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Critique de alouett


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A la lecture des premières pages de l'album, on se dit rapidement qu'on est face à un personnage rongé par la folie. Mais ce n'est pas si simple et Fred Bernard va tout mettre en oeuvre pour nous démontrer le contraire du moins, pour permettre au lecteur de tirer des conclusions moins hâtives. Car les apparences sont souvent trompeuses et pour prétendre connaître Ursula, il faut percer l'épaisse carapace derrière laquelle elle s'est réfugiée.

Ursula s'effeuille et se dévoile lentement tout au long de l'album. Fille facile ? Nymphomane ? Jeune femme effrayée à l'idée d'être seule et qui, naïve, pense trouver le réconfort salvateur chez ses partenaires ? Une nouvelle fois, Fred Bernard m'étonne. La facilité avec laquelle il développe ses personnages féminins est déroutante. Il parvient à percer leurs secrets, à décrire avec justesse leurs émotions, à y voir clair dans leurs esprits embués, à les rendre aussi vraies que nature. Ainsi, Jeanne, Lily, Ursula et Cléo peut-être (mais je n'ai pas encore lu cet album) ne se contentent pas d'animer quelques pages d'un album ; elles s'ancrent dans nos esprits. Si je ne suis pas allée jusqu'à m'identifier, je me suis pourtant imaginée en train de côtoyer ces amies si extravagantes. Et comme ses prédécesseures (Jeanne, Lily), Ursula témoigne d'un caractère affirmé. L'auteur a fouillé son parcours et le rend crédible.

Dans cet album plus que dans les précédents, l'auteur a veillé à l'aspect psychologique de son personnage. Il se développe ici autour de la question de la sexualité. Mais Ursula est un personnage à deux visages, une ambiguïté que l'auteur est parfaitement parvenu à faire coexister. D'un côté, Ursula angélique et fragile qui porte tourne la tête vers son passé pour comprendre qui elle est. D'un autre, Ursula dévergondée, dépendante au sexe et aux substances qui annihilent toute pudeur. Qu'elle soit lucide ou défoncée, elle est “cash” avec elle-même comme avec les autres. Cette franchise la sauve en quelque sorte mais la folie la guette. Tout au long de l'album, elle se met à nu au sens propre comme au sens figuré. Nymphomane ? Salope ? Nigaude ? Cinglée ? Suicidaire ? Inconsciente ? le doute subsistera pendant toute la lecture et je pense que chaque lecteur en tirera sa propre conclusion. Mais Fred Bernard ne brosse pas le portrait d'une femme immorale. Il rend son récit intriguant, suscite de l'empathie chez le lecteur qui découvre un personnage qui préfère la présence rassurante de ses compagnons canins plutôt que celle imprévisible de ses pairs humains. Avec beaucoup d'humour, il donne vie à une jeune femme qui retient l'attention et, au passage, nous jette à la volée quelques réflexions pas piquées des hannetons

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Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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