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Critique de traversay


Camarade lecteur, Des amis est le premier roman nord-coréen à bénéficier d'une traduction en Europe. Il a été publié en 1988 dans son pays, témoignage d'une ère nouvelle car, pour l'une des premières fois, les héros y étaient des gens ordinaires et ne contait pas par le menu les faits et gestes des dirigeants du régime. Il faut lire la préface de Patrick Maurus, son traducteur, qui a priori peut sembler agaçante, par son côté "donneur de leçons", mais qui propose une grille de lecture qui n'en est pas moins utile. "Ce roman n'a pas été écrit pour des regards étrangers. Ce n'est pas un brûlot contre le régime, ce n'est pas non plus de la propagande comme on l'entend en occident, mais une fiction littéraire qui se revendique comme telle." Bien, voyons cela de plus près, camarade lecteur ! le personnage principal du roman de Baek Nam-Ryong est un juge chargé de statuer sur un divorce. On s'aperçoit très vite que cette affaire dépasse largement le domaine privé et devient une question sociale, voire politique. Ce juge va enquêter sur le couple en instance de séparation : elle est cantatrice, il est ouvrier. Elle a changé de statut au fil des années, il est plus conservateur et moins enclin à changer. Progressivement, cet homme et cette femme vont être amenés à faire leur auto-critique et à reconnaître leurs fautes respectives. Il y a là quelque chose qui rappelle la révolution culturelle chinoise, en plus doux, heureusement. Au-delà des passages dédiés à la glorification du régime, pesants, mais "obligatoires", la figure du juge est particulièrement intéressante. Il s'immisce dans la vie des autres, joue au raccommodeur de ménages, tout en vivant lui-même une situation singulière, sa femme étant le plus souvent en voyage d'affaires. Il s'en faudrait de peu, finalement, pour que son propre couple soit en difficulté, lui aussi. le livre, étonnamment, possède un humour discret et une ironie sous-jacente qui font passer les quelques chapitres, disons, dialectiques. Les dialogues sont très réussis, souvent ponctués de ?, ... ou !, qui leur donnent un caractère très vivant. Des amis a un côté fleur bleue et sentimental plutôt surprenant, l'amour et la famille semblant le socle essentiel sur lequel repose la société nord-coréenne. C'est évidemment une vision partiale et partielle, qui correspond mal à l'idée que les étrangers se font de la dictature de Pyongyang. Néanmoins, camarade lecteur, il s'agit d'un texte qui "ouvre une fenêtre sur l'un des pays les plus fermés du monde" et qui est aussi un objet littéraire de bonne facture, agréable à lire et bien construit. En espérant que de nouvelles traductions nous parviendront très bientôt car notre curiosité, camarade lecteur, et notre désir de mieux comprendre le fonctionnement de la société nord-coréenne est loin d'être étanchée.
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