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Critique de ulysse13003


Celles et ceux qui ont vu le film "Les révoltés du Bounty" (1962) avec Marlon Brando et l'inoubliable Tarita connaissent le capitaine William Bligh, cet officier tyrannique, et adepte du "chat à neuf queues", dont la cruauté et l'inflexibilité poussent une partie de l'équipage, sous la houlette de Fletcher Christian, à se mutiner dans les parages de Tahiti. le film abandonne aussitôt le capitaine à son triste sort pour se concentrer sur les amourettes de Marlon-Fletcher avec la belle tahitienne.
Mais qu'est-il advenu de Bligh et des 18 marins jetés sans ménagement dans une chaloupe de 21 pieds avec pour seuls vivres des biscuits et du cochon salé, et pour breuvage de l'eau, il est vrai agrémentée d'un peu de rhum ?
A la vérité, sans doute l'un des plus grands exploits maritimes du 18ème siècle ! Bligh fut sans doute un capitaine exigeant et n'hésitant pas à user du châtiment corporel quand un matelot manquait à son devoir. Mais ce n'était pas la caricature du film. Il fut le maître d'équipage de James Cook dans l'un de ses voyages autour du monde et il combattit sous les ordres de l'amiral Nelson lors de la bataille de Copenhague (1801), excusez du peu !
"La relation de l'enlèvement du navire le Bounty (…)", rédigée à son retour en 1790 et traduite la même année en français, est un récit passionnant.
La première partie raconte le trajet entre l'Angleterre et la Polynésie. Les premières pages décrivent l'arbre à pain qui est au coeur de la mission de Bligh : le projet soumis à Bligh par le naturaliste Joseph Banks est de transplanter cet arbre dans les Antilles anglaises pour nourrir à peu de frais la population servile, ce dernier point est pudiquement passé sous silence.
La partie centrale est consacrée aux échanges, trocs, marchandages, effectués entre les "naturels" et l'équipage. Les deux sociétés se connaissent depuis les passages précédents de James Cook, et avant lui de Bougainville et consorts.
La dernière partie, enfin, est consacrée au périple de Bligh et des rescapés du Bounty entre l'île de Tofua (dans les Tonga) et Kupang, sur l'île de Timor. Entre les deux, pas moins de 3600 miles marins (7 000 km) que l'équipage va accomplir en l'espace d'une quarantaine de jours, affrontant les brisants, la faim, la soif, l'hostilité des "Indiens". Avec, pour se guider, un compas, une montre et un quadrant !
le récit de Bligh est rédigé dans un style sobre, sans artifice ni hyperbole, qui sied parfaitement à la puissance des événements dont il est question. C'est cette Odyssée véridique, plutôt que les aimables et très enjolivées tribulations des mutins en Polynésie, que les superproductions américaines auraient dû raconter.

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