les participants au Mondial 2002 sont certes utiles mais font trop figure de « pièce rapportée », dont la compilation sur 83 pages aura été sous-traitée à quelque stagiaire de l'IRIS,

Quelques thèmes intéressants sont évoqués mais pas assez fouillés : l'absence de domination américaine (voir plutôt « Pourquoi n'y a-t-il pas de football aux Etats-Unis ? » de Andrei MARKOVITS dans Vingtième siècle revue d'histoire, avril-juin 90), les déséquilibres Nord-Sud (« le sport dans les relations internationales » de Patrick GAUTRAT, Revue française d'administration publique, janv-mars 2001) ou bien sûr les enjeux du Mondial 2002 (« World Cup Korea Japan 2002 : que la fête recommence » de BUI Xuan Quang, Revue juridique et économique du sport, mai-juin 2002).
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}