Citations de Séverine Vidal (534)
Tu te souviens, alors, Tom ?
de selle et tu devenais cow-boy, chevalier de la table ronde.
Tu te souviens des "patouilles" ? Il fallait tout sortir, et je te laissais faire. Farine, sucre, lait, chocolat en poudre. Tu jouais au restaurant, à être cuisinier. Ton grand-père se fâchait, "tu fais enrager mamy, mais moi je riais, j'adorais que tu salisses tout, que tu ries aux éclats. Après, pendant ta sieste, il fallait ranger, nettoyer.
Nettoyer la vie qui avait jailli de toi, tout l'après-midi. Si tu dormais chez nous le soir, tu me demandais :
"Mamy, est-ce que j'ai peur, moi ?" Je disais : "Non, Tom, tu n'as pas peur." Et tu t'endormais, confiant.
J'ai un peu peur, petit Tom. Peur de la suite, des mots qui vont s'effacer, comme mes souvenirs. J'oublierai ton prénom, peut-être. Si j'oublie ton prénom, tue-moi.
Je n'aime pas qu'un autre me touche.
Je n'avais pas envie de sa peau sur la mienne. Ses mains,
chaudes, sèches, sur mon cou, mes épaules, effleurant
mes cheveux. Et puis, la sensation m'a rattrapée. Je me
suis souvenue de ce que c'est, le mélange des peaux.
Il faudra y repenser ce soir.
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J'ai eu vingt ans ici, un mariage sous le tilleul, mes cheveux retenus en queue-de-cheval.
J'ai eu trente ans ici, et quatre fois le ventre gros. Trois bébés qui ont grandi, comme on court dans les hautes herbes. Et l'autre, celui qui n'a pas vécu, est enterré plus loin. Nous n'avons pas fleuri sa tombe.
J'ai eu quarante ans ici, un monde à mener à la baguette, avec le sourire. Et puis des années douces, le rire de mon homme, sa calvitie et ses mains baladeuse.
J'ai eu Cinquante ans ici, sans jamais craindre les lendemains.
J'ai eu soixante ans, la fête un jour d'orage, et soixante-dix ans, la marche plus lente, toujours main dans la main avec lui.
J'ai eu quatre-vingts ans ici, Henri avait disparu quelques mois avant et les enfants me disaient "tourne la page". Depuis, j'avance en manquant de tomber à chaque pas, puisque chaque pas m'éloigne encore de lui.
Je n'aurai plus rien ici, aucune fête, aucune chute, plus aucune nuit d'amour. Je n'ouvrirai plus les volets sur le matin frais. Je ne m'assiérai plus, un verre à la main pour contempler le soleil se coucher.
Je pars.
Ma peur c'est de perdre la mémoire, oublier tout, les prénoms, la vie d'avant. Ouais, ça, et sentir que nos corps nous échappent, chaque jour un peu plus.
J'ai tout quitté. Des fois, j'ai l'impression que je me suis quittée moi-même, tu comprends ?
Je la retrouve guérie en effet : Guérie de l'effroyable fatigue et de la tâche cruelle de vivre en ce monde.
Je désire une vie d'espérances, de risque et de bonheur !
Tu sais, c'est comme si tu m'avais rattrapé dans ma chute.
Tu tombais ?
Youssef, vous savez qu’on n’ira pas très loin. À peine le bout de la rue. On a juste besoin de faire semblant d’y croire. S’il vous plaît.
Si j’oublie ton prénom, tue-moi.
Ce vide que tu ressens, là (elle touche son sternum), rien ne le remplira à nouveau. Ils emportent quelque chose en mourant, et ça, on ne remet pas la main dessus. Et ce qu'ils nous laissent, les souvenirs, c'est pire sans eux. [...] Non mon petit gars, tout n'ira pas mieux, mais tu t'y feras.
Il aurait fallu tout compter, puisqu'on sait maintenant que ça ne durerait pas toujours. Combien de moments on s'est retrouvés, loin des autres, pour nager nus, combien de valses sans musiques dansées sous la lune, de matins où c'était si doux de penser je l'aime et elle m'aime, combien de tes grands rires, de tes bras autour de ma taille quand on se promenait à vélo, oui on aurait dû compter, comme ça on aurait su que c'était la dernière fois. Et on en aurait profité, on aurait tout fait mieux.
Le roman est politique ! Il permet de toucher beaucoup de gens, des artisans... et des femmes. Il faudrait aller encore plus loin.
Jules a disparu et il disparaît, chaque matin.
Il suffit d'ouvrir les yeux pour que la vie leur arrache à nouveau.
J'ai tout quitté. Des fois, j'ai l'impression que je me suis quittée moi-même. Tu comprends ?
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André se dit que c'est la technique, dans cette famille, on passe à autre chose, on enchaîne. On ne règle rien. Des secrets en strates, enfouis là, dessous, tout en bas, sous la rocaille.
A Nohant, les gens trouvent que cette fille a une drôle d'attitude. Aurore le sait bien et s'en fiche ; ce que pensent les autres à son sujet ne la préoccupe pas du tout.
Odeur de terre mouillée , d'herbe coupée, de ciel chargé , de bois brûlé, de ventre noué , de sang séché.
De beaux volumes. Mais tout est à refaire
-Peut-être que tu devrais la recontacter, savoir, ce qui s'est passé ? Si ça se trouve, elle est...Enfin...