J'ai adoré.
Simplement parce qu'il pose une question essentielle concernant l'Art et qu'il y répond très intelligemment (c'est-à-dire dans le sens de ce que je pense, bien sûr) : comment doit-on juger une oeuvre d'art, un dessin ou toute émanation artistique ?
La planète entière se bouscule devant la Joconde parce qu'il faut la voir… D'où vient cette injonction débile ?
Claire le Men raconte son cheminement personnel avec les oeuvres d'Art, évidemment, quand on est fille d'historienne d'Art, ce parcours n'est pas celui de tout le monde, mais justement, sa mère a eu l'intelligence de ne jamais lui imposer un jugement péremptoire, et entourée de reproductions, elle s'est fait son propre vécu avec la création graphique, et c'est justement ce vécu qui sert de véritable moteur à l'appréhension d'une oeuvre.
Le dessin de Claire le Men est brut, au pinceau et feutres, aquarellés, crayonnés, brut et naturel, aux antipodes des canons de la bande dessinée, parfois elle y intègre des photos ou des vieux dessins d'enfance. Là aussi, j'approuve son point de vue, nous invitant dès la première illustration à laisser nos idées préconçues au vestiaire, c'est un patchwork, comme son rapport à l'Art, fait de petits moments de vie, avec ses certitudes et ses doutes.
Dans ce livre, elle raconte que l'Art est avant tout une expérience personnelle, avec nos sens, notre vécu préalable, elle refait le lien entre la vie et l'Art, lien souvent rompu à cause d'un statut de chef d'oeuvre imposé par une intelligentsia ressenti comme un mépris pour beaucoup.
Mon musée imaginaire est un livre qui ouvre une réflexion sur notre rapport à l'Art, j'ai adoré la manière de Claire le Men d'aborder ce sujet, assez différent de ce à quoi on pourrait s'attendre, et tellement juste.