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Critique de Milllie


Rana, née dans une famille d'origine syrienne exilée en Arabie Saoudite, a toujours cru à ce qu'on lui enseignait : l'importance de faire ses prières régulièrement, ce Dieu omniprésent qui juge les actes de chacun, la nécessité de se voiler pour ne pas provoquer les hommes et enfin son destin tout tracé en tant que femme, devenir une bonne épouse et une bonne mère. Mais au fil des années les accrocs dans cette jolie histoire s'accumulent et vont l'amener à se révolter : pourquoi en tant que femme n'aurait-elle aucun droit, aucune liberté, pourquoi tant d'injustices autour d'elle. Mais quand on est une femme en Arabie Saoudite, le seul espoir est d'arriver à s'enfuir...

Ici, les femmes ne rêvent pas est un témoignage que j'ai trouvé très intéressant, d'une part parce qu'il raconte l'Arabie Saoudite vue de l'intérieur par la propre voix de Rana qui nous livre ici son histoire, et surtout parce que Rana n'a au départ aucune intention ni aucune raison de se rebeller mais qu'elle nous montre au fil des chapitres à quel point sa situation, la situation des femmes en Arabie Saoudite, est insupportable. Alors certes il n'y a rien de vraiment nouveau dans son histoire, on connaît (malheureusement) déjà tout ça mais l'entendre raconter à la première personne par une jeune fille issue d'une famille de la classe moyenne, au départ plutôt satisfaite de sa vie et qui n'a jamais spécialement remis en question sa religion ou la nécessité de trouver rapidement un époux, fait prendre à ces faits une nouvelle dimension.

Certains passages sont tout bonnement révoltant, la manière dont dès ses 10 ans Rana va être privée de toute liberté alors qu'elle est encore une simple petite fille, le voile et l'abaya qu'on impose dès le plus jeune âge et surtout la multiplicité des attouchements ou agressions sexuelles commis par des membres de la famille contre des jeunes filles (voire des fillettes) qui savent qu'elles n'ont aucun droit, qui ne comprennent souvent même pas ce qui leur arrive tant elles sont tenues dans l'ignorance de tout ce qui pourrait avoir une connotation sexuelle et surtout qui ne peuvent en aucun cas se défendre ou se plaindre puisque personne ne les écoutera. Ce roman est aussi très beau quand il évoque la volonté d'apprendre de Rana, son amour pour les sciences, son long chemin pour se défaire de ses croyances et de tout ce qu'on lui a inculqué et le choc que peut représenter pour elle, née et élevée dans un pays ultra religieux, le fait qu'on puisse être athée. le roman est aussi glaçant quand il évoque la difficile évasion de la jeune fille, à quel point les femmes sont totalement prisonnières en Arabie Saoudite (c'est finalement son passeport syrien qui permettra l'évasion pour Rana), à quel point elle craint pour sa vie même après avoir gagné l'Europe, n'importe quel fanatique ou tueur payé par sa famille pouvant décider de l'éliminer.

Le style n'est pas toujours à la hauteur des événements racontés, certains passages sont parfois racontés un peu platement et il y a quelques longueurs et répétitions mais ce récit reste un témoignage essentiel d'une des rares jeunes femmes à avoir réussi à quitter cette prison. J'ai apprécié aussi la totale honnêteté avec laquelle Rana se raconte, nous fait part de ses doutes et des difficultés à tout quitter puis à s'intégrer dans un pays qui n'est pas le sien. A découvrir pour ne pas oublier ce qui se cache derrière la prospérité apparente de l'Arabie Saoudite !
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