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Critique de syliseuse


Quasiment sans déroulé événementiel, Bleu Nuit est avant tout une déambulation dans les méandres de l'esprit perturbé d'un homme qui livre ses angoisses au lecteur.

Dès le début du roman, Dima Abdallah nous plonge dans le cerveau du personnage central, un être se débattant avec ses fantômes, au point qu'il épuise sa force vitale au service d'un but unique : effacer complètement de sa mémoire tout souvenir pouvant lui rappeler quelque secret apparemment insupportable. le problème est que l'oubli ne se décrète pas et qu'à force de mettre toute son énergie à tenter d'enfouir les expériences traumatisantes, la personnalité finit par disjoncter.
Subterfuges désespérés pour se vider la tête de toute pensée dérangeante, TOC, rituels, prise de came ou d'alcool rythment le quotidien du héros que l'on voit s'enfoncer dans son mal-être au fil des pages.


Au début du roman, cet homme , dont on ignore à peu près tout, vient d'apprendre la mort de la seule femme qu'il ait jamais aimé. Cette nouvelle agit sur lui comme un détonateur et lui impulse la force de franchir la porte de son appartement dans lequel il vit cloîtré depuis des années, en proie aux démons qui le hantent. C'est décidé, il vivra désormais dans la rue où il espère trouver la délivrance... Sauf que les obstacles que l'on porte en soi sont encore bien plus difficiles à franchir que les murs d'un appartement.

De rue en rue, le roman va nous faire partager les pensées du héros que l'on verra "s'enfermer dehors", reproduisant ses rituels, arpentant toujours les mêmes trottoirs et programmant même ses rencontres avec d'autres invisibles, SDF ou petites gens du quartier, selon les jours de la semaine. On le verra aussi rétrécir progressivement le champ de ses pérégrinations autour du Père Lachaise. Notons au passage le symbole que revêt le choix d'un cimetière comme point central de ses errances, une manière de mettre en évidence combien la mort plane dans ce roman.


Il faudra être très patient avant que l'intrigue ne soit dévoilée à la toute fin du roman (des révélations d'ailleurs bien plus complexes que le seul deuil de la femme aimée évoqué au 1er chapitre pouvait le laisser supposer). le lecteur aura donc, avant cela, eut l'impression de beaucoup tourner en rond dans la tête d'un personnage somme toute assez statique.
De ce fait, j'avoue que le roman m'a semblé long. Cela a certainement impacté négativement mon implication dans l'histoire et l'empathie que j'ai pu éprouver pour ce héros perdu.
Parallèlement, il serait injuste de ma part de ne pas souligner la finesse du travail de l'autrice sur la psychologie de son personnage et l'élégance de son écriture, recherchée, percutante et poétique.


En conclusion, si l'on considère Bleu Nuit sur un plan purement littéraire et esthétique, c'est incontestablement une oeuvre digne d'admiration.
Le reste - l'appréciation émotionnelle- est sans doute affaire de sensibilité personnelle.
A vous d'en juger. Peut-être serez-vous plus touché que je ne l'ai été moi-même par ce roman non dénué de qualités.
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