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    enaro le 28 août 2023
    mariefly2-inscriptions  Un très beau poème dont j'aime la simplicité, bravo.
    Alexbeauregard le 28 août 2023

    Ce défi m'a fait réfléchir. Je ne parle pas souvent de mes problèmes de santé mais j'ai eu envie de le faire aujourd'hui. J'espère qu'il vous fera réfléchir à votre tour.

    Dans mon corps

    J’ai encore mal, comme chaque mois.
    Je saigne et je souffre.
    Pourquoi me fais-tu subir ça mon corps?
    Pourquoi est-ce que je ressens tous les maux de l’humanité dans mon ventre?
    Pourquoi c’est la guerre dans mon utérus?
    Pourquoi on me déchire les ovaires?

    Le soleil disparaît et laisse place à la nuit sombre pendant ses quelques jours sous la lune de sang.
    Je perds pied.
    Je perds espoir.
    Je pleure toutes les larmes de mon corps.
    Toutes les larmes de mon coeur de femme.
    Je ressens de l’injustice.

    Si j’avais un corps d’homme, je ne souffrais pas une semaine par mois.
    Si j’avais un corps d’homme, ma vie serait bien plus facile.
    Mon employeur ne me rappèlerait pas mes trop nombreuses absences au travail.
    Il ne me ferait pas remarquer que mes collègues, elles, travaillent pendant leurs règles.
    Elles, ne me jugeraient pas en me rappelant qu’elles se battent pour l’équité salariale.
    Ma condition est antiféministe, je suis l’exemple même du sexe faible.
    Pourtant, ne souhaite-t-on pas l’équité pour toutes les femmes?

    J’aimerais qu’on se rappelle que je n’ai pas choisi cette souffrance.
    Je ne veux pas de ses crampes débilitantes.
    J’ai plutôt envie d’être comme ses jeunes femmes dans les publicités de tampons.
    Elles font du sport pendant leurs menstruations.
    Elles vont à la plage et boivent des margaritas.
    Mais, moi, je ne pourrai jamais faire ça.
    Malheureusement, je n’ai pas le sang bleu.
    vibrelivre le 29 août 2023
    Habeam corpus


    Il y a belle lurette que les vers et les fourmis se sont occupés de mon cas. Comme quoi rien n'est jamais désespéré. Elles ont dû cravacher, les bébêtes, il y en avait, du poids, et du surpoids. Combien de fois n'ai-je pas entendu cette recommandation mortifiante, moi qui ne défendais pas mon corps contre des boudins de bonne chère et ne faisais point mourir mon embonpoint dodu à non souhait :
    _Tu devrais perdre quelques kilos, un ou deux, cinq, dix.
    Cette phrase, c'était comme si un ou deux, cinq, dix termites, supérieurs, mais qu'importe la qualification pour ce sujet, rongeaient la poutre du temple, grignotaient la charpente salie de mon amour-propre mortellement fripé. Une cousine bien intentionnée, comme l'envers du paradis, avait enceint mon corps élargi d'un ou deux, cinq, dix paquets de farine comme d'autant de répulsifs au superfétatoire nocif et kilotoxique.
    _Tu vois ce qui les leste et les lèse, tes articulations.
    Elle me travaillait au corps, me tourmentait. Je n'étais plus moi, ni même personne. J'étais une jarre à huile, avec des anses comme les hanches d'une mama d'Afrique et toute la disgrâce que présente une amphore qui n'est pas faite pour être amphore, façonnée comme un œuf, pansue, replète, inassouvissable, comme si ce vase, bouffi, renflé, en plus de ne pas être vase, n'avait pas de fond. Ample et bête, comme un bissac inerte, j'étais.
    Maintenant, je suis tranquille. J'ai cédé mon corps à la terre-mère, que je féconde. Je suis sans doute cette herbe qui volette au vent, légère, gracile, cette eau qui chatouille la quille de la barque aux oscillations douces, les yeux de la mouette qui pleure de désir à la vue d'un poisson gras et riche en omégas. Je contemple le ciel teinté d'un timide rose pâle qui n'ose prendre toute la place et se coince et laisse au bleu des pans opulents où s'épanouir. Je ne suis plus un lieu d'aisance, je me fonds pour mettre à l'aise les anses insoumises mises sous régime kilophobe.
    Je suis bien, sans gravité. N'être rien, être tout, invisible et partout, libre et sauvage, sans diktat directeur. Je me gorge d'air, me repais de vent, me goinfre de plénitude.
    Car j'aurais pu, par volonté de vengeance, devenir fantôme et hanter mes gendarmes et leurs contraventions pour excès de santé et délit de corps gros. Un spectre tout plat, comme dégonflé, sans formes et dénué de sex-appeal, d'un blanc maladif à force de privations et macérations, qui laisse derrière lui, si tant est qu'il ait un postérieur, des traînées de tentations, des corbeilles de calories, des fumets de charcutaille. Toute apparition se transforme en supplice, c'est pour les Tantales le parfum d'une glace, l'arôme d'un plat en sauce, le bouquet d'un barbecue. Le ventre se noue, la langue palpite, alors on court courir dans la lande, cette terre qu'on a mise au régime sec, laisser filer ses cheveux d'ange sur les genêts pulpeux qui ouvrent leurs boucles d'or au moindre toucher, envier les nuages en vapeur qui s'effilent comme de la barbe à papa, pristi, tout ce sucre, et on dévale le sentier des falaises étiques comme des corps décharnés et coupantes comme des langues frustrées.
    Mais je n'ai pas de volonté, je me laissais sans cesse aller, pas vrai, je vivais en sybarite, j'avais la langue chaleureuse et l'esprit pas du tout vindicatif.
    Tiens, on a parlé esprit. La plantureuse Colette, qu'une grue devait soulever de son fauteuil, elle avait trop de tendresse pour les chocolats, ne conserva-t-elle pas son formidable don d'observation, étoffé si cela se trouve par son appétit de rabelaisienne ogresse, qui s'assurait une sensualité pleine, libérée, sans restrictions ?
    Je ne suis rien, et je suis tout. Je m'empiffre d'immensité, je me soûle de liberté, je me gave de mon néant imposant et de mon rien balancé.
    Parfois ma cousine me passe sur le corps, troue en moi un chemin qui bée. Je suis partout. Je ne suis plus ce serpent d'eau qui ballotte mou dans la boue des flaques, je ne suis plus un ventre qui s'arrondit, poche inutile, par la démesure de mes caprices goulus. Je suis là sans y être, je suis et ne suis plus. Ma cousine est joyeuse : elle est allée au gymnase, aujourd'hui est son jour de jeûne, bientôt elle aura à acheter un autre maillot, le sien divorce, demandez-vous pourquoi, de ses os de seiche sèche qui saillent davantage et coupent sec plus encore. Maigre et vieille, elle est, très maigre et encore plus vieille, elle qui s'échine à tricher avec le temps, comme la cadavérique du peintre espagnol, se cambrent ses rides et ses fesses pendent comme les fanons d'un chanoine à la diète.
    _Jeûne, ma chère cousine, traque la chair, tu mourras tout de même, moi Mardi-Gras, et toi Carême. Aura-t-elle jamais connu la beauté parfaite des formes rondes ? La chair n'est pas triste. On ne comptera pas toutes ses livres. Un corps doit avoir du corps.
    Je ne suis rien, je suis tout. Je m'empâte d'ubiquité et d'absolu. Je suis l'intense. Je vis pleinement, particule jouissante, hors de toute loi et pesanteur. Immatérielle, l'esprit déchargé de toute brimade, et mon moi évanoui, je vis proprement l'allègement total. Je fais corps avec mon corps. Osmose excellente.

    Je suis fière d'être sphère
    Porteuse de toute envie
    Semence de chaque rêve
    Fuyant la drôle d'idée
    De n'être qu'un planisphère
    Lune pleine et rond soleil
    Monde mers terres et ciel
    Cercle de tous les possibles
    Anneau du cher extensible

    En corps même mort
    je vis, ris, encore
    JML38 le 29 août 2023
    Pieds nus pour la postérité

    Les pieds. Il les sent toucher le sol selon un rythme immuable.
    La tête. Il la garde fièrement bien droite.
    Les yeux. Il les maintient sur un horizon lointain.
    Le torse. Il le gonfle régulièrement pour recharger ses poumons en oxygène.
    Tant qu’il ne ressent aucune douleur dans les cuisses ou les mollets, tout va bien.
    C’est d’ailleurs ce qu’il se répète inlassablement tel un mantra : « tchigri yellem » (il n’y a pas de problème).
    Il va reproduire le même geste mécanique durant deux heures, quinze minutes et seize secondes.
    Il ne pense plus qu’à l’importance de ce qu’il va réaliser, lui l’invité de dernière minute, l’athlète qui court pieds nus, s’imaginant « corne d’Afrique fichée en écharde dans la botte italienne ».
    De sa foulée fluide et aérienne, il va gagner ce marathon, car « vaincre à Rome, c’est vaincre mille fois », comme lui a murmuré à l’oreille son empereur.
    Il suit son plan comme prévu avec son entraîneur. La seule inconnue est dans le dos d’un coureur qui s’agite devant lui : le numéro 185. Ce ne sera qu’une légère incertitude tant sa suprématie éclate en ce jour de septembre 1960.
    Au bout des quarante-deux kilomètres et cent-quatre-vingts mètres du parcours, dont les derniers sur une voie Appia éclairée par des soldats italiens brandissant des torches, la ligne d’arrivée se profile pour… la première médaille d’or olympique d’un représentant d’Afrique noire.
    Abebe Bikila peut savourer son triomphe. Il semble à peine essoufflé. Comme si ses jambes l’avaient fait voler sur la route. Comme si son corps n’avait pas fait plus de deux heures quinze d’efforts.
    Le cerveau a pris le contrôle. Il a intimé au squelette, aux ligaments et aux muscles de s’effacer derrière l’exploit pour n’en pas ternir la grandeur.

    (Les citations sont extraites de "Vaincre à Rome" de Sylvain Coher)
    franceflamboyant le 29 août 2023
    Vibrelivre
    "J'ai cédé mon corps à la terre mère, que je féconde. Je suis sans doute cette herbe qui volette au vent, légère, gracile, cette eau qui chatouille la quille de la barque aux oscillations douces, les yeux de la mouette qui pleure de désir à la vue d'un poisson gras et riche en omégas. Je contemple le ciel teinté d'un timide rose pâle qui n'ose prendre toute la place et se coince et laisse au bleu des pans opulents où s'épanouir."

    Texte riche et complexe avec des images fortes et à la fois humour grinçant et poétique.  Pour ma part et comme souvent, j'aime votre style d'écriture. Même dans la mort, ce corps qui était jugé disgracieux, féconde et vit encore. Etonnant ! 

    JML38: Belle idée ! Plusieurs textes se mois-ci présentent les failles du corps : surpoids, maladie, vieillissement, décrépitude. Celui-ci, au contraire, est lié à la force physique, à la résistance à l'effort et à la beauté de l'enjeu.

    AsminEssais
    "Ce corps jamais ne s'humiliera, seuls les faibles laissent faire cela. *
    Ce corps dont je parle, est la plus belle chose que pour moi la mère terre créa et le restera."
    J'avais lu votre texte mais ne l'avais pas commenté. Il est touchant, fort en images et en références !
    Darkhorse le 29 août 2023
    vibrelivre, j'ai dû aller chercher quelques mots dans le dico mais ça en valait la peine.
    Quelle liberté dans ton écriture et pourtant c'est bien réfléchi. Les idées fusent et se mettent en place de manière peu conventionnelle. Hors norme, comme d'habitude.
    Très beau passage :

    vibrelivre a dit :

    _Tu devrais perdre quelques kilos, un ou deux, cinq, dix.
    Cette phrase, c'était comme si un ou deux, cinq, dix termites, supérieurs, mais qu'importe la qualification pour ce sujet, rongeaient la poutre du temple, grignotaient la charpente salie de mon amour-propre mortellement fripé.
    Darkhorse le 29 août 2023
    JML38, bel hommage, merci de m'avoir fait connaître cet homme.
    L'alliance d'un corps bien entraîné et d'une volonté inébranlable.
    Qarrera le 29 août 2023
    Quel beau texte Vibrelibre  . Je me suis régalée de le lire et même de le relire pour en saisir tous les sens cachés. De belles images et sonorités. Ce "je" apparaît comme tellement sympathique et intéressant qu'on a envie de le connaître dommage qu'il ait trépassé!
    Qarrera le 29 août 2023
    JML38  un bel hommage à la discipline et à ce grand coureur aux pieds nus. Je pensais également écrire sur le sujet au départ et puis...on se rend compte que ce n'est pas si facile ! Mais vous avez bien retranscrit les sensations du coureur je trouve . Bravo ! ( avec l'accent italien)
    Deslivresetmoi51 le 29 août 2023
    Mon corps en désaccord majeur…*  

    Ma première et modeste participation. Parfois, les mots débordent autant les coucher sur le'papier et faire un acte de passage plutôt qu'un passage à l'acte.

    Voilà presque sept ans, ce qui paraissait une simple alerte allait se révéler beaucoup plus grave et nécessiter un quadruple pontage coronarien, une seconde intervention dix jours plus tard, des mois d'hospitalisation et de rééducation. C'est toute ma vie qui en a été bouleversée, c'était un vendredi, le 16 décembre 2016.    Sept ans qu'un chirurgien et son équipe se sont penchés sur mon berceau d’hôpital et m'ont ouvert le thorax de haut en bas pour en extraire mon petit cœur fragile et réparer les outrages que la vie, le stress, la malbouffe et les clopes fumées à refaire le monde lui faisaient subir.   Sept ans qu'une infection « rare et qui engage le pronostic vital » s'est emparée de mon corps fragilisé, qu’un staphylocoque (doré, parce que je le vaux bien !) a colonisé mes chairs. Deux interventions, des centaines de médicaments avalés dans la souffrance et les larmes, des heures d'angoisse, des dizaines de prise de sang, de nombreuses nuits blanches, une incessante douleur, d’innombrables questions sans réponse.   Sept ans que mon cœur est réparé, que mon thorax est consolidé par un joli laçage en fils d'acier, que ma poitrine s'orne une bien visible cicatrice qui concurrence celle de mon mollet droit abimé pour retirer une veine de pontage. Et c'est sans compter les invisibles, mais bien présentes, cicatrices psychologiques qui n’altèrent pas mon corps mais fragilisent si fort mon âme.   Aujourd'hui, j’ai repris doucement ce qui est censé être une vie normale. Je gagne en autonomie chaque jour même si mon corps m'impose encore des limites. Il paraît que je vais bien ! La machine va bien, enfin mieux, mais qu'en est-il de la femme qui vit dedans ?   J'ai appris à digérer la phénoménale trouille que j'ai eue … Mais oui, j'ai eu peur, terriblement peur : de mourir, de laisser mon fils seul, de ne plus jamais sentir son odeur ou entendre sa voix… C'est un truc de fou, la peur, ça paralyse ta raison au moindre battement de coeur qui s'affole, ça t'empêche de réfléchir, je n'arrivais même plus à lire ou à écrire, à penser même parfois ! C'est lourd, c'est visqueux, c'est invasif, la peur.   J 'ai également appris la dépendance ! Quand ton corps est livré à des mains inconnues qui le soignent, le piquent, le tâtent, l'ouvrent mais aussi le lavent ou le caressent même parfois. Ton corps alors ne t'appartient plus, il est livré en pâture à un autre corps - le corps médical, exposé aux étudiants, comparé, palpé, bousculé, scanné, exploré, ausculté. Ton corps vit sa vie, il maigrit à vue d’œil, il rejette la nourriture, les soins, les câlins même parfois... Ton corps devient un « tas » de chair, un « cas » clinique bien « las » que les soignants mettent au « pas » et qui crie « ras » le bol. Je ne connaissais pas cette oppressante impression de vivre dans un corps qui ne t'appartient pas, qui ne t’appartient plus.   Que dire de la patience qui est ma meilleure ennemie ? Je crois parfois emporter le match quand je parviens à enchaîner une sortie, un ciné et une balade la même semaine mais la fatigue est là, perverse … elle gagne toujours à la fin ! Prendre son mal en patience, être patiente après avoir été UNE patiente, apprendre à gérer son temps, ses efforts, son traitement … ça va être long … c'est long !   Il y a eu un homme, il connaissait mon corps par cœur, par corps. Il a contribué à me faire sentir infiniment femme et féminine malgré les cicatrices, à me rendre à moi-même, à restaurer la confiance en moi et en l'avenir, à me donner la force de poursuivre le combat. Il m'a aidée à respirer mais surtout à avoir le souffle coupé ...   Jeter au milieu d'une conversation « J'ai eu un quadruple pontage », ça pose sa bonne femme ! Il paraît que ça vous change un homme un truc pareil … je peux vous confirmer que ça vous change aussi une femme ! On se croit à l'abri et puis, pan, d'un coup ça part en vrille sans prévenir et c'est peut-être ça la vraie leçon : je ne suis pas immortelle, j'ai le droit de flancher, d'être fragile et mon corps me le fait savoir !   C'est une aventure qui fait de moi une autre personne à laquelle j'essaie de m'adapter … il paraît que j'ai changé … en mieux, j'espère … Les questions et les doutes se bousculent dans ma tête, j'ai commencé des réajustements personnels et professionnels. Je ne sais pas toujours où je vais mais je veux me souvenir à chaque seconde, avec force, d'où je viens et surtout d'où je reviens ! Je me suis construit un nouveau nid, plus épuré, plus sobre, plus zen, lumineux et clair, qui, paraît-il, me ressemble davantage. J'ai fait de nouveau confiance, j'ai aimé, j'ai vécu de très bons moments et de très durs, j'ai gardé le sourire dehors et les larmes dedans. J'ai gagné en maturité, ma vision de la vie a radicalement changé, je suis plus grave peut-être, moins superficielle, j'espère. Les miens sont ma priorité absolue, je veux leur dire et leur témoigner chaque jour combien je les aime parce que je sais qu'un souffle qui manque peut suffire à tout arrêter. Je veux aimer, je veux rire, je veux lire, je veux faire des folies, je veux m'émerveiller, je veux admirer, découvrir, pleurer, chanter, danser, voyager, je veux vivre, pleinement, en pleine conscience, avec passion.   Je suis en paix, enfin. Une femme réconciliée, réaccordée par l'amour des miens qui suture, point par point, chacune de mes blessures …
    *Titre inspiré par le roman d'Anne Zamberlan : Mon corps en désaccord
    Coparo le 29 août 2023
    vibrelivre  Bravo pour ce texte d'un grand niveau littéraire et d'une belle originalité et haute érudition. Juste une question sur le titre. La formule consacrée est "Habeas corpus etc." Votre titre "Habeam corpus" a-t-il là un sens particulier ? Merci de m'éclairer.
    Snoopythecat le 29 août 2023
    Coparo  Je suppose que habeam est plus parlant puisque le texte est à la première personne du singulier, mais il y a peut-être un sens plus particulier.
    Carolina78 le 29 août 2023
    JMaxime   sympa ton passage deux haikus pour Cécile (si je ne me trompe pas) ?

    Alexbeauregard Tu es courageuse de soulever le voile sur un sujet tabou. Com d’hab, ton poème est joliment composé. Après faut arrêter de se laisser embobiner par les pubs, qui nous montre un monde fallacieux où tout le monde est lisse et beau. La plupart des femmes en bavent avec leurs règles, mais chut ! Et puis faut pas perdre espoir, je sais de quoi je parle…

    vibrelivre Quelle beauté ! Quelle maestria pour tricoter les mots, les faire briller, leur donner une saveur singulière ! Quel génie pour créer une ambiance poétique onirique, avec un zeste d’humour !
    Je suis sans doute cette herbe qui volette au vent, légère, gracile, cette eau qui chatouille la quille de la barque aux oscillations douces, les yeux de la mouette qui pleure de désir à la vue d'un poisson gras et riche en omégas.

    JML38  Superbe je suis Abebe Bikila, comme j’ai été Nadia Comaneci ! Yes Le cerveau a pris le contrôle !

    Deslivresetmoi51  Je reste sans voix ! Quel témoignage poignant ! J’ai souffert comme si c’était à moi à qui on avait fait une opération à cœur ouvert ! Ce que j’aime surtout c’est la conclusion et je vous admire de rester positive et confiante, même si la patience n’est pas votre fort.
    Une femme réconciliée, réaccordée par l'amour des miens qui suture, point par point, chacune de mes blessures.
    MissAllsunday le 30 août 2023
    Bonjour.
    Bravo et merci pour tous ces textes bouleversants, révoltants ou plutôt sages, mais qui ne laissent pas indifférents.
    JML38 le 30 août 2023
    Merci franceflamboyant Carolina78 Qarrera et Darkhorse  
    pour vos sympathiques retours.

    franceflamboyant : Un texte dense, comme toujours, ancré dans un registre historique, comme souvent, avec un inattendu mélange de genre qui surprend fort agréablement.

    Carolina78 : Texte onirique, subtil et joliment écrit. 

    Qarrera : Un sujet difficile, traité avec une grande finesse.

    Darkhorse : Merci de nous faire profiter un nouvelle fois de ton style superbe et de ton imagination fertile. J’ai eu l’occasion de te le dire en MP et je le redis : après avoir lu ton texte poignant, ainsi que certains autres jouant également sur la corde sensible, j’ai hésité à proposer le mien. Mais comme un certain baron à eu une phrase restée célèbre sur les JO...

    En parcourant l'ensemble du défi, j'ai découvert des récits abordant des sujets et des styles différents, certains évoquant avec beaucoup de sensibilité des épisodes douloureux.
    Deslivresetmoi51 le 30 août 2023
    Carolina78  merci pour ton sympathique retour. 
    Je vais prendre le temps de découvrir toutes les merveilles que j'ai rapidement parcouru. Belle fin de journée. Merci pour ce chouette partage de textes.
    Deslivresetmoi51 le 30 août 2023
    Carolina78  merci pour ton sympathique retour. 
    Je vais prendre le temps de découvrir toutes les merveilles que j'ai rapidement parcourues. Belle fin de journée. Merci pour ce chouette partage de textes.
    Cathye le 30 août 2023
    Bonjour,
    Il me reste une tâche ardue à satisfaire : combler le retard dans mes lectures. De belles pépites, visiblement, et un retour parmi nous😉🤗Enfin !!
    -*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

    Bouge ton corps

    - Allez détends-toi
    - Chui crispé
    - Un p’tit effort, juste un …
    - Bon, j’y vais

    D’abord, tourner la tête sur son axe
    Crac crac les cervicales
    Puis de haut en bas
    Pour aller voir ici-bas

    Légère torsion du buste
    Qui, pour se sentir mieux, s’ajuste
    Évacuation du stress
    Eviter toute maladresse

    Scruter loin devant soi
    Et chasser tout son émoi
    Placer son regard sur un point
    Et ne plus le lâcher d’un poing

    Grande soufflerie des poumons, expulsion
    Pour une meilleure concentration
    Libération de la poitrine
    Faites sonner les clarines

    Puis, les bras, lentement soulever
    Des flancs, doucement les détacher
    En frôlant les Côtes, les élever
    Et d’Ouest en Est, les écarter

    Prendre une grande inspiration
    Gonfler le Centre du bataillon
    Comme le ferait un ténor
    Et les envoyer, tout là-haut, vers le Nord

    Agiter les mains, les doigts
    Les délester d’un infime poids
    S’étirer un max, se délier
    Sans aucun coup de bélier
    Depuis le cou jusqu’à la taille
    Sans aucune bataille

    Puis, expirer à petits coups,
    tranquillement
    Ramener les membres,
    Par-devant

    - non non ne les baisse pas
    - Ah bon c’est pas fini
    - Allez, on continue

    Se pencher, graduellement
    Les bras en accompagnement
    Les genoux légèrement pliés
    Pour empêcher les mollets de trembler
    Ployer ce corps quelque peu rouillé
    Que la vie n’a pas épargné

    Mais, galère de galère
    Attention, risque de sciatique
    Aussi, petit à petit, tel un élastique
    Posément, accentuer la courbure
    Et sans difficulté, atteindre la pliure

    Voilà, il n’y a plus d’intercalaire

    Les abattis sont rapprochés
    Alors, les yeux émerveillés
    S’agrippent aux doigts de pied

    Et le corps à cor peut commencer

    -*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*
    Je reviens très vite
    GaLim le 31 août 2023
    Cathye  Raconté ainsi, le yoga (ou la gym !?) ne donne pas vraiment envie 😰... Quant au corps à cor final, vive les oignons et bon appétit 🤣😉! Quoi qu'il en soit, c'est un texte drôle auquel il manque toutefois une vidéo de démonstration 😜😁.

    Alexbeauregard  Un texte lancé comme un cri de désespoir, ce qui le rend prenant et touchant. 😢

    vibrelivre  Tout à fait, avec ou sans gras, on finira tous au même endroit ! Simplement les petits vers auront plus de nourriture et de travail dans un cas que dans l'autre 😉! Texte comme toujours bien écrit et dense 👍.

    JML38  "Dur dur d'être Abebe"! Désolée pour la remarque peu subtile, mais c'est la faute de Sflagg  avec son texte intitulé "Dur dur d'être un pépé " 🤗😁 qui a eu une mauvaise influence sur moi ! Blague à part, vous avez respecté à la lettre la thématique du corps de l'athlète dans le cadre des JO 2024 🏃‍♂️. Merci d'avoir mis en lumière ce marathonien dont j'ignorais tout !

    Deslivresetmoi51  Pour commencer, j'adore votre pseudo et son double sens 🤩! Concernant votre texte, c'est un peu comme se prendre un uppercut dans l'estomac, de celui qui coupe le souffle, un autre en plein coeur, de celui qui touche au plus profond et encore un au visage, de celui qui assomme et laisse K.O. Bravo pour ces mots et tout ce qui se cache derrière 💪👍.

    AngieAngele  J'aurais bien vu votre texte dans le défi du mois précédent sur la fable ! Ici, beaucoup de références au corps animal, mais je pense qu'il doit y avoir un côté fantastique qui m'échappe quelque peu... 🤔


    Darkhorse  Merci pour votre commentaire 🙏 !
    Lenorane le 31 août 2023
    Bonjour à tous !

    Je suis nouvelle ici, et moi qui aimerait beaucoup pouvoir écrire, je suis tombée sur ce défis avec un thème que j'apprécie énormément. Alors je me lance...
    Je m'excuses par avance pour les possibles fautes en tout genre.
    Merci pour votre lecture ! ;)


                                                                                  Treize ans


                L’adolescence, c’est tellement une étape compliquée à traverser. Tout le monde juge ton comportement, mais personne ne t’explique comment se déroule cette période, ni comment la vivre au mieux… À croire que les adultes ne sont jamais passés par là.

    Je m’appelle Béatrice, je n’aime pas mon prénom j’ai l’impression qu’il fait vieux, alors je préfère que tout le monde m’appelle Béa mais évidemment mes parents eux continuent de m’appeler Béatrice. Ça me met tellement en colère ! J’aimerais juste qu’ils respectent mon choix !

    Je sais, on me l’a répété plein de fois :

    On ne choisit pas son corps ! On ne choisit pas son prénom ! Et on ne choisit pas sa famille…

                Je rentre du collège vers 17 heures, j’embrasse mon père qui vient de préparer son thé et part le boire dans son bureau. Papa est toujours à la maison depuis un an et demi, il travaille en distanciel mais on ne le voit pas beaucoup malgré tout parce qu’il est cadre dans une grande boite d’expertise comptable. Alors il a énormément de travail maintenant contrairement à avant. Je ne comprends pas toujours bien ce qu’il fait, et j’avoue qu’en fait, on passe tellement peu de temps ensemble depuis qu’il a son nouveau boulot ; Il est toujours dans son bureau, et moi du coup je reste tout le temps dans ma chambre. Son travail est prenant, il est surmené, ce n’est pas de sa faute, je comprends...

    Je monte pour aller poser mon sac de cours sur mon bureau et je redescends discrètement dans la cuisine pour prendre un goûter.

    -          « Mais Béatrice !! Tu ne peux pas faire comme tout le monde ? Prendre un goûter NORMAL comme les autres ?? Regarde ce que tu manges ! »

    Mon père m’avait surprise. J’avais tellement honte. Les larmes se sont mises à déferlées sur mes joues, je n’ai pas pu l’écouter jusqu’au bout, j’ai reposé violemment ce que j’avais dans les mains et je me suis mise à courir pour monter à l’étage et m’enfermer dans ma chambre. Je pleurais tellement fort, pourquoi il ne me laissait jamais tranquille ? C’était tellement difficile pour moi que l’on me voit agir comme ça. Pourquoi fallait-il qu’il le remarque et me hurle dessus comme à chaque fois ?? J’avais besoin de me cacher pour manger parce que j’avais tellement peur qu’on m’empêche de faire comme j’en avais envie, comme j’en ressentais le besoin. C’était plus fort que moi, je n’arrivais pas à faire autrement et je savais qu’ils ne le respecteraient pas ! Je me détestais.

    Je séchais mes larmes doucement en soufflant un bon coup ; « Aller ! Je peux le faire ! ». Un peu de motivation pour sortir mes affaires de mon sac et m’atteler à mes devoirs du jour et de la semaine. Qu’importe tant que je reste dans ma chambre et que je n’ai pas à affronter ma mère. En plus elle va bientôt rentrer… En vrai, je suis certaine qu’elle me déteste. Rien que quand elle me regarde, qu’elle regarde mon corps, je vois bien que je lui fais honte et que je la dégoûte.

    -          « Ma petite fille qui était si jolie où est-elle passée ? Regarde-toi Béatrice, tu devrais prendre soin de toi, tu ne ressembles plus à rien là ! Fais du sport, mange équilibré… Tu serais tellement plus belle…. »

    C’était typiquement le genre de phrase qu’elle me disait à longueur de journée.

    Je redoutais le dîner du soir… Mais après avoir entendu pour la troisième fois mon prénom, je finis par stopper mes devoirs pour descendre et les rejoindre à table. Personne ne parlait, l’ambiance était glaciale. Ma mère me servait mon assiette avec une cuillère de légumes, une de viande et une de pâte, comme pour une gamine alors que je suis assez grande pour me servir seule ! Je sentais l’angoisse monter et me mordre le ventre. Ma respiration s’accélérait et je n’arrivais pas à me contrôler parce qu’il y avait ces plats avec leurs fumées qui s’évaporaient dans l’air, la sauce, le beurre. Ça sentait si bon… Mais, il y avait cette chose qui rugissait en moi, qui tremblait face à tant de possibilités et de mets gourmands. Et malgré tout ce que je ressentais, j’essayais de ne pas me faire remarquer. Alors j’essayais de manger le plus doucement possible pour qu’ils ne puissent pas voir tout ce que j’arrivais à engloutir au final. Mais ils le voyaient bien, avec mon assiette, avec les plats, les restes. Leurs regards insistants et effrayés augmentaient la pression que je ressentais et la force de ce démon dans mon estomac qui grandissait. J’avais l’impression d’être une bête monstrueuse, une bête de foire que je pouvais voir dans le reflet leurs yeux.

    -          « Béatrice, tu vas donc t’arrêter là ? Ou tu vas encore manger ?? »

    Les phrases assassines de ma mère, comme celle-ci, me hantaient à chaque fois toute la nuit qui suivait… « ENCORE manger ? ENCORE ? Tu vas t’arrêter là ?? » La culpabilité se nourrissait de mes nuits, tandis que je me réveillais en sursaut, complètement désorientée et pleine de sueur.

    Trois heures du matin.
    « Puisqu’elle veut que je fasse du sport, je vais en faire ! »

    Alors, comme très régulièrement lorsque je me réveillais la nuit, j’en profitais pour aller faire une séance de sport d’une ou de deux heures. Comme ça personne ne me voyait.  Personne ne pouvait voir ma graisse bouger à chacun de mes mouvements ni entendre le parquet grincer à chacun de mes mouvements lourds et désordonnés. Petit à petit, je pourrais perdre ce poids en trop pour les rendre fiers de moi et pouvoir diminuer leurs regards de dégoût envers moi… De toute manière, je n’arrivais plus à dormir, je n’arrêtais pas de penser à mon repas d’hier soir, j’avais tellement honte d’avoir autant mangé et qu’ils m’aient observé…

    Je me faufilais alors telle une souris, enfin tel un gros rat tout dégoûtant au travers de la maison pour aller dans le jardin. Je ne devais surtout pas les réveiller. Une fois en bas, j’ouvrais tout doucement la porte fenêtre qui donnait sur le jardin et c’était parti. Mon but était de faire un maximum de tour en courant, mais tout en prenant différentes trajectoires dans le jardin, histoire que les parents ne puissent pas voir de traces dans l’herbe. Au bout d’à peine 10 minutes, je n’en pouvais plus, j’étais essoufflée. Je n’arrivais même plus à porter mon propre corps. Je pleurais à nouveau de honte, je voulais tellement y arriver, je voulais tellement pouvoir en faire plus, encore et encore. Il le fallait à tous prix, je devais faire du sport, je devais y arriver… Je décidais de remonter dans ma chambre, en imaginant faire des abdos dans mon lit. Toujours en essayant de ne pas faire de bruit, ni en marchant, ni en pleurant. Une fois arrivée, j’allais vers mon lit dans l’idée de finir ma séance de sport, mais au lieu de ça je me baissais à quatre pattes pour tirer une boîte cachée en dessous de mon lit, tout au fond. Ma lampe de chevet n’éclairait quasiment pas la pièce. Mais en ouvrant mon carton j’y voyais très bien les emballages de gâteaux vides scintiller dans cette pénombre, et lorsque je faisais pencher un peu plus ma boite, c’était une toute petite lame que je voyais briller aux côtés d’un paquet de mouchoirs... Personne ne pouvait me comprendre de toute manière, personne ne voulait me comprendre. C’était toujours : « Béatrice fait pas si ; mange pas ça, mange ça ; fait du sport ; habille toi mieux ; tu rentres plus dans ce pantalon; tu ressembles plus à rien ; les filles comme toi on les regarde pas […] » mais jamais « Comment tu vas Béa ? ».

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