dans une heure, il fera nuit. une heure splendide car rien n’est plus beau à contempler sur cette teinte qui se fane peu à peu et s’abolit dans l’ombre, et puis, dans la pièce, l’obscurité qui monte du sol, qui envahit sans bruit les murs pour se refermer sur nous et nous emporter dans ses flots ténébreux. assis alors face à face et nous regardant l’un l’autre sans prononcer un mot, en cette heure, dans cette ombre, le visage familier de l’autre nous apparaît comme plus ancien, plus étrange, plus lointain, comme si l’on se voyait pour la première fois, à une longue distance dans l’espace et dans le temps.