Sophie Loubière

Je voudrais moi aussi monter à bord d’un wagon doré, prendre le train qui conduit au Domaine des Hautes-Plaines et célébrer le Grand Recyclage, gagner le droit de connaître une autre source de joie que celle de l’existence. Là-bas, la mer est tapissée de corail, on peut nager avec les poissons et se coucher sur le sable sans risque d’être brûlée par le soleil. Le ciel grouille de papillons. Le froissement de leurs ailes fait siffler l’air et le bourdonnement des abeilles donne le tournis.
Partir pour un long voyage, loin des falaises blanches. En avant vers l’inconnu !
Je veux savoir ce qu’il y a au-delà des sept villages de la Terre des Deux-Caps. Découvrir de la planète ce que ni le feu, ni l’eau, ni l’homme n’ont dévasté. Je suis petite mais déjà si grande. Et je m’entraîne à ne rien montrer de cette hâte, offrant mes poignets au matin qui s’éveille.