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Critique de LicoriceWhip


Il est toujours intéressant de se pencher sur le cas d'une star des réseaux sociaux, qui réussit l'exploit de maintenir son activité de médecin, tenir une chronique sur France Inter et remplir son compte Instagram aussi régulièrement (et depuis peu en ayant endossé le rôle de père). Qu'est-ce qui plaît tant chez Beaulieu ?

Ce dernier roman au titre incroyablement niais (à se demander comment on a pu le laisser passer) consiste en une succession d'anecdotes et de portraits de patients, qui sonnent aussi faux que celles dont l'auteur nourrit Instagram à la petite cuillère, narrées avec un panel d'expressions toutes faites (« ne paie pas de mine », « j'en ai gros sur la patate »), des dialogues au kilomètre, des phrases qui tirent à la ligne (ça fait sans doute plus sérieux), des détails cracra (pourquoi pas, c'est un fétichisme comme un autre et l'auteur s'y vautre complaisamment)… Mais surtout, on a l'impression qu'il ne sait jamais quel ton adopter selon ce qu'il raconte : un passage triste sera déclamé avec des tentatives d'humour catastrophiques, et on n'en manque pas entre les Urgences et le cabinet médical. Littérairement, c'est simple, cela n'a aucune personnalité, c'est une tambouille de lieux communs sans style, mais qui tente des métaphores pas toujours très heureuse (l'inénarrable comparaison avec les souvenirs de tendresse amoureuse qu'on pourrait transformer en mégots – des déchets puants remplis de nicotine et de produits toxiques donc – à garder sur soi pour quand on se sent seul ! ).

Et sinon, quel est le fil rouge de ce « roman » ? C'est que Jean, le narrateur, n'arrive plus à pleurer en dépit de toutes les histoires pathétiques (au sens premier de « pathos ») auxquelles il est confronté. Il y revient sans arrêt, c'est sa marotte « c'est si triste, mes larmes se sont taries blablabla, où se sont-elles enfuies blablabla ». Ce dont on ne se rend pas compte au premier abord, outre son niveau d'écriture et de narration qui ne vole pas plus haut que le fond du panier de centaines d'ouvrages auto-publiés (et non relus sérieusement), et qui étreint dans un deuxième temps, c'est le mépris (essentiellement des hommes hétéros, ces ordures) et la flagornerie dégoulinante (envers les femmes, ces héroïnes toujours si bonnes et irréprochables) qui suintent à toutes les pages de ce pseudo-roman. le tout pose quand même une question cruciale : les patients qui défilent chez BB apprécient-ils l'idée de se retrouver dépeints de façon aussi caricaturale (sur son compte Instagram ou dans ses bouquins), et de subir toute son arrogance après lui avoir confié leur corps, leur intégrité et s'être ouvert avec un sentiment de sécurité ? Ça en devient très gênant au fil des pages. L'Iconoclaste qui a nous habitué à prendre plus de risques sur ses publications n'en a pris aucun avec celle-ci, qui de toute évidence n'est là que pour alimenter la trésorerie de la maison.
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