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Critique de domi_troizarsouilles


(commentaire rédigé le 01/07/2021)
Encore une trilogie vendue en intégrale chez Belgique Loisirs. Je constate que ce format ne me convient pas forcément… Avec mon incapacité viscérale à abandonner un livre en cours (même si la liste de tels livres s'allonge !), je ne peux pas juste me dire : je lis un tome puis j'arrête pendant x semaines, non, je ne peux m'empêcher de poursuivre… Il n'en reste pas moins que je n'aime pas trop ainsi enchaîner les différents opus… et dans le cas présent, même si l'histoire ne m'a pas trop déplu, je n'étais pas emballée au point de vouloir à tout prix poursuivre la saga d'une traite ! du coup, mon avis risque d'être un peu plombé par cette « obligation » d'avoir dû terminer toute l'intégrale, dans un délai précis qui plus est…

Ah, et avant de plonger à mon avis par tome (quand même !), il y a un détail en particulier qui m'agace avec ce livre : c'est qu'il a été co-écrit, il y a bien deux auteurs… mais celui de l'autrice, et surtout actrice célèbre, apparaît en super-grand (pour mieux vendre, je suppose ?), alors que le co-auteur apparaît en nettement plus petit… N'a-t-il donc écrit qu'une phrase sur dix – toutes proportions gardées ? c'est d'autant plus absurde que le fait d'être une actrice connue ne garantit en aucune façon d'avoir une bonne plume, mais bon… Que les Américaines y aient cru, c'est une chose, mais qu'un éditeur francophone ait reproduit la chose, je ne comprends vraiment pas.

Tome 1 : Visions de feu

La première chose qui m'est venue à l'esprit dès les premières pages, c'est : mais que c'est américain ! Précision pour mes amis canadiens qui me lisent (peut-être) : j'entends « américain » au sens que nous donnons spontanément ici et qui n'est pas exact géographiquement, car on se réfère alors uniquement aux Etats-Unis d'Amérique, sans doute car ils sont ceux qui ont le mieux réussi à nous bombarder de leurs productions culturelles – quoi qu'on entende par ce dernier mot.
Cela rejoint sans doute aussi ce que j'écrivais plus haut, d'une certaine façon : on « sent » l'actrice, ou plus précisément, la personne qui sait ce qu'il faut montrer aux caméras pour que ça marche, qui a l'habitude des scénarios à succès, et qui s'y risque à son tour, son co-auteur n'étant plus qu'un faire-valoir pour mettre le tout en forme ? Évidemment je ne sais pas comment ils ont travaillé ensemble, mais vu le pedigree de l'un et de l'autre, on se les imagine se partageant les tâches de la sorte, comme si on était à côté d'eux…

Et donc, pour revenir au livre même : même s'il n'a pas la structure d'un scénario, ce premier tome en a bien les ingrédients. Il est extrêmement visuel, on suit Caitlin et les différents autres personnages comme s'ils étaient filmés et qu'on assistait au film. C'est une qualité que j'apprécie généralement dans un livre !
Sauf que, il ne faut pas non plus se leurrer : il ne suffit pas de remplacer la plume par une caméra pour avoir un tout bon livre ! Et ici, hélas, d'autres éléments jouent plutôt en sa défaveur… le premier est sans doute le revers de cet aspect cinématographique : à force de vouloir tout montrer, jusque dans les détails, certes très visuels eux aussi, mais détails quand même, on finit par se perdre un peu, et à ressentir une certaine longueur. C'est cette impression que l'intrigue avance, certes, mais à un tempo beaucoup trop lent par rapport à l'excitation qu'on devrait pouvoir ressentir dans cet univers si prenant. J'imagine que, dans un film, des effets spéciaux jouant sur les sentiments, à la limite de la terreur, auraient suffi à maintenir l'attention sans faille ; mais les seuls mots, malgré tout leur pouvoir d'évocation, ne suffisent pas quand on insiste aussi longuement. Je ne me suis pas tout à fait ennuyée, ce n'est pas ça, mais par moments je me disais : « ok on a compris, on peut passer à la suite maintenant – et bouger un peu ? ».

Enfin, c'est sans doute un autre détail mais il est bien là et c'est un autre point faible pour ce livre : à travers toute l'histoire qui se situe entre une certaine science-fiction bien un peu horrifique, et un pseudo-ésotérisme dont on ne reçoit que quelques maigres clés (il faudra avancer dans les tomes suivants pour en savoir davantage), on a aussi une romance entre Caitlin la psy, et Ben son tellement gentil ami interprète à l'ONU, que l'on sent très amoureux d'elle, et elle le lui rend peut-être. Mais là aussi, c'est une histoire de « je veux, je ne veux plus, je veux quand même », très lente et complètement engluée dans cette pudeur très américaine, qui a aussi quelque chose de très artificiel ! Je ne dis pas que j'aurais voulu davantage de scènes de sexe, ce n'est pas du tout nécessaire. Mais disons que Caitlin, qui est présentée de bout en bout comme une scientifique surdiplômée, très intelligente, reconnue dans sa profession, rationnelle et qui met toujours la raison en avant même dans les conditions surnaturelles de la présente histoire, et à part ça femme libérée qui a « fait un enfant toute seule », et ainsi devenue mère d'un enfant handicapé qu'elle assume parfaitement… eh bien, dès qu'il s'agit de Ben, elle se comporte en gamine (limite vierge) effarouchée qui ne sait pas vraiment ce qu'elle veut ! Toute la contradiction de la femme, peut-être, mais ici c'est tellement exagéré que ça n'en est plus crédible.

Bon, à part ça, de façon générale, ce tome 1 – comme c'est souvent le cas pour des tomes 1 – présente les choses plus qu'il n'en dévoile, tout en proposant une histoire certes lente mais plutôt bien ficelée. On s'attache aux personnages, à Ben l'éternel amoureux éconduit, à Caitlin même dans ses côtés agaçants, à son fils Jacob bien sûr ; et alors, tous les personnages secondaires contemporains ont une « présence » (sans doute, une fois encore, très cinématographique) qui fait qu'on les suit avec plaisir et anticipation (parfois même angoisse) eux aussi, et cela va jusqu'au chien de la jeune Maanik, le bien-nommé Jack London, j'adore ! J'ai eu plus de mal avec les quelques personnages secondaires de l'autre civilisation, ou avec ceux du « Groupe », car les uns comme les autres sont à peine effleurés, on en sait trop peu pour vraiment comprendre les choses, de plus ils ne sont pas présentés sous un jour particulièrement enthousiaste – on ne sait pas trop bien s'ils sont les bons ou les méchants, et clairement, dans cet univers finalement assez manichéen, tout est fait pour que seuls les bons avérés aient une chance de se distinguer !

Bref, une bonne histoire mais pas exceptionnelle, dans un style très cinématographique qui oublie que la littérature a besoin de plus de mouvement, car l'imagination du lecteur (qui n'est donc pas dans la tête des auteurs) ne suffit pas à combler les lenteurs qu'une caméra aurait peut-être remplacée par des effets spéciaux spectaculaires.

Tome 2 : Rêves de glace

Je crois que je pourrais recopier mot pour mot ce que j'écrivais pour le 1er tome… L'écriture est toujours aussi cinématographique, mais présente toujours autant de longueurs ! On a perdu des personnages attachants comme Maanik, et j'avoue que je m'attendais à la revoir et que j'ai presque été déçue que ce ne soit pas le cas – c'est là qu'on comprend qu'elle n'avait qu'un rôle, certes important mais « de passage », dans le premier tome uniquement. En revanche, l'archéologue membre du fameux Groupe, dont on ne comprend toujours pas les motivations (ni du Groupe, ni de l'archéologue même, que l'on comprend peu à peu se poser des questions à propos de son employeur), devient un personnage réellement de premier plan. Or, s'il est d'un abord plutôt sympathique, il est aussi trop ambigu pour qu'on s'y attache vraiment… et l'expérience qu'il fait dans ce tome, expérience qui est décrite en long, en large et en interminabilité, s'envole peu à peu vers des territoires éthérés.
Certes, on s'y attendait en partie, le synopsis de ce tome (quand il est vendu seul) le laisse entendre, et le 1er tome y préparait de toute façon. Mais pour ma part, j'ai de moins en moins accroché, je crois même que j'ai carrément décroché par moments.

Je suis assez partagée sur mon appréciation de ce tome, à vrai dire. J'hésite vraiment entre une certaine admiration (ou quelque chose qui y ressemble) pour la création d'un univers particulier, cette ancienne civilisation aux aspects très ésotériques et pourtant très proche de la nôtre d'une certaine façon. On ne croit pas une seule seconde qu'elle ait pu exister, mais elle est présentée d'une façon presque didactique, les choses sont expliquées et répétées, il y a des comparaisons que font les personnages avec ce qu'ils connaissent de notre époque, et ainsi servent de repères au lecteur. Mais c'est long, long, long… on est bien davantage dans le trip ésotérique un peu fumeux (au sens propre comme au sens figuré) quand dans l'action, ça manque terriblement de rythme.
Effet accentué par le fait que, comme je mentionnais plus haut, l'intrigue est principalement partagée entre Caitlin et ce fameux Mikel… or, je n'ai plus eu de plaisir qu'à suivre Caitlin, alors que les passages sur Mikel me laissaient entre lassitude, questionnement et une certaine irritation face à ce personnage à qui les auteurs n'ont pas réussi à donner de vrai relief. Dommage !

Tome 3 : La tempête

Enfin ça bouge un peu ! Rien ne devient vraiment rythmé, on n'en est pas à ce stade-là, mais Mikel prend enfin une certaine ampleur en s'affirmant davantage – même s'il reste plus ou moins manipulé, au moins désormais on « sent » qu'il a un avis et ce qui ressemble à des convictions issues de sa petite enfance. Il n'en devient pas tout à fait attachant, mais au moins il n'est plus irritant et on le suit désormais avec ce qui ressemble à de la curiosité.

Caitlin quant à elle devient de plus en plus intéressante, ses allers-retours entre les deux civilisations maintiennent l'attention plus que jamais, et le lien profond qu'elle a avec son fils, son réel souci de mère qui s'inquiète pour lui quand ça ne va pas, et qui ferait n'importe quoi pour lui venir en aide, même prendre les risques les plus insensés, ça paraît tellement réaliste (à mes yeux du moins) que ça la rend encore plus attachante qu'elle n'était au début ! Ces passages-là, comme dans le 1er tome (mais ils étaient un peu moins nombreux et moins « centraux », du coup je n'avais même pas pensé à les mentionner), sont non seulement comme une « ossature » autour de laquelle s'intègrent les différents éléments du livre, mais en plus ils touchent profondément, et dès lors sont hautement appréciés.
On aime aussi le retour d'un des personnages marquants du 1er tome – même si je n'ai pas tout à fait compris le pourquoi du comment

Quant à l'ambiance… elle me laisse dubitative. On a quitté les aspects limite horrifique du 1er tome (et complètement absents dans le 2e), au profit d'un climat plus tendu : ici on est vraiment dans le thriller, des méchants très méchants qu'on parvient enfin à identifier, et dont on a envie de comprendre les motivations plus que jamais, pour mieux les faire tomber.
En revanche, ce thriller aux accents ésotériques s'accompagne d'une grande part de mystique, qui en plus va crescendo, jusqu'à un climax complètement éthéré et très peu crédible – du moins c'est ce que j'en ai ressenti, mais en dire davantage serait du spoil, là je suis déjà à la limite ! Mais disons que le message presque « religieux » autour de cette civilisation tellement proche de la nôtre par certains aspects, et cette dichotomie, présentée avec beaucoup d'insistance dans cette langue cinémato-didactique que manie si bien ce duo d'auteurs, entre Prêtres (sic !) et scientifiques appelés « Technologues », ça ne m'a pas paru tout à fait innocent et m'a dès lors profondément dérangée.

Bref, l'aspect plus rythmé bienvenu de ce dernier tome est contrebalancé par une insistance ésotérique un peu trop lourde, si bien que je referme le livre avec le sentiment d'une légère déception, surtout par rapport à ce qu'on aurait pu espérer au départ. Ca n'en reste pas moins un bon livre… mais à lire quand on a le temps, et dans une disposition d'esprit plus ouverte peut-être que la mienne ?
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