AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de frandj


Ce roman met en scène un personnage inventé de toutes pièces: Elie, un Juif du XVIème siècle natif de Constantinople, très doué en dessin, qui parvient à s'expatrier à Venise où il devient un peintre très renommé. Pour obtenir le succès qu'il mérite, il doit cacher sa judéité; il se présente comme un grec orthodoxe issu du territoire ottoman, prénommé Ilias, mais tout le monde l'appelle "le Turquetto". Dans la Cité des Doges, où la corruption et la débauche ont tout le champ libre et où les intrigues font et défont les réputations, Elie est menacé par des ennemis qui cherchent à le confondre et à le faire condamner. L'occasion choisie par l'inquisiteur est la livraison d'un tableau monumental, représentant La Cène d'une manière très inhabituelle. L'auteur ménage un certain suspense au sujet du destin final d'Elie: je ne dirai rien du dénouement ici.

Je trouve que le héros de ce roman est décrit d'une manière fouillée, et bien campé dans son contexte historique. La création artistique est aussi un sujet important qui est abordé dans le livre. le romancier pose des questions intéressantes, par exemple celle-ci: une oeuvre d'art a-t-elle une valeur intrinsèque déjà reconnue au XVIème siècle, ou bien peut-elle subir un autodafé simplement parce que son auteur (Elie) a été condamné ? D'autres protagonistes sont aussi très réussis, alors qu'ils sont seulement des personnages secondaires: l'un d'eux n'est autre que le nonce du pape à Venise, un homme qui sort vraiment de l'ordinaire. L'auteur sait aussi évoquer la société de Constantinople et celle de Venise avec un esprit d'authenticité. le récit est de facture classique, bien mené, mais avec une certaine sobriété. En lisant ce livre, j'ai évidemment pensé au roman "Parle leur de batailles, de rois et d'éléphants" que j'ai lu récemment. Il s'agit là, aussi, des aventures d'un grand artiste au XVIème siècle, en rapport avec Istanbul. Je le dis tout net: "Le Turquetto" me semble bien mieux réussi que le roman de M. Enard, alors que celui-ci se veut sans doute plus ambitieux.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}