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EAN : 9782204157803
225 pages
Le Cerf (11/01/2024)
2/5   1 notes
Résumé :
Qu`est-ce que le temps ? Quelle est sa nature ? Quels sont ses pouvoirs ? Comment bien l`allouer pour en faire le meilleur usage ?
Telles sont les questions que Bruno Angles aborde dans cet essai profond et tonique où sont convoqués la science, les arts et la philosophie, mais aussi le sport, le cinéma et, surtout, la vie quotidienne, en famille, au travail, en société. De cette ressource rare et précieuse, nous disposons comme bon nous semble, avec plus ou mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Tout a commencé par un article paru dans le Figaro le 9 janvier 2024, présentant le livre de temps en temps comme "les conseils d'un grand patron pour utiliser son temps et ne pas passer à côté de sa vie". le sujet mérite attention. le parcours de l'auteur suscite l'intérêt sur son propos. Il n'en fallait pas plus pour me donner envie de lire son livre. J'espérais y trouver des recettes applicables pour "ne pas passer à côté de ma vie". J'ai vite déchanté.

Refroidi dès la page 13, je suis néanmoins allé au bout de l'ouvrage, pour laisser à l'auteur l'opportunité de développer l'entièreté de sa pensée. Je reprends ci-dessous quelques extraits qui m'ont marqué, et que je commente pour expliquer pourquoi, je ne recommande pas la lecture de ce livre. Il y en a plein d'autres à l'ambition plus modeste et qui ont bien plus d'impact sur notre gestion du temps.

"Dieu merci, le "temps des vaccins" est venu plus vite que prévu" (Page 13)

Faut-il vraiment remercier Dieu pour avoir imposé à 90% de la population française l'injection d'un produit, à plusieurs reprises, et aux 10% réfractaires de les poursuivre quoiqu'il en coûte ? Rappelons à ce stade de ma lecture ce que disait Emmanuel Macron (déjà cité deux fois par Bruno Angles dans les quatre premières pages) le 5 janvier 2022 : "Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie."

Je ressens un malaise à la lecture de ces premières pages hagiographiques sur l'action du Président de la République et de son gouvernement pendant la crise du Covid-19. Je sers les dents et prends mon mal en patience, espérant rapidement lire les réflexions de l'auteur sur le temps, promises par la quatrième de couverture. En tout cas ça part mal !

Heureusement la suite me plonge dans le souvenir de mes cours de physique à l'université, en particulier la théorie de la relativité d'Albert Einstein et la mécanique quantique. La note 2 au bas de la page 31, suscite immédiatement mon attention. Compte-tenu de mon goût pour la science physique et ma passion pour les films (j'ai rédigé plus de 1300 critiques de films alors que j'écris ces lignes en mai 2024), j'ai adoré Interstellar de Christopher Nolan. Je découvre dans cette note de bas de page la référence à un texte de Jean-Pierre Luminet, astrophysicien, expliquant les phénomènes physiques à l'oeuvre dans le livre.

D'ailleurs à propos, j'ai noté Interstellar 4,5/5 avec la critique suivante : Près de 3h de grand spectacle. Des images superbes de l'espace qui nous rappellent à quel point notre vie sur Terre est fragile. Un scénario haletant sans temps mort (jeu de mot). Un amour père-fille comme fil conducteur. Pas sûr cependant qu'on puisse traverser un trou noir avec un vaisseau spatial :)

Revenons au livre. L'accumulation de citations et de références, d'auteurs de toutes disciplines, m'interroge : où Bruno Angles veut-il emmener ses lecteurs ? Et, pour paraphraser le titre de son ouvrage : combien de temps cela prendra-t-il ?

"Le télétravail, incontournable et subi à cause du confinement, n'a pas disparu lorsque la situation est revenue à la normale. Au contraire, l'adaptation conjoncturelle est devenue un changement structurel à raison d'une ou deux journées par semaine, le télétravail est désormais la norme pour un grand nombre d'entreprises et de fonctions une ou deux, pas plus, car, au-delà, le lien des salariés avec leur environnement professionnel se distend, au détriment de la culture d'entreprise, de la créativité et du travail d'équipe." (Page 94)

J'aurais apprécié une étude de référence sur ce point. L'auteur pourtant peu avare de références depuis le début de l'ouvrage, n'apporte malheureusement ici aucune preuve à son affirmation.

"Le fameux slogan des années 2000 : "Travailler plus pour gagner plus." (Page 97)

Il eut été élégant de rappeler qu'il s'agissait du slogan de campagne de Nicolas Sarkozy pour les présidentielles de 2007. Ce n'est pas rien. Bruno Angles se complaît à citer Emmanuel Macron mais omet de citer son prédécesseur ? Étrange.

"C'est d'ailleurs le message que je voudrais porter tout au long de ce livre : l'invitation à bien allouer son temps ne doit pas être entendue sous le seul angle de l'enrichissement, ni même seulement au sens du faire, par opposition à l'être. Ce n'est pas un commandement "matérialiste" ou "capitaliste". Bien allouer son temps, c'est être en mesure de faire ce qu'on a envie de faire, quelle que soit cette envie, de réaliser ses rêves, quels que soient ces rêves, et ainsi de mieux vivre, vivre pleinement, être pleinement." (Page 99)

Voilà une pensée frappée du sceau bon sens, à laquelle je souscris pleinement.

"Le bruit de votre marteau à cinq heures du matin et à neuf heures du soir peut engager le créancier qui l'entend à repousser le terme de six mois de plus sans vous rien demander. Mais s'il vous voit au billard, ou entend votre voix dans un cabaret, alors que vous devriez être à l'ouvrage, il envoie chercher son argent le lendemain [...] Les créanciers ont l'oeil acéré et l'oreille attentive, et la meilleure mémoire du monde." (Page 104)

L'auteur cite ici Benjamin Franklin, dans son livre Advice to a Young Tradesman, written by an Old One. Une citation qui interpelle, tant elle me paraît en contradiction avec la pensée de l'auteur développée plus avant (voir l'extrait de la page 99 plus haut). À moins de considérer qu'un débiteur se prive de sa liberté de disposer de son temps dès l'instant qu'il est redevable à un créancier ?

"Les politiciens et les contribuables ont cru (avec des phases de doute occasionnelles) que la croissance des effectifs de fonctionnaires devait refléter une croissance du travail à abattre. Les cyniques, moins crédules, se sont dit que la multiplication des fonctionnaires devait avoir conduit certains, parmi ces derniers, à être complètement oisifs, ou la totalité d'entre eux à faire moins d'heures. Mais, dans cette affaire, ni la foi ni le doute n'ont leur place. Il se trouve que le nombre de fonctionnaires et la quantité de travail ne sont pas corrélés. le nombre de fonctionnaires serait le même, que le travail vienne à augmenter, à baisser ou à rester identique." (Page 135)

Bruno Angles cité les lois de Parkinson, éditées en 1957. Pourtant depuis, on n'a de cesse (surtout en France) de multiplier les fonctionnaires. Combien de temps mettront nos gouvernants pour agir dans le respect des lois de Parkinson ?!

Louis Pasteur : "le hasard ne favorise que les esprits préparés." (Page 169)

Voilà une citation qui mérite d'être gravée dans le marbre.

"Jacques Chirac, son frère ennemi de l'époque, me semble plutôt être un profil P. Tout comme Emmanuel Macron, qui se présente volontiers comme le "maître des horloges" : le président de la République actuel n'aime pas se sentir lié par les délais trop stricts ou les usages trop rigides, il est capable de changer d'avis au dernier moment, non par indécision, fantaisie ou caprice mais parce que, confronté à un problème, il redoute de faire l'impasse sur une donnée permettant d'aboutir à une meilleure solution et préfère attendre d'avoir "toutes les cartes en main". D'ailleurs, une telle façon de fonctionner a incontestablement été un atout pour le pays pendant la crise du Covid : dans un contexte où la situation évoluait de minute en minute, il fallait en effet un chef enclin et habitué à décider sur le fil, après avoir intégré les informations les plus récentes." (Page 188)

Encore une référence à Emmanuel Macron, qui plus est au sujet de sa gestion de la crise du Covid. Pourquoi ce besoin d'illustrer le profil P du MBTI en le prenant comme exemple, qui plus est à ce moment-là ? On retrouvera encore une référence identique page 218. J'espère que Bruno Angles lui a envoyé un exemplaire dédicacé de son ouvrage…

"Convaincre le lecteur de la nécessité d'apprendre à gérer son temps de façon à ce que chaque instant soit "unique au monde", telle était bien l'une des ambitions principales de cet ouvrage." (Page 222)

Je crains que cette ambition ne soit pas atteinte. Il y a des livres de développement personnel bien plus efficace à cet égard, n'en déplaise à Bruno Angles qui semble peu apprécier cette discipline.

Au final, l'abondance de citations (devrais-je dire l'accumulation ?), noie la pensée de l'auteur. Que nous dit-il lui du temps ? Difficile de le dire, d'exprimer simplement sa pensée, diluée dans tant de citations.

Lien : https://michaeltartar.com
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