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Critique de Kio971


Voici un livre dont le héros n'est ni un valeureux guerrier, ni une belle princesse, ni une pauvre orpheline, ni un gamin des rues débrouillard et facétieux, ni même un animal, comme parfois, mais un pont.

Le pont sur la Drina est un livre difficile à défendre quand on l'a bien aimé - ce qui est mon cas - même si cela peut paraître complètement paradoxal.

En effet, le pont sur la Drina est l'exemple typique du "livre dans lequel il ne se passe rien" : pas de passion amoureuse contrariée, pleine de larmes et de sanglots déchirants, pas de grande épopée guerrière retentissante du fracas des armes et des cris des blessés, pas de récit fabuleux peuplé de créatures étranges et fantastiques.

Son auteur, Ivo Andric, nous raconte l'histoire d'une bourgade de Bosnie depuis le milieu du XVIè siècle jusqu'aux années de la première guerre mondiale.

Il commence son récit alors que la région est sous la domination des Ottomans et que, afin de contrer les caprices de l'unique passeur permettant de traverser la rivière - la Drina - les autorités turques décident de la construction d'un pont qui permettra de relier les deux rives et sera ainsi le trait d'union entre la Bosnie et la Serbie, entre l'Orient et l'Occident.

C'est la construction de ce pont qui nous est d'abord contée. Pas un simple pont de bois, mais d'emblée un immense pont de pierre, solide et majestueux, au centre duquel un espace - la kapia - tient lieu de place du village : les habitants s'y retrouvent pour flâner, bavarder, rêvasser, profiter de la tiédeur du crépuscule ou de la douceur d'une nuit d'été.

Du reste de la ville, Ivo Andric ne nous dira pas grand chose au fil du roman ; c'est par le biais du pont et de la kapia, qu'il nous narre comment la bourgade devenue ville au fil du temps, et surtout sa population, ont vécu les soubresauts de l'Histoire dans cette région au coeur de l'Europe.

A travers son récit et la vie des habitants les plus singuliers, on découvre comment les communautés (chrétiens, musulmans, juifs) cohabitent - ou se heurtent - et s'adaptent aux évolutions politiques mais surtout culturelles qui impactent le territoire.

Le pont sur la Drina est un livre calme, qui nous change de la fureur de certains ouvrages, pleins des horreurs de la vie et des tourments et du désespoir de leurs personnages.

Cependant, ne vous y trompez pas, le pont sur la Drina n'est pas un livre soporifique pour autant, mais un livre pour se reposer des émotions brutales, peur comme passion, que souvent suscite en nous l'écriture des auteurs de nos lectures habituelles. Un répit bienvenu.




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