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Critique de maevedefrance


Traduit par Michèle Albaret-Maatsch
Un jour Victor Delahaye, riche patron d'une société dublinoise, emmène le fils de son associé Jack Clancy faire un tour en bateau. Pourtant, le jeune Davy n'a pas le pied marin et n'aime pas la mer. Mais il se laisse embarquer. Pour ajouter à sa frayeur, voilà qu'après un étrange monologue, Victor Delahaye sort un flingue et se tire une balle dans la poitrine, laissant Davy dans une panique effroyable, un cadavre sur les bras. Coup de chance, il s'en sort avec une insolation.

Les Clancy et les Delahaye font partie du paysage dublinois depuis longtemps : "Les Clancy et les Delahaye étaient proches depuis aussi longtemps qu'on pouvait se le rappeler. Au début du siècle, Samuel Delahaye et Philipp Clancy s'étaient associés pour affréter des vraquiers chargés de charbon du Pays de Galles; un peu plus tard, Samuel Delahaye avait perçu le potentiel de l'automobile et les deux partenaires avaient ouvert un des premiers grands garages du pays en embauchant des mécaniciens d'Angleterre, de France et d'Italie. Les affaires avaient prospéré. Mais si les deux entrepreneurs étaient censés être de même poids, tout le monde avait su d'emblée que Samuel Delahaye était le patron et Phil Clancy son administrateur." La mort de Victor Delahaye plonge les deux familles de la bourgeoisie irlandaise dans les interrogations et les introspections. L' inspecteur Hackett est chargé de l'enquête, avec son médecin légiste préféré, notre bon vieil ami Quirke, qui est enfin de retour pour ce cinquième tome, après 3 ans d'absence en France !

Hackett est toujours vêtu de "son sempiternel costume bleu brillant plus que jamais au niveau des coudes et des genoux", remarque Quirke, qui "préfèr[e] ne pas songer à l'aspect du fond de son pantalon". :) J'ai adoré retrouvé l'humour pince sans rire des deux compères, qui observe la société qui les entoure avec suspicions, jusque dans le contenu de leur assiette : "Passez-moi la moutarde, là-bas, demanda Hackett, car, je l'affirme devant Dieu, ce machin a le goût de deux bouts de carton fourrés avec une tranche de lino moisi." Miam !

L'enquête de Hackett s'annonce coton car fouiller dans les secrets de famille de la grande bourgeoisie nécessite de les prendre avec des pincettes. Un roman noir qui donne l'occasion à Benjamin Black de nous faire pénétrer dans une big house au coeur des années 50. Les personnages sont tous étranges, semblent jouer des rôles. Il y a même deux frères jumeaux, Jonas et James, à l'allure inquiétante, voire maléfique qui se ressemblent tellement qu'on ne les distingue que par la bague portée par l'un. Il y a une veuve dans le rôle de la ravissante idiote, une soeur déprimée et une belle amante.

Benjamin Black met un peu son héros en arrière plan dans ce volume pour focaliser l'histoire sur l'ambiance entre ces deux familles où l'orgueil rivalise avec la peur et le doute quand une deuxième cadavre apparaît. Il y a du Agatha Christie dans cette histoire. Quelque cousin de l'arsenic aussi pour faire peur aux trop curieux (une fois encore, Phoebe, la fille de Quirke, va payer la curiosité de son père...).

Pourtant, quand Quirke entre en scène, il ne fait pas les choses à moitié. C'est un personnage complexe et contradictoire. Il ne rate jamais une bêtise parce qu'il est faible, a conscience de sa faiblesse et de l'erreur qu'il commet au moment même où il agit. Un tombeur de dames ? A moins que ce ne soit l'inverse, avec de jolies femmes qui font ce qu'elles veulent de lui. Hackett lui en veut de toujours avoir le don de se mettre dans le pétrin tout seul ! Il y a à plusieurs reprises une allusion au liseron, qui a quelque chose à voir avec ces femmes fatales....

Un roman noir qui fait la part belle à l'ambiance. le genre de roman qui plaira à ceux qui aiment les belles tenues, les ambiances enfumées et les femmes fatales des années cinquante. Et Agatha Christie. Subtile mélange.

L'ambiance prend le dessus sur l'intrigue, dont le dénouement a finalement peu d'importance. le tout saupoudré d'une touche d'humour noir irlandais. J'ai passé un bon moment.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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