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Critique de marielabrousse1


Sur une planète désertique inhospitalière, une espèce locale (les darztls, sortes de reptiles) a développé une civilisation complexe. Quand des humains atterrissent en catastrophe et s'installent peu à peu, la curiosité mutuelle débouche finalement sur une guerre sans merci entre les deux espèces qui tente chacune d'asservir ou d'éradiquer l'autre. L'histoire, qui se déroule sur environ soixante ans, est composée de plusieurs nouvelles, chacune centrée sur un (ou plusieurs) personnage(s) différent(s). Chacune d'elles raconte, dans un contexte général de plus en plus difficile et dans un contexte particulier chaque fois différent, le développement d'une relation (plus ou moins) bienveillante entre un·e humain·e et un·e darztl. Une relation dépourvue de toute mièvrerie, souvent vouée à une issue tragique et qui pose chaque fois la question fondamentale : comment redonner sa dignité à un être asservi par des années de torture et d'esclavage?

Pour autant, l'ensemble n'est jamais répétitif. En premier lieu grâce au contexte général qui change entre chaque nouvelle, en second lieu grâce à la forme que Sylvie Bérard parvient à renouveler chaque fois, sans jamais donner l'impression d'effectuer un exercice de style. Petite subtilité : la langue des darztls a la particularité de très peu utiliser les 1e et 2e personnes grammaticales. Cela se reflète dans la narration où chaque personnage humain utilise le « je » et chaque personnage darztl le « il/elle ». La seule exception a lieu dans la dernière nouvelle qui met en scène, dans un lieu utopique ou darztls et humain·es se côtoient librement, une humaine qui a vécu l'entièreté de sa vie comme esclave dans un milieu darztl et parle uniquement leur langue, ainsi qu'un darztl un peu… particulier. On retrouve aussi, au détour de certaines nouvelles, une réflexion sur le genre, thématique centrale chez Sylvie Bérard.

J'ai personnellement préféré La Saga d'Illyge, que j'ai trouvé plus immersif avec une plume plus travaillée, mais Terre des autres n'en est pas moins une excellente lecture qui confirme mon opinion de Sylvie Bérard : cette autrice est absolument géniale et je regrette qu'elle ne soit pas plus connue. Ce roman-ci est plus facile d'accès que La Saga d'Illyge et j'en recommanderais la lecture en premier, à condition d'avoir le coeur bien accroché : les thèmes abordés sont très durs (guerre, esclavage et torture) et leur traitement n'est pas édulcoré. La structure en nouvelles permet toutefois d'étaler la lecture.
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