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Critique de jphial


"Tu devrais écrire un livre dans lequel rien n'arrive". Ce conseil, le narrateur le reçoit de son frère, au hasard d'une de leurs conversations à bâtons rompus.

Le cadet souffre de schizophrénie. L'aîné le protège, essaie de le comprendre et de regarder dans la même direction que lui. Il fait de son mieux pour faciliter la joie de son frère.

Il en résulte un récit empli de délicatesse et de connivence, principalement centré sur cette relation entre deux hommes parvenus à l'automne de leurs existences. En contrepoint à la maladie, à l'inquiétude et aux remous de l'âme, Jean-François Beauchemin propose comme remède la recherche de la beauté : la contemplation d'un vase de fleurs posé sur une table, deux frères assis sur un petit banc au milieu d'un jardin, la recette d'un minestrone aux ingrédients savamment dosés, un chien et un chat qui dorment l'un contre l'autre dans un bosquet...

Cette touchante invitation épicurienne à savourer les plaisirs simples de l'existence fait fortement penser à l'univers de Christian Bobin. C'est doux, c'est calme comme la lecture de ce poème de Verlaine :

"Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme."

Il m'a manqué un "je ne sais quoi" pour me faire entrer pleinement en empathie avec les personnages, dont les silhouettes esquissées se découpent sur le ciel. le regard porté sur la maladie et les relations humaines est plus poétique que clinique, le récit tient le Monde et ses turbulences à distance. Tout est adouci, le temps paraît suspendu.

Le narrateur explique qu'il a voulu "écrire quelques pages dans lesquelles le silence tient la place la plus importante". Silence matérialisé par une page blanche séparant chacun des 63 chapitres du roman. Cette construction savamment désordonnée, kaléidoscopique, reflète "l'esprit morcelé" du frère du narrateur, coutumier d'une économie de mots que l'on retrouve dans ces chapitres dont la longueur n'excède jamais deux pages.

Un roman à lire précautionneusement, à l'ombre d'un arbre, bercé par le chant des oiseaux, à l'heure où la lumière change et où le soleil commence lentement à descendre, jusqu'à ce que tout s'apaise.
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