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Critique de Meps


Le premier roman est un exercice particulier. On ne doit pas se rater parce que c'est ce qui va donner envie à notre éditeur (voire à un autre plus prestigieux) de nous signer pour le suivant. On ne doit pas non plus placer la barre trop haut, le risque étant de ne jamais pouvoir faire mieux par la suite. On doit y mettre tout ce qu'on porte en soi et qu'on veut révéler au monde... mais en garder un peu sous le coude; démontrer sa capacité à avoir du style... mais ne pas trop en faire et tomber dans l'esbroufe. Bref, un exercice rempli de pièges et qu'on aborde à différents âges selon le moment où on s'en estime capable.

Marie Barthelet a 29 ans quand elle fait le grand saut dans le vide de la page blanche et elle valide pour moi assez brillamment l'exercice.

Elle fait le choix du format court, 167 pages, de quoi démontrer ses qualités mais aussi se laisser de la marge pour les futurs ouvrages. Elle brouille les pistes pour le lecteur qui a bien envie de comprendre le contexte de cette rivalité de deux enfants, l'un légitime, l'autre adoptif, le premier étant destiné à succéder à son père à la tête du pays, le second d'abord béquille pour permettre à l'héritier de mieux grandir mais qui finira par se choisir un destin.

Je n'ai pu m'empêcher de glaner les indices pour tenter de comprendre le pays, les enjeux politiques derrière ce récit "familial". On nous parle de calligraphie, de mauvais oeil de barbus... pays arabe à priori. le fleuve semble régulièrement border le récit de son importance... Égypte ? Religion, actes terroriste, donc islamisme ? Mais le fils adoptif semble se mettre à la tête des hilotes, caste d'où il est issu... là on retourne à Sparte et l'Antiquité... Les cataclysmes s'accumulent et rejouent les sept plaies de Pharaon... retour donc à l'Égypte, pas la même époque, mais cela semble métaphorique. Et finalement, plus que de guerre religion, il semble qu'il est question de révolte des opprimés contre les puissants...

Bref, l'auteure ne veut pas que le contexte prime sur l'histoire et se refuse donc à le nommer explicitement. Elle veut plutôt attirer l'attention sur la construction de son récit, cette adresse régulière par le tutoiement à un interlocuteur qui semble être ce frère adoptif... mais qui semble parfois être nous en tant que lecteur... ou Dieu, complice de ces maux qui s'abattent sur le pays. La construction révèle son astuce vers la fin, sans que cela constitue une vraie surprise, mais tout en intelligence et en subtilité.

Fraternité et pouvoir ont rarement donné des résultats apaisés dans L Histoire et en historienne de l'art qu'elle est de formation, Marie Barthelet ne recherche pas l'invraisemblance. le test du premier obstacle est effacé et je vois dans la liste des livres qu'elle n'a pas non plus renoncé face au presque plus périlleux exercice du deuxième roman, un pavé de plus de 600 pages celui-là. L'intérêt a suffisamment été titillé pour que la PAL s'agrandisse d'un opus.
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