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Critique de Godefroid


Prenez un brave gars comme vous et moi, c'est à dire un gars qui n'a rien à voir avec les flingues, l'espionnage ou n'importe quel autre truc potentiellement violent. Qui découvre par hasard une conspiration visant à invalider l'élection de la candidate démocrate à la maison blanche. Qui se retrouve donc très vite avec une section spéciale des services secrets aux fesses, soit un petit club de sadiques au dessus des lois et à la solde du président sortant, un républicain plus ou moins crétin et plein aux as, toute ressemblance avec la réélection à l'arracher et plus que suspecte de Georges W. Bush étant bien sûr parfaitement fortuite. Tout ça manque un peu de sentiment me direz-vous. Que nenni ! le brave gars, un juif intello avec des bouclettes sexy, rencontre au bout de quelques pages à peine une femme éblouissante qui n'est autre que l'épouse du chef de la section spéciale, et il en tombe raide amoureux tellement qu'elle est belle (et en plus elle est intelligente. Oui, des questions dans la salle ?).

Bon, je suis peut-être un peu confus là, mais on a tous les ingrédients, pesés au gramme près, du best seller calculé pour le carton en librairie et l'adaptation sonnante et trébuchante en block buster estival. L'écriture est triviale, parfois lourdingue (chaque explication est mâchouillée sur plusieurs pages pour être bien sûr que les QI inférieurs à 12 profitent aussi du spectacle), les tentatives d'humour récurrentes sensées l'alléger ont encore tendance à le plomber, et on a déjà croisé les mêmes personnages plats et sans saveur un nombre incalculable de fois. le héros est bibliothécaire, alors on a droit à un peu de poésie, un peu de philo (genre Platon nique la démocratie - rassurez-vous, ce n'est pas développé) et - surprise - à l'évocation de chansons folk des années 60 (dont la sidérante "Anathea", l'une des plus belles chansons enregistrée par la plus grande voix féminine de la musique folk nord américaine, Judy Collins - bon sang, j'en frissonne rien que d'y repenser).

A mettre tout de même au crédit de ce consensuel pavé l'explication du mécanisme de confiscation rampante de la démocratie par la coalition politico-financière républicaine, même si elle donne lieu à de trop long apartés qui débarquent souvent dans le roman comme une perruque dans le potage. La charge contre les média unanimement moutonniers et à la botte de ce même pouvoir politique et financier est également accablante. On pouvait imaginer que le journalisme étasunien était un peu plus couillu et indépendant que le nôtre (le 4e pouvoir, tout ça...) mais apparemment, aujourd'hui, on a les mêmes toutous des deux côtés de l'Atlantique.

A part ça, on ne voit pas les pages se tourner ; le pavé se dévore à une vitesse supersonique même si la chute, comme le destin de tous les personnages, n'apporte pas la moindre surprise. Alors quelque part, il faut considérer que le contrat est plus ou moins rempli. Une chose est sûre : les fans de Millénium adoreront. Côté traduction, l'excellent Patrice Carrer (qui brille chez McKinty) a fait ce qu'il a pu.

Vous trouverez sur les mêmes sujets une alerte cent fois plus percutante, car emballée dans un texte bien plus subtil, chez l'australien McGahan (Australia underground).
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