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Critique de jmb33320


« Moi j'ai conservé sa revue et j'ai conservé son souvenir. Ma vie, probablement, me le permettait. Comme tant d'autres Mexicains, moi aussi j'ai abandonné la poésie. Comme tant de milliers de Mexicains, moi aussi j'ai tourné le dos à la poésie. Comme tant de centaines de milliers de Mexicains, moi aussi, l'heure venue, j'ai cessé d'écrire et de lire de la poésie. À partir de ce moment ma vie a suivi le cours le plus triste que l'on puisse imaginer. J'ai fait de tout, j'ai fait ce que j'ai pu. »

C'est Amadeo Salvatierra qui s'exprime ici. On est en janvier 1976, à Mexico, et il vient de passer la nuit à boire et parler en compagnie de deux jeunes poètes qui se réclament d'un mouvement littéraire obscur nommé «réalisme viscéral», fondé cinquante ans plus tôt. L'un d'entre eux, Ulisses Lima, est mexicain mais l'autre, Arturo Belano est chilien, en exil. Ils sont à la recherche de l'oeuvre qu'a pu laisser Cesárea Tinajero, une poète mystérieusement disparue.

La voix, la confession presque, de ce vieil homme n'est qu'une des dizaines qui vous attendent dans ce merveilleux roman pour fous de littérature et de poésie, qui m'a laissé pantois d'un bout à l'autre.

Nous suivrons Ulisses Lima et Arturo Belano de 1975 à 1996 dans leurs voyages, leurs vies souvent difficiles mais exaltantes. Pourtant jamais ceux-ci ne s'exprimeront directement dans la narration. Ils apparaîtront dans le reflet de ce que disent d'eux certains de ceux qu'ils ont croisés, appréciés ou aimés.

La construction du roman est superbement maîtrisée : trois parties, inégales en longueur. D'abord un journal, celui d'un jeune poète nommé Juan Garcia Madero, qui à la fin de 1975 rencontre ces réal-viscéralistes et laisse tomber ses études de droit pour les suivre. La seconde partie, la plus ample, déroule les récits de toutes les voix qui ont notamment connu Arturo Belano et Ulisses Lima de 1976 à 1996, d'Amérique en Europe et en Afrique. La troisième partie est un retour au journal de Juan Garcia Madero, en 1976, alors qu'ils sont à la recherche de Cesárea Tinajero dans le désert du Sonora.

Ce roman sera certainement mon plus grand choc littéraire de l'année. Il dormait depuis longtemps sur mes étagères car j'étais un peu effrayé par sa longueur et par son exigence supposée. Quelle erreur !

C'est vrai que je suis, comme beaucoup d'entre nous en ce moment, disponible pour une lecture longue et touffue. Mais je n'ai trouvé que des qualités à ce roman de 930 pages. Il ne souffre pas d'un trop grand formalisme (pas d'effets de style grandiloquents, embrouillés ou obscurs). Roberto Bolaño était un très grand écrivain et je vais rapidement lire autre chose de lui.
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