AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de TerrainsVagues


Michel Baglin, voilà bien un homme dont la poésie me parle et me touche profondément.
Après « Un présent qui s'absente » et « de chair et de mots : Suivi de Embruns de femmes », j'avais envie de retrouver ses mots.
A la recherche d'un recueil introuvable sur le net, je m'apprêtais à lui envoyer un petit mot pour savoir s'il ne lui restait pas quelques exemplaires à vendre quand Google m'appris que Michel Baglin s'était absenté du monde depuis quelques jours, le 8 juillet…
« Les mains nues » le resteront donc entre d'autres que les miennes, tant pis.

S'enivrer pour oublier, « L'alcool des vents » nouvellement réédité tombe à pic. du genre d'à pic qui commence à donner le vertige avant de donner des ailes.
« L'alcool des vents » c'est le vin de mess d'un officier et gentleman de la poésie. C'est la longue prière d'un non croyant au miracle qu'est la vie.

« Ainsi je rends grâce sans cesser de craindre et de jurer,
Comme on respire, comme on se bat peut-être et comme on aime,
Sans doute, oui,
Comme on aime. »

Le recueil est en quatre parties comme pour répandre la poésie aux quatre vents. Quatre vents qui se nomment Des mots qui penchent, D'élans et de lenteurs, Air du temps et Détours par le coeur. Quatre souffles au coeur de l'en vie. Quatre vents qui tournent, tantôt contraires tantôt favorables mais qui mènent vers le beau, vers le bon, vers ce qui devrait être notre unique moteur.
C'est peut être parce que j'ai une certaine conscience et que je n'arrive pas assez souvent à la mettre en application dans mon quotidien, que cette poésie me touche tant, qu'elle me gifle, qu'elle me bouge.
Dans l'alcool des vents, outre les nostalgies, les espoirs et les rages, il se dégage un doux parfum de sérénité. Les regrets sont balayés par le bonheur d'avoir vécu, les colères viscérales et sociétales sont présentes mais, je ne sais pas comment dire, plus posées qu'agressives ce qui leur ajoute une force certaine.
L'enfance, l'amour, l'amitié, la fraternité, la vie et puis la pluie, la liberté, un arbre, une fleur, un nuage, un rayon de soleil, un chemin creux, des ronces, un terrain vague, la mer, la ville, la nuit, partout, dans tout ce qui fait qu'un coeur bat, Michel Baglin prend le parti du verre à moitié plein.
Je devrais peut être me servir de cet angle de vie pour remplir cet à moitié vide que je vois malheureusement plus souvent.

L'alcool des vents ce sont des vapeurs à diffuser, à disséminer, à disperser aux quatre coins de nos inconsciences, de nos inconsistances.
Quand la poésie militante se fait apaisante, j'aime.
Quand la poésie apaisante se fait partisane, j'aime.
Quand la poésie partisane se fait douceur, j'aime.
Quand la poésie douceur se fait révolutionnaire, j'aime.
Parce que dans notre monde, la poésie ne peut qu'être révolutionnaire, dans tous les sens du terme.

Comme je l'avais dit sous « Un présent qui s'absente », Michel Baglin fait partie avec Ile Eniger et Bernard Giraudeau des rares écrivains, parmi ceux que j'ai lu, qui me touchent presque autant que la musique, elle qu'aucun mot ne détrônera jamais quant à la force du ressenti.

Un recueil 6 étoiles à garder à portée.
Commenter  J’apprécie          5826



Ont apprécié cette critique (52)voir plus




{* *}