Sébastien de Castell nous accueille chez lui, à Vancouver, et nous parle de ses inspirations et de sa méthode de travail pour créer sa série en 6 tomes, "L'Anti-Magicien".
La première loi édicte que tout homme est libre car sans la liberté de choisir, les hommes ne peuvent servir leur cœur, et sans cœur, ils ne peuvent servir leurs dieux, leurs saints, ou leur roi.
Le deuxième sentiment le plus désagréable au monde est celui qui vous envahit quand votre corps comprend qu'il va encore devoir se battre pour défendre sa vie. Vos muscles se tendent, vous vous mettez à transpirer, vous empestez (heureusement, dans le feu de l'action, personne n'y prête attention) et votre estomac sombre, lesté de plomb.
Mais la première place revient à l'instant où votre corps s'aperçoit que le combat est fini. Vos muscles se relâchent, votre tête est traversée de douloureuses pulsations, vous transpirez toujours et cette fois, vous ne pouvez pas ignorer l'odeur.
Vous n'entendrez pas les prêtres l'affirmer dans leurs sermons, mais ceux qui ont profondément et totalement échoué sont ceux qui dorment du sommeil le plus profond et le plus doux.
Un archer doit se fier à ses gestes, pas au contact de son arc. C'est l'archer l'arme véritable, l'arc n'est qu'un long outil de bois.
Kest, la prochaine fois que l'issue la plus optimiste que tu puisses envisager lors d'un combat est notre mort à tous sauf la tienne, continue de réfléchir, d'accord ?
Brasti était séduisant, un peu trop pour son propre bien. Ou celui des autres. Ses pommettes saillantes et sa bouche sensuelle entourée d'une barbe d'un blond aux reflets roux mettaient en valeur un sourire qui lui permettait de se tirer de presque toutes les bagarres provoquées par sa langue trop bien pendue. Pour les autres, son talent à l'arc réglait rapidement le problème. Mais quand il tentait de vous lancer un regard assassin, il donnait simplement l'impression de bouder comme une donzelle.
Quand il s'agit de protéger ceux qu'on aime, on doit faire ce qu'il faut. Même lorsque ça implique des actes insupportables pour notre âme
Imaginez, juste un instant, que vous ayez réalisé votre voeux le plus cher. Pas juste le souhait raisonnable dont vous parlez avec vos amis. Non, le rêve bien caché près de votre cœur, celui que même enfant, vous hésitiez à formuler à haute voix. Imaginez, par exemple, que vous ayez toujours souhaité devenir un Manteau de Gloire, l'un des légendaires magistrats qui arpentaient autrefois le monde, l'épée au côté, du village le plus modeste à la plus éclatante cité pour s'assurer que tous, hommes et femmes, nobles et paysans, obéissent aux lois édictées par le roi. Un protecteur pour beaucoup, et même un héros pour certains. Sentez le cuir épais du manteau qui enveloppe vos épaules, la légèreté trompeuse des plaques d'os qui en tapissent l'intérieur comme une armure, les dizaines de poches dissimulées qui regorgent d'outils, d'ingénieuses trouvailles, de pilules et de potions. Vous posez la main sur la lame qui bat contre votre cuisse, conscient qu'en tant que Manteau de gloire, vous avez appris à vous si nécessaire, si brillamment que vous sauriez vaincre n'importe quel adversaire en combat singulier.
- Je suis l'amie des heures sombres, dit-elle. La brise contre le soleil brûlant. L'eau, offerte librement, et le vin, partagé avec amour. Je suis le repos après la bataille, le soin sur une plaie. Je suis l'amie des heures sombres, répéta-t-elle, et je suis ici pour toi, Falcio val Mond.
La semaine précédant la chute du château aux mains des ducs, le roi s'était entretenu en privé avec chacun des cent quarante-quatre manteaux de gloire, et lui avait confié une mission. Il avait appelé ces missions "Serments inviolables", un terme qu'il avait sans doute retenu de l'un des ouvrages anciens qu'il lisait. Certains étaient tenus au secret, d'autre non. J'étais chargé de retrouver les charoïtes du roi.