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Critique de Milllie


Trois soeurs, trois rouquines orphelines de mère et élevées par un père seul qui a fait de son mieux pour gérer cette maisonnée de femmes. Mais les filles ont grandi, chacune tente de construire sa vie et leur père a rencontré une nouvelle compagne, Catherine, plus ou moins bien acceptée par ses filles. de dîners en fêtes de famille, les vieilles rancoeurs et toute la complexité des relations entre soeurs vont resurgir jusqu'à faire exploser un secret bien gardé.

J'ai trouvé dans une boîte aux livres ce premier roman d'Anne Berest dont j'avais adoré La carte postale et j'ai été curieuse de découvrir une autre de ses oeuvres. Pas de déception à l'horizon, dès les premières pages on retrouve tout l'art de l'autrice pour nous embarquer dans son récit et faire vivre ses personnages de sa plume acérée. Par la voix de la narratrice, la soeur cadette, on découvre peu à peu les liens complexes qui l'unissent à son aînée, Irène, la plus rangée des 3, mariée, des enfants et une volonté acérée de régenter toute la famille, et à sa benjamine, Charlie, le bébé de la famille qui a à peine connue sa mère et que ses soeurs ont quasiment élevée. le roman est construit par le biais de scènes successives au fil du temps et dévoile petit à petit l'histoire familiale. C'est un récit qui pourrait être banal, une mère décédée trop jeune et adulée, un père qui essaie de se reconstruire, les relations amoureuses éphémères de la narratrice, ses doutes à l'idée de devenir mère mais Anne Berest arrive à nous faire ressentir le mélange d'amour et de ressentiment, d'agacement et de complicité qui peuvent unir des soeurs et leurs parents.

J'ai beaucoup aimé le ton souvent franchement caustique, les échanges sans filtres entre soeurs ou avec le père et sa compagne. Comme tout bon dîner de famille qui se respecte, les réunions familiales vont souvent déraper et Irène particulièrement va exceller à dire à chacun ses quatre vérités ou à appuyer là où ça fait mal. C'est parfois franchement drôle (ah la scène où Catherine offre à Irène un beurrier totalement kitsch en forme de maisonnette !) mais comme dans la vraie vie on hésite entre rire ou pleurer tant les maladresses ou méchancetés des personnages viennent souvent transformer en drame des moments en famille où tout le monde s'aime mais ne sait pas comment se le dire. le secret de famille et la quête désespérée de ses origines par Irène est plutôt bien amené, apportant un peu de peps à l'intrigue sans pour autant prendre le pas sur le reste du récit. J'ai trouvé de ci de là quelques maladresses, on sent que c'est un premier roman avec des passages un peu trop longs ou qui n'apportent pas grand chose, quelques baisses de rythme ou scènes un peu superflues ou faiblardes mais cela n'a pas gâché mon plaisir de lecture.

Au final, La fille de son père (très joli titre au passage, qu'on comprend après avoir lu le roman) est un petit roman facile à lire et agréable avec lequel j'ai passé un bon moment. Sous des airs légers et futiles, il en dit beaucoup sur les relations familiales, les fratries, la difficulté à se construire quand il nous manque un de nos deux parents et qu'un deuil prend toute la place. Une chouette découverte et une confirmation que j'adore décidément l'écriture d'Anne Berest dont je lirais avec plaisir d'autres ouvrages.
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