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Critiques de Sylvain Pattieu (147)
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Forêt-Furieuse

°°° Rentrée littéraire 2019 #13 °°°







Le prologue se veut bienveillant à l'égard d'un lecteur qui pourrait être perdu avec tout ce qui va suivre. Il plante le décor, les lieux et les personnages. A savoir, en une époque et un lieu indéfinis post-apocalypse :



- « une histoire d' enfants sauvages » vivant dans ce qu'ils appellent « la Colonie », à la lisière d'une forêt qui fait peur et attire à la fois. Des orphelins, des abandonnés, des malades, des estropiés, des irradiés. Ils ont des noms bizarres ou à rallonge ( Tout-Le-Fait-Rire, Destiny-Bienaimée, Trogne, Tricératops ) et ont crée leur propre société, pas meilleure que celle des adultes, avec ses rapports de force, ses violences, ses dominants.



- «  et puis il y a un village » quasi médiéval traversé d'une lutte des classes entre les grands propriétaires, maîtres des forges, des mines, des éoliennes, et les paysans menés par le berger Darnert qui veulent garder l'usage de la forêt



- « des histoires de religion, dans ce village, il faut les prendre au sérieux », on y trouve des christian, des muslim, des supermuslim et des vrais supermuslim qui menacent l'équilibre et veulent transformer le village en califat



- une forêt mystérieuse avec sa femme-arbre



Là, tu commences à te dire qu'il n'y a pas que la forêt du titre qui furieuse, tu pressens que tout ce roman est carrément fou furieux. Et c'est exactement cela, un véritable OLNI ( objet livresque non identifié ) d'une liberté absolue, qui s'affranchit de tous les genres. Sylvain Pattieu propose même une sorte de syncrétisme détonnant à partir d'un viaduc d'inspirations complètement hétéroclites : les récits mythiques des trois monothéismes ( par exemple, le nom de la Colonie est celui du roi de Salem dans la Bible, Melkisedek ), des légendes pyrénéennes ( les sabots de Bethmale, avec leur pointe en aiguille pour encorner les coeurs ), la guerre historique des Demoiselles en Ariège au XIXème siècle ( ou comment des paysans en rébellion contre un code forestier leur interdisant l'usage de la forêt se déguisent en femmes pour attaquer les grands propriétaires et les maitres des forges ) , le roman Sa Majesté des Mouches de Wiliam Golding et sa communauté d'enfants livrés à eux-mêmes etc



Le récit est incroyablement foisonnant et multiple, et pourtant, jamais je ne m'y suis sentie égarée. Au contraire, on sent que l'auteur sait où il va ; lorsqu'il croise les histoires, elles se finissent par se recouper de façon très cohérente, un tour de force pour un roman qui frôle avec le fantastique et l'imaginaire.



On est clairement dans la littérature de « genre », entre roman épique, roman d'aventures, récit postapocalyptique. Et pourtant, il n'est en rien déconnecté de la réalité contemporaine, le lecteur reconnaît parfaitement le monde d'aujourd'hui, notamment la deuxième partie «  Les vrais supermuslim » qui décrypte sous couvert romanesque le phénomène du djihadisme avec brio, tout particulièrement avec le personnage du jeune Brille.



En fait, tous les personnages sont passionnants, Danert le berger rebelle déguisée en demoiselle ; Esclarelys, son ancienne amoureuse Esclarelys qui canalise sa fougue amoureuse et sexuelle en se convertissant en vrai supermuslim des plus zélées ; et bien sûr, La-Petite-Elle-Veut-Tout-Faire-Toute-Seule devenue sous le nom d'Onyx une sorte de Jeanne d'Arc animée par les voix de la Femme-Arbre, une jeune fille puissante qui devient le guide des enfants perdus ; le conteur Mohamed-Ali dont les chants et poèmes ponctuent habilement le récit et lui apporte du coffre.



Cerise sur le gâteau, cette formidable vitalité romanesque est incroyablement portée par une écriture forte, très originale, métissée, puisant aussi bien dans la fougue homérique que dans la rythmique contemporaine du slam ou du rap. Les phrases sont longues, très travaillées, lyriques, poétiques, parfois peu ponctuées, amples. Elles m'ont happée, essoufflée, enthousiasmée.



Vraiment un roman, type exercice de style, étonnant, très singulier, qui détonne dans la production littéraire actuelle par son sens absolue de liberté.
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Le bonheur pauvre rengaine

Sylvain Pattieu est historien et professeur d’histoire. C’est en compulsant les archives des Bouches-du-Rhône qu’il met la main sur un vieux dossier de justice poussiéreux, depuis bien longtemps recouvert des cendres de l’oubli, une vulgaire affaire de meurtre pour tout dire, qui fit quelques gros titres dans les journaux de l’époque et suscita sans doute l’intérêt morbide de certains patriciens en mal de sensations fortes avant de ne sombrer dans les oubliettes du temps et de la mémoire.

Il faut dire que la victime, issue d’un milieu ouvrier, femme de mœurs légères, « de petite vertu » comme l’on disait alors, n’était pas de celles dont la mort marque durablement les esprits. Au pire, son meurtre a-t-il éveillé en son temps le chagrin de sa famille, une certaine compassion du public, plus généralement un sursaut de dégoût et d’écœurement devant l’abîme de violence et d’avilissement dans lequel la France semblait être tombée depuis la Grande-Guerre de 14/18.



L’assassinat d’Yvonne Schmitt le 25 septembre 1920 va pourtant trouver un écho dans le cœur de l’auteur qui va s’en servir pour bâtir un formidable roman à mi-chemin entre fiction et réalité, et nous offrir la reconstitution animée autant que minutieuse d’une ville, Marseille, d’un milieu, celui des quartiers populaires, et d’une époque, celle des années 1920.

Etude soignée, scrupuleuse, attentive, de ce monde interlope et inquiétant qu’est alors le port de Marseille.



Il faut s’imaginer ce brassage incessant d’individus disparates, cette vie grouillante et infinie, ce flot continu d’êtres de toutes races et de tous horizons : des marins, des ouvriers, des syndicalistes, des prostituées, des proxénètes, des mafieux, des petits escrocs, des gros bras, des policiers et des mauvais garçons….Et des pensions et des mauvais garnis, des hôtels borgnes et des maisons de passe, des filles des rues aguichant le chaland, des travailleurs fatigués, des hommes aux cheveux gominés…

Sous le regard bienveillant de Notre-Dame-de-la-Garde tout un échantillon d’humanité en marge de la bonne société afflue, se presse, s’aventure dans le tumulte de la grande cité phocéenne comme un fleuve aux embouchures se jette dans la mer.



Les protagonistes qui vont ainsi évoluer dans « Le bonheur pauvre rengaine », ces « fantômes dans un carton d’archives », sont représentatifs de cette humanité au faible niveau social, hommes et femmes de la classe populaire en quête d’un utopique eldorado.

Ils s’appellent Yvonne Schmitt, Simone Marchand, Fredval, Yves Couliou, Albert Polge…Ils ont vraiment existé et Sylvain Pattieu les fait revivre pour nous le temps d’un roman.

L’histoire tient en quelques mots : le 25 septembre 1920, Yvonne Schmitt est retrouvée morte, la nuque brisée dans un appartement bourgeois appartenant à Simone Marchand, une demi-mondaine ayant réussi à s’élever jusqu’aux beaux quartiers.

« Un simple fait-divers. Une pelote de trajectoires, de mauvaises rencontres, de tristes sorts.»

« Des fils à démêler » que Sylvain Pattieu va tirer un à un, déroulant la bobine d’une histoire que les journalistes titreront « l’affaire de l’Athlète et Nez-pointu ».



« I´m´fout des coups / I´m´prend mes sous / Je suis à bout/ Mais malgré tout/ Que voulez-vous / Je l´ai tell´ment dans la peau / Qu´j´en d´viens marteau/ Dès qu´il s´approch´ c´est fini/ Je suis à lui… »

Yvonne Schmitt aurait pu faire sienne cette chanson de Mistinguett. Son parcours a été jalonné d’hommes vils et brutaux, escrocs à la petite semaine, proxénètes, profiteurs, hommes de rien mais prêts à tout, dont les rêves de grandeur ne se font qu’au détriment des femmes qu’ils séduisent puis exploitent. En arrivant à Marseille remplie d’espérance, la petite ouvrière parisienne devenue fille de joie ne savait pas à quel point son temps était compté. La fatalité aura mis sur son chemin deux fortes têtes rendues impitoyables dans l’enfer disciplinaire de Biribi. Leurs noms : Albert Polge et Yves Couliou. L’un sera condamné à perpétuité, l’autre conduit à l’échafaud.



L’auteur a su s’effacer derrière ses personnages. Il les a écoutés, leur a laissé la parole ; une parole, certes à demi-inventée, mais qui résonne malgré tout au fond des consciences comme l’écho d’un temps lointain, celui du « Quartier Réservé », des putains et des macs hantant le vieux Marseille.

La construction qui fait parler à tour de rôle les divers protagonistes incriminés dans le fait-divers est une vraie réussite, Sylvain Pattieu imaginant la vie de ces derniers et la leur faisant raconter avec leurs mots propres et dans la façon de parler de l’époque. Le phrasé s’adapte ainsi à chaque personnage, du révolté Yves Couliou, à la candide Yvonne Schmitt, au policier haineux et plein de morgue André Robert…De cette manière, chacun entrouvre la porte de son moi profond et nous fait entrer dans sa tête.



Tous ces êtres disent pourtant un unique et «même récit depuis la nuit des temps », celui de l’aspiration à une élévation sociale au mépris de toute morale, celui du rêve d’argent facile et de réussite, celui de la domination du fort contre le faible.

Produits d’une société qui les a rejetés, ils tendent à refléter de façon exacerbée les faiblesses et les valeurs d’un monde où se déploient sans cesse la force brute et la violence des hommes sur les femmes, des riches sur les pauvres, de la police sur les humbles, des bourgeois sur les prolétaires.

A la fois roman et document, « Le bonheur pauvre rengaine » est un travail de reconstitution fascinant qui insère à sa trame fictionnelle des extraits de procès-verbaux, des rapports, des lettres, des photographies…De vieux papiers jaunis qui, l’espace d’un instant, ressuscitent ces hommes en feutres mous et ces femmes en corsets serrés marchant en équilibre instable sur « la ligne de faille entre le sordide et le clinquant ».



Une riche lecture permise grâce à l’opération Masse Critique et les éditions du Rouergue (La Brune). Merci à eux.

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Des impatientes

Sylvain Pattieu que je découvre avec « Les impatientes » met en scène deux jeunes filles Alima et Bintou aux rêves diamétralement opposés. Élèves dans le même collège, en apparence très différentes, les deux jeunes filles exclues après une bagarre, se retrouvent confrontées au monde du travail.

Roman dans l'air du temps dont l'action se déroule dans des quartiers dits populaires ou l'avenir se dessine la plupart du temps en pointillé, Sylvain Pattieu s'appuie sur un réalité sociale pour dérouler son histoire. Dialogues intérieurs qui donnent la parole tour à tour aux deux héroïnes, Alima et Bintou se découvre peu à peu. Pattieu décrit le milieu scolaire et les boulots précaires avec justesse. S'accrocher à ces rêves malgré un quotidien ou le gris persiste. Certains passages (échanges de SMS) montre aussi le besoin de cette jeunesse de se réapproprier les codes du langage. Même si parfois on sent le trait un peu gros, ce premier roman de Sylvain Pattieu se lit avec plaisir.
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Amour chrome

Amour Chrome est un roman adolescent vraiment intelligent et qui fut une belle surprise pour ma part. On y découvre Mohammed-Ali, jeune adolescent intelligent et plutôt discret en classe qui vit sa passion la nuit en taguant les murs de ses œuvres d'art. Alors qu'il tombe amoureux de la jolie Aimée, il va avoir envie de surpasser.



En nous partageant un moment de la vie de Mohammed-Ali, l'auteur, Sylvain Pattieu, nous offre un roman foisonnant de thématiques importantes lors de l'adolescence comme l'amour, l'amitié, la famille, mais également la religion, la délinquance, mais surtout l'envie de faire bouger les choses.



Le roman nous offre une totale immersion dans la tête d'adolescent que ce soit par les questionnements des personnages, mais également par l'écriture : il manque de la ponctuation, l'écriture est très orale et le vocabulaire est très adolescent. Alors que de nombreux auteurs se donnent un style "adolescent" souvent à côté de la plaque, on entend réellement des adolescents parler dans Amour Chrome ! Sylvain Pattieu nous offre un roman vrai et crédible.



Ce premier tome de la série Hypallage est un roman passionnant et émouvant. Les personnages sont touchants et surtout extrêmement attachants. L'auteur nous emmène dans des rebondissements percutants qui offre une réflexion pertinente. Un roman à mettre dans tous les collèges !
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Le bonheur pauvre rengaine

C'est à n'en pas douter sa construction qui fait l'originalité de cet ouvrage. S'agissant d'une affaire criminelle - l'assassinat d'une certaine Yvonne Schmitt - qui a réellement eu lieu à Marseille au début du 20ème siècle, cet ouvrage est construit comme le dossier d'instruction de l'affaire avec par chapitres alternés les témoignages, les PV d'audition et le récit de l'enquête par les personnages satellites et les policiers et qui en étaient chargés.



Les faits sont relatés par chacun à la première personne, excepté pour une protagoniste, Simone Marchand, pour laquelle c'est un narrateur extérieur qui s'adresse à elle. Tout ceci donne du relief à cette affaire avec une description assez précise des conditions de vie dans les milieux de la prostitution et judiciaire de notre pays au sortir de la première guerre mondiale. En n'oubliant pas qu'à cette époque la peine de mort pouvait être à la conclusion d'un procès.



L'encadrement de l'affaire par le vécu antérieur de chacun – le crime ne survenant qu'à mi-parcours du livre – donne à comprendre ce qui a pu conduire au meurtre, et le vécu postérieur à relativiser la sentence. J'ai apprécié cet ouvrage dont le style est plus souvent celui du langage parlé, s'agissant de la relation des faits par ceux qui les ont vécus. Voilà une façon originale de bâtir un roman à partir de pièces d'archives, photos à l'appui.

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Amour chrome

En classe de 3e, Mohammed-Ali est discret et populaire. Il sait se faire respecter des profs et des autres élèves. Il a été élu délégué de sa classe,et il a tendance à dire qu'il: « faut être sérieux pour être pris au sérieux ». Mohammed-Ali a cependant deux secrets qu'il ne revèle à personne .



Le premier secret, c’est qu'il sort la nuit pour aller taguer. Personne ne le sait, sauf Zako son meilleur ami. Il passe des heures à soigner ses lettrages, à travailler ses compositions, à repérer les meilleurs spots pour poser ses créations.



C’est dangereux mais ça vaut coup de tenter, de jouer. Ça veut le coup d’y aller, de donner, de sortir la tête, de regarder derrière, de regarder de tous les côtés. Ça vaut le coup d’attendre la dernière minute avant la fermeture des portes.



"Ca c'est Mohammed-Ali au collège, Mohammed-Ali la façade, mais il y a une vie secrète, il ya deux secrets. Voila pourquoi il y a de la peinture sur les mains, voila pourquoi Zako le chambre "



L’autre secret s’appelle Aimée et Mohammed-Ali est totalement fou d’elle. C’est une fille de sa classe, passionnée de foot, qui passe tous ses week-ends à s’entrainer ou à coacher les petits de son club.



Comment faire pour qu’Aimée puisse enfin remarquer notre jeune taggueur éploré ?Par chance, Mohammed-Ali peut compter sur le soutien de Lina et Margaux.



En amour comme au football, il faut un plan de jeu et du style, non?



Avec cette jolie histoire qui sent le vécu et qui raconte très joliment la force des premières fois, Sylvain Patthieu, discret auteur pour les adultes ( Des impatientes, Folie Furieuse notamment ) émeut et réussit à faire rire en même temps.



L'histoire d'amour entre Aimée et Mohammed-Ali est racontée avec sensibilité, mais sans aucune miévrerie et avec un style oral et direct qui sonne tout à fait juste !



On peut dire qu'il réussit largement son premier essai dans la littérature jeunesse!!.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Amour chrome

« Amour chrome » me faisait très envie, que ce soit pour sa jolie couverture, son résumé, ses critiques dithyrambiques sur la toile ou encore pour son prix littéraire gagné cette année. Or, dès la première page, j’ai vite déchanté ! Interloquée, j’ai fait face à un texte avec une ponctuation hasardeuse, des dialogues qui ne se démarquent pas du reste du texte mais, surtout, du vocabulaire de cité. Argot, lexique arabe, familiarité, verlan, insultes se sont enchaînés sous mon regard étonné. Honnêtement, que l’on distingue quelques mots (comme poukave, vénère, tchipe, daron, comme as, belek, toye, seum, pécho) de temps en temps ne m’aurait pas dérangé. Malheureusement, cela survient à chaque phrase ! Pour moi, ça a été très pénible… Sans parler de la ponctuation parfois absente ! Ce style d’écriture ainsi que le langage très familier ont parasité ma lecture. Si je n’avais pas à travailler cet ouvrage avec des 4ème / 3ème, j’aurais même abandonné ! J’ai bien compris que je n’étais pas le public-cible de ce roman… Si cela permet à de jeunes lecteurs de certaines banlieues d’accrocher à la lecture, c’est l’essentiel ! Cela dit, je croise les doigts pour que mes ados vivant en pleine campagne puissent s’identifier ou apprécier ce livre…



Au début, j’avoue que le récit n’a pas su être à la hauteur de mes attentes. Par exemple, j’espérais que le thème du street art prendrait beaucoup plus de place ! Malheureusement, ce n’est qu’un fil rouge tout au long du récit. La crew de graffeurs que Mohammed-Ali va rencontrer apparaîtront ponctuellement. Il en va de même pour la romance qui sera finalement très secondaire… Comme le graff, cela avancera lentement (et encore, cela se fera uniquement du côté du héros !) et se concrétisera à la fin. Parallèlement au quotidien de Mohammed-Ali, on va suivre Frédéric, le frère de Margaux (une fille qui va travailler avec le héros et le coacher pour qu’il séduise Aimée). Frédéric va accepter de vendre de la drogue. Malheureusement, la situation va vite dégénérer… Il y a donc plusieurs sous-intrigues cependant, on sera plus sur une histoire de collège, avec des cours, des exposés en groupe, des discussions entre ados, etc. Ma déception vient du fait que je ne pensais pas que ce serait aussi scolaire.



Heureusement, les échanges entre les personnages sont riches et permettent de brasser plusieurs sujets comme l’amitié, l’amour, l’identité, la drogue, la sexualité, la différence, la tolérance, le street art, le sport, l’entraide, l’adolescence en général, etc. Il y a également un thème inattendu qui a complètement chamboulé mon ressenti. Je ne préfère pas en parler toutefois, sachez que cela a été une agréable surprise ! Cette ultime thématique a été traitée avec une grande sensibilité. On ressent une pluie d’émotions durant ces chapitres. Pour ma part, j’ai été en émoi, avec la boule au ventre. Rien que pour cette fin percutante, je suis vraiment curieuse de connaître l’avis de mes lecteurs ados !



Malgré ma « note » ou mes arguments, cet ouvrage n’est pas mauvais. Il n’est simplement pas fait pour moi ! Si l’on passe outre le style familier et la ponctuation étonnante, les thèmes sont riches et permettent d’offrir au lecteur des réflexions intéressantes. Reste à voir ce qu’en penseront mes collègues ainsi que les élèves…
Lien : https://lespagesquitournent...
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Amour chrome

Mohammed-Ali est en classe de troisième. Il est bon élève et délégué de classe. Il a une passion, c'est graffer et il le fait la nuit, seul son copain Zako est au courant.

En secret, il aime Aimée, une passionnée de football. Pour l'aider à sortir avec elle, il peut compté sur deux amies Lina et Margaux. Elles vont l'aider à mieux s'habiller, lui font remarquer que la petite moustache, c'est moyen. Tous ces petits détails, que les filles remarques.

Mohammed-Ali va-t-il réussir à sortir avec Aimée ?

J'ai eu du mal à rentrer dans cette histoire. Certainement dû à la façon dont les jeunes parlent. Passé ce moment ce fut une lecture agréable.

Il faut dire que le sujet est intéressant, la découverte de l'adolescence du point de vue d'un garçon, souvent ce sujet est abordé au niveau de l'opinion des filles.

Ce livre traite de divers problèmes tel que l'adolescence, l'amitié, l'amour, le fait de dealer, les attentats.

Un univers adolescents à découvrir.

Merci à Mes 68 premières fois et aux Éditions de L’école des Loisirs qui m'ont permis de découvrir ce livre.

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Des impatientes

Cela commence dans un collège de banlieue et se terminera dans un grand magasin de meubles, les héroïnes Alima et Bintou n’ont en commun que de vivre dans la cité, d’être noires et de fréquenter le même collège. Pour le reste tout les sépare l'une rêve de faire de longues études et elle en a les capacités, l'autre de se faire les ongles et de rencontrer des garçons d'un soir. Contre leur gré, elles vont se découvrir et leur exécration de l’injustice vont les rapprocher au delà de ce qu'elles imaginaient possible.

Avec son premier roman, Sylvain Pattieu, nous fait plonger tête la première dans l’univers des collèges et lycées en difficultés. A partir d’une violente dispute tout se détruit pour mieux se reconstruire avec au cœur du récit le dépassement des préjugés, la rencontre, la bêtise aussi. Ce roman polyphonique donne la parole à tour de rôle à Alima, Bintou mais aussi à des personnages secondaires (le professeur, le vigile) qui racontent ce qu’ils ressentent et voient sur ces filles. Rien ne parait clocher dans ce récit où tout s’articule parfaitement, les événements deviennent dramatiques ou drôles selon qu’ils sont perçus par l’un ou l’autre de protagoniste. Les pages en texto sont un régal de naturel et fautes d’orthographe. Un excellent roman pour préparer la rentrée.

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Et que celui qui a soif, vienne

A la fin du XVIème siècle, il n'est pas rare que les navires croisent sur la mer des Caraïbes des vaisseaux pirates. Le Florissant, navire commercial français rencontrera Le Fancy. Deux autres bateaux : L'Entreprize, bateau négrier anglais et Le Batavia, navire marchand hollandais navigueront dans cette mer. Tous devront reconsidérer leur projet et leur équipage suite aux diverses mutineries et abordages. Pas loin de vingt personnages fouillés et intéressants traverseront ce roman mais pour lesquels je n'ai pas réussi à m'attacher. Et comme nous sommes dans un roman de pirates, il sera question d'embruns, de vent, de tempête, de sabres, d'épées, de canons, de prisonniers, d'îles, de femmes et de rhum.



Il est des livres pour lesquels la rencontre ne s'est pas produite ; il est d'autant plus difficile de les commenter. Je suis tellement mitigée et frustrée. Je reste persuadée que j'aurais pu vivre la grande aventure avec ce roman de pirates si la forme choisie par l'auteur avait été des plus classiques. La construction et le style de Sylvain Pattieu ont eu raison de moi. Elles m'ont trop souvent perdues. Les nombreuses digressions tendant à faire un parallèle entre la piraterie d'hier et la mondialisation d'aujourd'hui sont certes très intéressantes mais ont perturbée ma lecture. Pour autant, je reconnais une écriture riche, travaillée et documentée et de beaux passages romanesques.

Mais si je suis montée à bord de ces bateaux, je suis restée spectatrice. Dommage.

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Le bonheur pauvre rengaine

Le bonheur pauvre rengaine….

Ce titre emprunté à une chanson, on se le répète à l’envie à la lecture de ce roman.

Yvonne Schmitt et Yves Collouire sont les deux personnages clés de ce livre. Deux jeunes brisés par la vie. Ils auraient pu avoir un autre avenir. Ils avaient des rêves : le bonheur, surtout pour elle, et la richesse.. .

Ils se sont choisis 2 destins différents, l’une la prostitution, l’autre la violence, la délinquance. Mais avaient-ils le choix ? Tant la vie les a malmenés, cassés.

Leur route se croisera un jour…

L’auteur invente une vie romanesque à ses personnages de l’après-guerre car ils ont vraiment existé, vécus des galères. Tout le roman s’appuie sur des archives, des documents judiciaires.

Le bonheur pauvre rengaine.

Les voix se mêlent pour raconter cette vie d’après-guerre, dans ce Marseille corrompu où les filles sont frappées, les règlements de compte nombreux, les rencontres fortuites et pas toujours heureuses.

Chaque personnage prend la parole. La Marchand, Cyprien Sodonou… Ils racontent et puis ils témoignent

Il y a aussi André Robert le commissaire de police, qui en veut au monde entier de la mort de ses 2 fils pendant la grande guerre, eux qui valaient dix fois plus que cette « vermine ». Il ressasse pendant son enquête. Sûr de lui.

Un crime donc et une enquête. Nous sommes en 1920, la France tente de se relever de la boucherie qu’elle vient de connaître. Nous sommes à Marseille, ville de tous les trafics, dans le milieu de le prostitution, avec ses macs et ses petits voyous.

Un livre passionnant qui fait revivre toute une époque. Des descriptions précises, des portraits fouillés, des personnages et leur histoire font de ce roman une fresque passionnante dans ce milieu interlope.



« Un simple fait-divers. Une pelote de trajectoires, de mauvaises rencontres, des tristes sorts. Des fils à démêler »



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Une vie qui se cabre

En avril 1946, notre Assemblée nationale adopte la loi Lamine Gueye – du nom de ce député du département du Sénégal à cette Assemblée – attribuant la citoyenneté française à tous les ressortissants de l’Empire, mettant fin au code de l’indigénat. Sylvain Pattieu imagine que cette loi a été véritablement appliquée et déroule son uchronie (récit d’évènements fictifs à partir d’un point de départ historique) : Aimé Césaire est élu président de l’ensemble France et colonies, Algérie comprise, qui devient l’Union française. Le président Césaire négocie avec Ho Chi Minh, évitant une guerre. Mais il est assassiné et c’est sa femme Suzanne qui, une fois élue, doit poursuivre son action. « Nous sommes gouvernés par une poétesse après l’avoir été par un poète, avouez qu’il y a pire destin pour un peuple. »



Cette loi historique, sert de toile de fond à un récit romantique autour du personnage attachant de Marie-des-neiges, une jeune femme que l’on va suivre tout au long d’un récit superbement construit. Une partie est consacrée à son départ du Sénégal, puis une autre à son installation à Aix-en-Provence : les cours, le groupe d’amis de toutes nationalités, leurs débats puis la violence encore qui rebat les cartes... Lakhdar est le discret, il écoute, « il s’emmêle de trop penser et de ne pas souvent dire. » ; à l’opposé Marie-Augustias aime le conflit, Joseph a le sens de l’organisation, il voudrait être un chef ; Robert et Kathy papillonnent… Le texte est vite addictif sous l’effet des images fortes et d’un romanesque efficace enrichi de temps à autre par l’oralité et les langues créoles :

« Marie-des-Neiges suit le conseil de Maryse Condé, elle lit Banjo. Sa professeure le lui prête avec un sourire je-n’en-attendais-pas-moins-de-toi. »



Reflet d’une époque d’après guerre tournée vers la reconstruction, l’heure est aux revendications, au collectif. Les forces communistes et religieuses sont influentes. On retrouve ces tendances dans la famille de Marie-des-Neiges et ses amis quand elle débarque pour ses études à Aix en Provence une quinzaine d’années après la création de l’Union française. L’auteur a l’art des noms, il les explique notamment à travers celui de la voisine de Marie, cette sympathique Michèle Michel (superbe page quand elle se présente à la jeune femme…) qui se fait une joie d’aider la jeune fille tout juste arrivée de Dakar avec un enfant en bas âge. Mais la nouvelle Union française à laquelle elle croit, avec ses amis, est menacée par des séditieux nostalgiques de l’ordre ancien, des groupes royalistes cherchant l’affrontement et des nervis mafieux agissant dans l’ombre..



Entre Ange le nervi corse et Kathy l’étudiante américaine, Marie-des-Neiges se grise de liberté et cherche sa place dans ce monde en construction. Des pages superbes : la longue explication de l’origine du curieux prénom Marie-des-Neiges, adjonction insolite « des-Neiges » à Marie lié à la religion de sa mère très pieuse (son père est syndicaliste et athée…). Pages simples et convaincantes des amours entre Marie et Ange et aussi entre la même Marie et Kathy l’américaine, l’écriture rendant grâce à la beauté, la vérité et le mystère de ces moments.



L’uchronie permet de mettre en avant des dirigeants africains et antillais méconnus : Modibo Keita, Soundiata Keita, Blaise Diagne, Thomas Sankara et des écrivains et poètes, Franz Fanon, Claude McKay avec un magnifique texte de Césaire (pages 202, 203) et le discours de Suzanne Césaire (page 236). Les placer en tant qu'élite et dirigeants de la France n’est pas une petite affaire, leur donne la place qu’ils n’ont pas eu dans les livres d’histoire. Cela change le regard sur ces hommes et femmes des colonies françaises et il faut parfois faire une petite recherche pour en savoir plus (ce n'est pas un livre d'histoire ni un roman historique). Je retrouve ici une démarche proche de celle d’Eric Vuillard (14 juillet, Tristesse de la terre...). Les deux auteurs renouvellent la forme du récit historique redonnant la parole aux petites gens, aux perdants en passe d’être oubliés. Ce n’est pas le récit officiel habituel, il aide à entendre toutes les voix, la vérité peut ainsi mieux trouver son chemin.



La fiction permet de saisir les enjeux post-coloniaux et nous embarque dans la destinée d’une femme en prise avec les soubresauts de l’histoire. L’ensemble forme un superbe roman d’amour et de tolérance, un cantique à la fraternité quelle que soit l’origine, la couleur de peau ou la religion. Lecture vertigineuse se terminant dans le paléolithique lorsque Marie devenue anthropologue s’émerveille de la beauté des œuvres préhistoriques, celle de nos origines communes, qu’elle découvre avec son équipe dans une grotte du Vercors.



Beaucoup de style, un belle écriture inventive (Marseille est collineuse...), des poèmes intercalés, l’humour et de la légèreté aussi… Un titre qui s’éclaire d’emblée aux vers de Aimé Césaire, placés en exergue : « Un immense courage debout au centre sans mérite / du lasso à lancer au cou sauvage de la vie qui se cabre » et à ceux de Claude McKay : « Je suppose, qu’étant poète, j’ai le droit d’imaginer un grand leader moderne noir. Du moins j’aimerais le célébrer dans une œuvre poétique. Car je n’ai rien à vous donner que mes chants. »



L’auteur est agrégé et Docteur en histoire. Il est maître de conférences en histoire et enseigne en Master de création littéraire de l’Université Paris VIII. Il a eu dans son cours un jeune auteur remarqué, Diadié Dembélé, prix 2022 de la Vocation avec La bataille des grands-mères, publiant actuellement un second roman que j'ai adoré : Deux grands hommes et demi.



Sylvain Pattieu est un écrivain que je vous souhaite de découvrir, un conteur, trouvant la formule juste en peu de mots, possédant une écriture musicale, tout ce que j’aime quand elle passe au lecteur cette joie d’exister et de réfléchir… Ses mots sont la mémoire d’un temps passé proche empli de rêves de fraternité et de progrès universels. Et je vous garantis que vous n'oublierez pas de sitôt Marie-des-Neiges !



Une vie qui se cabre est un des très beaux romans lus dans le cadre de la sélection pour le prix Orange du livre 2024 auquel j'ai l'honneur de participer.

Et vous, aimez-vous plus les écrivains plutôt musicaux ou plutôt peintres ?

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Une vie qui se cabre

Voici un excellent roman qui nous plonge dans une histoire imaginée et nous renvoie à l'actualité, une réflexion sur la politique à travers des personnages attachants, on le lit d'une seule traite ! Une vie qui se cabre est écrit avec une langue acérée et vivante. Il nous fait voyager dans le temps avec une histoire qui aurait pu avoir lieu si ... Une rélfexion sur les inégalités, le genre et les révoltes.
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Et que celui qui a soif, vienne

« Et que celui qui a soif vienne..» de Sylvain Pattieu . Dans une rencontre récente en librairie , j’avais trouvé cet auteur particulièrement sympathique et intéressant (et pas seulement parce qu’il est aixois comme moi) . Ce n’est pas la lecture de ce roman qui me fera changer d’avis ! Cette histoire de pirates est à plus d’un titre remarquable : lecture passionnante répondant à tous les canons du roman d’aventure (personnages attachants, rythme haletant , péripéties bien agencées, dialogues percutants) ; solide base historique et littéraire (on sent l’historien à la barre) ; point de vue visant une lecture politique de la piraterie (revanche des exclus, maltraités et victimes de tous les pouvoirs) sans tomber dans l’idéalisation (ce ne sont pas des anges ,loin de là) ; exaltation de la liberté (des esprits et des corps ). Ecriture maîtrisée sans prétention , ni relâchement. Et à mon goût l’originalité consistant à insérer (sans rompre le récit) des éléments autobiographiques , et des mises en perspectives avec des évènements postérieurs pour attester la permanence historique des mécanismes de domination et des révoltes.
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Amour chrome

Mohammed-Ali est un jeune adolescent de 3e, discret mais respecté, intelligent et apprécié des enseignants et de ses camarades. Il a pourtant deux secrets : il graffe la nuit, en secret de ses parents et il est amoureux d'Aimée, un footballeuse atypique, qui elle ne le remarque absolument pas.

Alors qu'il doit faire un exposé avec Lina et Margaux, celles-ci découvrent cet amour secret et décident de l'aider à se faire remarquer d'Aimée.

Et lors d'une session de graff, le groupe ACA le prend sous son aile pour l'aider à progresser.



Dans une Seine Saint Denis, loin des clichés de violence véhiculés par la télévision, mais pourtant réaliste, Sylvain Pattieu nous décrit avec justesse le quotidien des ados d'un collège dont la mixité sociale est tangible, tout comme le quotidien des enseignants révélé en petites touches subtiles.



On sent bien tout l'amour et toute la tendresse qu'a l'auteur pour ses personnages. Ils sont plus vrais que nature, cela se sent aussi dans le style : langage parlé qui peut surprendre au début mais qui devient très rapidement fluide et invisible au lecteur.



L'histoire est à la fois simple et profonde, elle aborde pourtant de multiples thèmes d'actualité avec pertinence et authenticité.



Une très jolie lecture.
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Hypallage, tome 2 : Terrain frère

Je ne savais pas que Sylvain Pattieu écrivait pour la jeunesse, ce titre il est arrivé de la bibliothèque, mais je ne savais pas que c'était une suite. Finalement cela ne m'a pas trop handicapé de n'avoir pas lu le précédent ( même si je pense qu'il me manquait quelques clés, d'autant plus que l'auteur ne revient pas sur les faits, ni sur les personnages. Mais ça passe.

Le langage est parlé, souvent. Les mots sont ceux des banlieues. Je ne connaissais pas " il fait crari" ... Pour le reste on s'en sort.

Histoire de gamins qui arrivent en seconde, ds dealers qui dealent, de jeunes qui n'ont rien à faire - normalement - dans cette galère. Et puis des déjà marqués par la vie, cette vie d'étranger ( alors qu'ils sont français de naissance ) qui laisse peu d'espoir. C'est vivant, souvent amusant. Bien vu aussi. Aimée est le personnage central, le foot est sa passion mais ce n'est pas qu'une histoire de footeuses ce roman. Riches de rencontres, de galères, de révoltes on est au chœur de la vie de ces jeunes qui sont plutôt sensés malgré tout ce que l'on peut raconter de nauséabond sur le 93.

Un roman où l'oralité a toute sa plage, les mots sont importants dans ce roman, les sentiments à vif et l'écriture me semble militante.

Un roman dont on a envie de tourner les pages rapidement, il me reste à lire le tome 1 pour en savoir un peu plus sur les personnages et ce qu'ils ont déjà vécu.

Pour les ados, un roman intelligent et engagé.

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Forêt-Furieuse

Sylvain Pattieu signe un nouveau roman et ce dernier est vraiment un livre d'aventures mettant en scène une bande de gamins sauvages, des brigands, des extrémistes avec une langue slammée.

Il crée une société post-conflits mondiaux avec des religions qui ont pris le dessus, qui ont redéfini la vie ; les mélanges, les batailles, les bons, les méchants, les enfants, les coups bas, les arcanes, les légendes de l’Ariège, les arbres, les mystères, la nature très présente et la ville, brute… Tout cela fait de ce roman un petit ovni ! Rajoutée à tout ce mélange : la langue !

Un roman étonnant, détonnant, aussi vif que dense, intelligent, complexe… comme une forêt dense dans laquelle on se perd tout en étant sûr du chemin que l’on arpente…

L’histoire est celle de divers personnages de La Colonie, un genre d’orphelinat, dans un contexte de post-guerres diverses ayant fait des ravages. Les enfants sont traumatisés autant dans leurs têtes que dans leurs corps… et là, à l’orée de cette forêt, de multiples personnages s’entrechoquent, se frôlent, se battent, se menacent, se détestent, s’aiment un peu ou passionnément.

C’est une histoire accrocheuse, les noms sont incroyables drôles ou réalistes, on croise des noms connus revus et corrigés, des descriptifs bien troussés…

Une histoire ? Non, plusieurs qui s’entremêlent, qui se chevauchent, qui se font écho… C’est brut, c’est rude, c’est cru, mais c’est aussi poétique, instructif (merci pour les explications sur les différents spécimens d’arbres), écolo, politique, et avec une violence guerrière sous-jacente ou pas.

C’est vraiment une belle découverte et le format du texte, certes original, est un atout majeur pour vous recommander cette histoire pas banale !

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Amour chrome

Prix vendredi 2021, "Amour Chrome" est un roman moderne. Il faut entendre par là qu'il aborde des sujets actuels (vie en banlieue avec son lot de cohabitations entre différentes origines et religions, mais aussi tag, foot, deal et terrorisme) avec une écriture qui cherche à reproduire le phrasé particulier de ses héros.



J'ai un peu de mal avec les "wesh", "seum" (dont j'ignore d'ailleurs le sens) et autres "bebar". Mais force est de constater que cela fonctionne et donne un rythme particulier au texte.

J'ai apprécié que les personnages soient nuancés, composés de plusieurs couches. C'est d'autant plus important que ce sont donc des jeunes de banlieue, facilement mis dans des cases par les médias.

Mention spéciale pour le trio haut en couleurs Mohamed-Ali, Lina et Margaux.

J'ai vu venir le drame final longtemps à l'avance, craignant que tout cela ne tombe dans le voyeurisme. Mais pas du tout, au contraire, ce nouveau rebondissement est exploité avec justesse.



Pourtant je n'ai pas vraiment été emballée par ce roman. Trop d'accroches sur le vocabulaire peut-être ? Ou alors c'est une question d'âge.

Mon loulou, lui, a adoré et enchaîné sur les deux tomes suivants (sur quatre que comptera cette série "Hypallage") qui l'ont énormément déçu. D'après lui, Sylvain Plattieu tombe dans la caricature et la démagogie avec des policiers aussi méchants que bêtes et tous les sujets de société à cocher (homosexualité, changement de sexe, tentative de viol, racisme...). Cela me confirme que je ne lirai pas la suite.
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Et que celui qui a soif, vienne

Cela fait plaisir de lire un livre conçu pour les lecteurs, et non une oeuvre narcissique, ou un produit de l'édition mercantile.



Un livre de pirates original qui reste dans les codes du genre. Des personnages haut en couleur, des combats à l'épée, aux mousquets, à la dague, des butins, des îles perdus, des tavernes...

Il se distingue néanmoins du classique roman d'aventure, par l'engagement de ses protagonistes, le choix du contexte historique, et la qualité littéraire. La construction du récit est parfaitement maîtrisée par Sylvain Pattieu, présent en filigrane ; le niveau de langage est ajusté, la lecture aisée.



"Dans mon livre, en ce début, il y a trois bateaux qui naviguent. L'Enterprize, le Florissant, le Batavia. de bons bateaux de bois de l'époque, construits dans des chantiers de Flandre, de Normandie ou d'Angleterre. Dessus, immobiles pour le moment, prêts à s'élancer, Manon, César, Jacques-Louis, Ferracciolo, Baruch, Gamin, la vieille, Fletcher, Arjen, Karl ou Katharina. Plusieurs ont la foi, c'est d'époque."



Du sang, du rhum, des embruns, Et que celui qui a soif vienne ! ah ah ah ! (Rire de pirate)



...Que celui qui le veut reçoive de l'eau vive, gratuitement...
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Et que celui qui a soif, vienne

Sylvain Pattieu renouvelle le roman de pirate, comme l'avait fait Céline Minard avec "Faillir être flingué" pour le western. Quel plaisir de lire les aventures de ces trois bateaux:

Un bateau négrier, où les esclaves vont se révolter pour prendre les rênes de leur destin, un navire de commerce hollandais et un bateau pirate.



Les personnages du livre sont flamboyants et leurs aventures ne manquent pas de souffle. Ce livre est dans la lignée des écrits de Stevenson, de Conrad et de Dumas.



A la lecture de ce livre, je me prenais à penser combien l'idéal des pirates était moderne et toujours vivant. Il s'agit de trouver sa place par la force, dans une société qui ne vous en fait pas. Sur un bateau pirate, le capitaine est élu démocratiquement et chaque voix est égale. Il suffit de regarder les "panama paper" et autre affaire "Luxlix" ou "wikilix" pour s'aperçevoir que le piratage est toujours très actuel. Il a changé de forme mais l'idéal est toujours là...
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