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Critique de Levant


J'ai eu du mal à rentrer dans ce roman. Quelque chose me mettait mal à l'aise. J'ai compris en persévérant – et ô combien ai-je bien fait - que ce n'était ni le style de l'auteur ni la construction de l'ouvrage, mais bien le sujet même du récit qui insinuait en moi cette immense impression de gâchis que peut être une vie construite sans amour. Car il s'agit de cela dans cet ouvrage. Et lorsque le décor a été planté, je me suis fait happer par cette histoire. J'ai avalé les pages vers un dénouement que j'ai trouvé parfaitement à mon goût. Parce que c'est comme ça dans la vraie vie. Parce toute fin qui n'est pas la mort est un autre départ. Dont on ne sait pas bien sûr s'il est sur un bon pied ou pas.

Un champ de ruine. C'est ce à quoi se résume l'adolescence d'Antoine et de Camille. Ils sont les fils d'une famille de la petite bourgeoisie banlieusarde, élevés sans réelle affection par un père anesthésié d'indifférence, une mère aigrie d'ambitions insatisfaites.
Lorsqu'ils apprennent que celle-ci, dont ils soupçonnaient déjà la relation adultère avec le maire, serait impliquée dans une affaire de moeurs autrement plus grave, rien ne leur sera épargné, ni les insultes, ni la honte et l'isolement. La période de l'adolescence, déjà si compliquée quand l'amour est au rendez-vous, sera pour eux un cheminement vers le gouffre.

Antoine, l'aîné, est le narrateur de cette descente aux enfers. Comme toujours en pareil cas il cherche à comprendre. Se remet en question. Cherche des excuses à la déchéance d'une mère qu'il connaît mal, à la passivité complice d'un père obstinément aveugle. Pourquoi aussi n'a-t-il pas su épargner son frère cadet, lui apporter le secours qu'il appelait de ses voeux silencieux.

Aucune bouée de sauvetage. Personne à qui se confier. Il se mortifie de culpabilité. Sa vie amoureuse sera bâtie avec la même aridité. Logique imparable.

C'est tout sauf mièvre et misérabiliste. C'est remarquablement construit. L'étude psychologique inculque le désarroi. Olivier Adam réussit à placer son lecteur en spectateur désespérément impuissant. Il trépigne de ne pouvoir tendre la main à ces adolescents partant à la dérive. C'est d'un réalisme étonnant.

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