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Critique de Renatan


« Tout est noir dans la chambre. Les volets sont clos, les rideaux tirés. On ne voit pas le désordre. Les bouteilles, les cendres sur la moquette, les disques éparpillés. le radio-réveil clignote. Les chiffres s'affichent en vert. »
 
Antoine pose son regard dans le miroir. Ce reflet de lui-même ne l'effraie pas, ou du moins ne l'effraie plus, à peine se rend-il compte qu'il n'est plus le même homme. Il revient de loin, d'un ailleurs hors du monde. Avachis sur son canapé, son quotidien se résume à fumer des joints. Allumer, tirer quelques bouffées, boire une gorgée de whisky. One Bourbon, One Scotch, One Beer. Sa quête dure depuis un sacré bout de temps déjà. Regard sur le monde environnant, recherche d'identité. Il s'accroche aux souvenirs d' « avant » - avant la grande dérape – comme pour se cramponner à l'existence. Un décor à son image...
 
« L'herbe est rase. Il a tondu la pelouse hier. Des thuyas malades, jaunis, ferment l'espace. Au milieu du jardin, près de la balançoire rouillée, traîne un ballon crevé. La plaque de bois flotte dans le vide, une corde est coupée, pas nette, tout effilochée. »
 
Où sont passés les secrets de son enfance? L'air doux et les sourires. Tom Sawyer à la lumière d'une lampe de poche, sous les draps. Où sont passés les complots et les espiègleries? Lorette et ses robes à fleurs? Son visage doux et le premier baiser, enlacés dans l'herbe chaude. Envolés dans un nuage de fumée amère. Parce qu'un jour, d'aussi loin qu'il soit, il lui faudra bien revenir. Revenir de loin. Revenir tout court. Même Léa, avec qui il couche de temps en temps, préfère « rester amis ». La phrase qui tue. C'est comme ça quand on ne peut plus faire confiance. Léa est partie.
 
Le récit est parsemé de détails du quotidien qui rendent compte de sa douleur, qui accentuent le drame qui se joue, sous nos yeux de lecteur. Les allers-retours du présent au passé semblent être une façon de se rassurer, enviable ou non, quand tout nous échappe. Serait-ce aussi ce brin de nostalgie qui sommeille au creux de ses tripes? Chez Antoine, le temps s'est un peu arrêté pour tout le monde. Une famille banale, comme bien d'autres, et qui cherche à se retrouver. Mais trop tard. Sa soeur Camille s'isole, fume et sèche ses cours. Elle tente de survivre à une mère dépressive, partie sans donner de nouvelles. Elle se cherche, recherche l'amour. Antoine lui ressemble et en a conscience. Coup de poing au coeur. Tel un boomerang, nos racines nous heurtent parfois en plein visage. C'est comme ça...
 
« Il la regarde et il sait qu'ils sont pareils. À sa démarche, à son regard inquiet, sa réserve et ses ongles rongés, les bouts de peau qu'elle s'arrache. Ils sont pareils. Seuls et pareils dans la nuit des nationales. Sortis sur la pointe des pieds, maladroits… »
 
Olivier Adam m'a offert, une fois encore, une immersion dans un monde où le quotidien est drapé de souvenirs amers. Où l'âme et la mer s'unissent pour rompre la vague meurtrière du temps qui passe. La rumeur des eaux n'est pas loin. Il suffit de tendre le regard, quelque part À l'ouest.
 
« Les vagues s'échouaient sans violence, lourdes et épuisées. »
 
« J'ai fermé les yeux. So long Marianne sur le ressac. »
 
Merci Bison, je deviens complètement accro à ce Adam et ses états d'âme :-* 
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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