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Critique de sharpayloves


Tout d'abord, notons qu'il s'agit ici d'une biographie de la vie d'Anaïs Nin, artiste grandement admirée et principalement connue pour la rédaction de carnets intimes tout au long de sa vie. Cet hommage graphique rendu par Léonie Bischoff - dont le dessin est très joli par ailleurs, grâce à sa poésie et sa dynamique rares - prend donc naissance au coeur des préoccupations d'une écrivaine début 20ème particulièrement intéressée par l'exploration de sa sensualité et la découverte des déterminants et liens de sa créativité.
Compte-tenu de son caractère biographique, il est délicat de déprécier le contenu-même de ce roman graphique à l'exception de la sélection des évènements de vie d'Anaïs dont il me semble on aurait pu choisir de ne pas laisser sous silence son investissement scientifique avec notamment sa participation à une expérience en 1955 où elle accepta de prendre du LSD afin de documenter l'expérience psychédélique sous la surveillance du psychiatre Oscar Janiger.
En revanche ce que l'on peut critiquer c'est bien la façon de narrer cette vie décadente et en la matière je pense que l'on peut avancer les arguments suivants :
i) à l'apparence progressiste, la vie d'Anaïs est ici rapportée comme une succession de postures égoïstes de la part de la jeune femme dont la sexualité débridée apparaît très peu sensible et érige comme point central l'exploration d'elle-même plutôt que le respect et l'amour de ses partenaires ;
2) la vie d'Anaïs Nin est donc ici racontée comme une seule et unique direction ; l'objectif de s'étudier en tant qu'artiste et femme libérée du début du 20ème siècle. Si l'idée est anachroniquement stylée, elle sert ici comme un motif d'excuse à l'immoralité dont elle fait preuve ;
3) enfin en dehors de cette mauvaise mise en avant de ses qualités d'anti-conformisme et de curiosité, aucune sanction correcte n'est appliquée au personnage quand l'on constate que d'un bout à l'autre de sa vie aucune des personnages avec qui elle entretient des relations partagées ne s'offusque d'un manque de communication. Sans celle-ci, ce qui aurait été un chouette pied de nez à la monogamie patriarcale n'est qu'en fait qu'une succession de situation de tromperies et de souffrances.
En guise de conclusion, si je ne conseille pas Anaïs Nin c'est surtout que je suppose qu'une autre mise en narration mettrait plus en avantage sa vie, ne la représenterait pas telle qu'elle n'a pas été et confondrait moins liberté et irrespect/immoralité. Pourtant, rien que pour l'aventure esthétique du dessin qui n'aurait pas mieux pu lui aller je conseille tout de même de feuilleter cette ouvrage. Pour l'aventure des yeux.
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