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Critiques de Sally Rooney (496)
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Normal People

Un million d'exemplaires vendus, un prix, une série télé, ♫ et moi, et moi, et moi ?♫

Il m'a fallu beaucoup de temps pour rentrer dans cette histoire d'amour et d'amitié - suis-je normale ? ;-).



La narration est particulière. Un peu plate. Les dialogues ne ressortent pas du texte, ils sont noyés dans les paragraphes. Ce roman censé se passer en Irlande, dont Dublin, pourrait se dérouler n'importe où. Il est comme aseptisé, privé d'identité, d'ADN....



Connell et Marianne vont dans le même lycée, ils sont tous les deux extrêmement intelligents, et tout indique qu'ils auront une mention très bien au bac .

Là s'arrêtent leurs points communs et commencent leurs différences.

Il est très beau , pas elle..

Le père de Marianne est mort , celui de Connell est absent du paysage depuis sa naissance, sa mère travaille comme femme de ménage chez celle de Marianne, laquelle habite un immense manoir.

Il est bon en foot, a pleins d'amis, est parfaitement intégré ; elle, pas du tout. Elle est froide distante, subit de la maltraitance chez elle et au lycée où elle n'est proche de personne.

Et pourtant, un jour, ils se rapprochent : attirance intellectuelle ? attirance sexuelle ?

Un peu des deux ,mais aussi parce que Connell ne se sent pas aussi à l'aise avec les autres filles qu'avec Marianne. Mais le garçon impose à la jeune fille, le secret, car il a du mal à assumer cette relation devant ses amis.

Grace à Marianne, il visera haut pour le choix de son université et il se retrouveront à Dublin tous les deux, seulement voilà , leur relation a pris fin avant la fin des cours à cause de ce secret, et à la fac, tout a changé, Connell se sent emprunté, pas à sa place au milieu des gosses de bourgeois. Marianne, grand seigneur, lui tendra la main...



Quatre ans d'amitié, de relations amoureuses interrompues , souvent pour incompréhension, d'autres partenaires, de dépression...

C 'est que ces deux là sont compliqués...

C'est en cela que ce roman d'apprentissage est loin d'être universel car peu de gens se reconnaîtront dans ces portraits... Ils se reconnaîtront dans les hésitations, dans le manque d'assurance, dans les balbutiements, dans le fait de vouloir faire partie d'une bande, d'un tout. Etre normal : qu'est ce que ça veut dire ?



J'ai trouvé que les portraits psychologiques des deux personnages étaient inégaux. Autant l'évolution, les errements les doutes, de Marianne s'expliquent par sa famille ( les rapports entre elle et sa mère, elle et son frère) , autant j'ai eu plus de mal avec l'évolution de Connell. J'ai bien compris que c'était un taiseux, qu'il y avait un gouffre financier entre lui et ses nouveaux "collégues", mais ses qualités intellectuelles, le plaisir qu'il pourrait tirer de l'enseignement, de se retrouver avec des personnes qui le tirent vers le haut, la stimulation intellectuelle devrait être vécue comme quelque chose de positif.

L'auteure a oublié cet aspect là de la vie estudiantine, de même qu'elle a oublié en route qu'il était très sportif (foot au lycée) , il me semble qu'il aurait dû continuer à faire du sport dans le post bac, cela aurait contribué à son bien-être (endorphines) et à sa côte de popularité . Comment a-t-elle pu oublier cela en route ? La construction de ce personnage n'a aucune logique, aucune continuité.

Mais sans doute avait-elle besoin de faire monter la sauce au niveau névroses, ses personnages ne savent pas comment se faire du bien en dehors d'un lit, Attirés l'un par l'autre mais se fuyant toujours, s'aimant mais voulant n'être que des amis...

Mais que ces deux là sont compliqués !



La morale de l'histoire, c'est qu'ils seront toujours là l'un pour l'autre. Reste à savoir si les deux entendent ce "là" de la même façon, au même moment et avec autant d'intensité...

Ce roman a fait un carton, je ne comprend pas pourquoi un tel engouement !

Je ne pense pas regarder la série.

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Conversations entre amis

°°° Rentrée littéraire 2019 #19 °°°



Ce roman a connu un vif succès, critique et commercial à sa sortie outre-Manche. Sans doute parce qu'il est profondément contemporain, écrit par une jeune auteure irlandaise qui a su croquer un portrait plutôt tendre de la fameuse génération des Millenials à travers son héroïne narratrice, Frances : 21 ans, bisexuelle, poétesse vivant dans une grande précarité. A la fois mature et naïve, elle vit en pleine confusion des sentiments entre sa meilleure amie, ex-petite amie, Bobbi, et Nick, un bel acteur trentenaire marié, désabusé voire dépressif, dont elle tombe profondément amoureuse.



Cela se lit très facilement, beaucoup de dialogues, de conversations à deux, à trois, à plusieurs, de courriels pour dire au final le manque de courage à faire quelque chose de soi, la difficulté à s'engager, à se conformer, à aimer sans se renier.



Mais voilà, j'ai trouvé ce roman absolument minuscule et me suis profondément ennuyée à suivre ces personnages insignifiants ( je sauverai Nick, très touchant ), et ces petites coucheries entre amis sans réel enjeu. J'ai même souvent été agacée par la vacuité du propos et le manque de profondeur de ces personnages très nombrilistes.



Bon, on va juste dire, pour ne pas faire l'aigrie de service, que ce roman n'était pas pour moi, point final. Et vu les éloges qui ont plu au Royaume-Uni, le comparant à Jane Austen ou Salinger pour sa capacité à capter l'air du temps, ce n'est pas bien grave que je sois passée à côté.



Lu dans le cadre du jury Grand Prix des Lectrices Elle 2020 ( n°5 )
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Où es-tu, monde admirable ?

Le nouvel opus de Sally Rooney, auteure à succès de « Conversations entre amis » et de « Normal People » est un roman épistolaire dans lequel Alice et sa meilleure amie Eileen s’échangent de longs e-mails qui succèdent aux missives d’antan.



Alice, écrivaine qui a connu un succès fulgurant, se remet d’une longue dépression dans un petit village irlandais où elle rencontre Felix, un manutentionnaire qui ignore tout de sa célébrité.



Eileen, qui approche comme Alice de la trentaine, travaille pour un salaire dérisoire dans un magazine littéraire de Dublin, et vient de renouer avec le beau Simon, assistant parlementaire qu’elle connaît depuis l’enfance.



Si le parcours d’Alice évoque inévitablement celui de l’auteure, le roman n’emprunte pas au registre de l’auto-fiction si prisé par les auteurs français. Le style marqué par des phrases très courtes privilégie l’efficacité au détriment d’une forme de poésie dont l’auteure regrette à juste titre la disparition.



Roman immobile, dénué de réelle intrigue, le livre de Sally Rooney mêle les confidences intimes et de longues digressions « philosophiques ». « Où es-tu monde admirable ? » est un roman contemporain doux-amer, qui tente de saisir les angoisses existentielles de l’époque, au travers de la correspondance entre deux amies aussi attachantes qu’exaspérantes.



La relation « je t’aime, moi non plus » entre Eileen et le trop parfait Simon finit par lasser tout comme la multiplication de scènes de sexe très « anglo-saxonnes » où chacun des partenaires verbalise tour à tour sa demande et son consentement.



La rencontre improbable entre Alice, romancière que le succès a failli briser, et Félix, qui malgré ses fêlures apparaît comme le personnage le plus authentique du livre, semble moins convenue et offre un semblant de souffle romanesque au dernier opus de Sally Rooney.



Les états d’âmes des deux amies sont marqués par une forme de nombrilisme, mêlé à un sentimentalisme qui paraît parfois un peu surfait. Les deux héroïnes évoquent ainsi deux enfants gâtées se complaisant dans un examen introspectif sans fin de leurs sentiments respectifs.



Certaines réflexions frappent toutefois par leur justesse, notamment lorsqu’Alice évoque à quel point le renoncement à la Beauté de notre civilisation happée par le fonctionnalisme, est le signe de sa décadence. La fulgurance de ces digressions sur la vacuité de la célébrité, sur les signes annonciateurs de la fin de notre Civilisation ainsi que sur le message d’un christianisme en voie d’extinction confèrent au roman une forme de supplément d’âme.



« Où es-tu monde admirable ? » est un ouvrage déroutant, qui subjugue son lecteur par sa finesse et son ambition autant qu’il l’exaspère par l’introspection parfois geignarde de ses héroïnes.



Dans son dernier livre, Sally Rooney nous propose un roman en forme de miroir d’une époque désenchantée. Malgré ses imperfections, « Où es-tu monde admirable ? » est sauvé par la justesse du regard désabusé que portent ses personnages sur un monde abandonné par la transcendance.

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Normal People

« Normal People » est le deuxième roman d’une jeune auteure irlandaise, Sally Rooney, dont le premier livre, « Conversations entre amis », esquissait le portrait doux-amer de la génération des millennials.



Le roman nous narre les années charnières qui marquent la fin de l’adolescence et le début de la vie adulte de Connell et Marianne, qui ont grandi ensemble à Carriklea, une ville de province irlandaise. Son titre est teinté d’ironie, tant les failles de Marianne sont béantes, et tant la normalité de Connell n’est qu’apparence. On peut également y lire l’aspiration sincère de ses deux héros à entrer dans la ronde, à intégrer le cercle des « gens normaux ».



Issue d’une famille aussi aisée que dysfonctionnelle, Marianne est une lycéenne introvertie et un peu hautaine qui n’a jamais intégré les codes que maîtrise à la perfection Connell, beau jeune homme en vue du lycée, footballeur et élève émérite. Ce dernier est élevé par Lorraine, mère célibataire employée comme femme de ménage par la famille de Marianne.



L’alchimie improbable entre Connell et Marianne est une évidence, et les deux adolescents deviennent rapidement amants. S’ils partagent d’indéniables facilités intellectuelles ainsi qu’un goût sincère pour la littérature, le gouffre qui sépare leurs classes sociales et leurs réputations lycéennes respectives semble immense. C’est d’ailleurs pour respecter les codes implicites qui régissent la vie des lycéens que le couple ne s’affiche pas, et que Connell n’invitera pas Marianne au bal de fin d’année.



Il décidera néanmoins de suivre cette dernière au Trinity College de Dublin pour y étudier les Lettres. Les jeunes amants vont rompre, devenir amis et les rôles vont s’inverser. Tandis que Marianne évolue enfin comme un poisson dans l’eau parmi les étudiants aisés de la célèbre faculté, Connell cherche sa place dans ce milieu particulier où des étudiants discourent sans fin sur des livres qu’ils n’ont jamais lus.



Les mois, les années passent, Connell et Marianne vont continuer à s’aimer à leur façon, à évoluer en miroir inversé. Ils affronteront l’un et l’autre les fêlures tapies dans l’ombre depuis le début de leur histoire, et pourront compter sur le lien intangible qui les relie depuis la fin de leur adolescence.



« Normal people » permet à Sally Rooney de disséquer au scalpel cette période clé qui va de la fin du lycée aux premières années passées à l’université. L’auteure dévoile avec une finesse étonnante l’importance du qu’en-dira-t-on, la cruauté inouïe qui s’abat sur celui ou celle qui sort un tant soit peu de la norme, la nécessité presque vitale de faire partie des « Normal People ».



Au fur et à mesure des revirement successifs qui marquent l’évolution de la relation entre Marianne et Connell qui oscille inlassablement entre amour et amitié, l’intrigue devient à la fois plus sombre et plus lointaine. L’auteure approfondit les non-dits, les fêlures, les failles qui menacent d’emporter ses héros. Le roman glisse ainsi sur une pente psychanalytique en explorant les méandres de la dépression qui frappe Connell et les pulsions masochistes qui hantent Marianne.



« Normal People » séduit par la facilité déconcertante avec laquelle l’auteure instaure une atmosphère, une forme d’intimité entre le lecteur et ses héros, ainsi que par l’acuité parfois cruelle du regard qu’elle porte sur une certaine jeunesse irlandaise.



Et pourtant, les trop nombreuses oscillations de la relation entre Connell et Marianne, le développement aussi sombre que psychologisant de l’intrigue m’ont davantage décontenancé qu’ému. A l’instar des héros du roman, je suis resté à distance, je ne suis pas parvenu à entrer dans la ronde, à intégrer le monde un peu froid des « Normal People ».

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Où es-tu, monde admirable ?

Eileen et Simon sont amis depuis toujours. Alice et Eileen entretiennent une relation épistolaire. Alice tente l’aventure d’une vie de couple avec Regis, bien que tout les sépare. Alice est une autrice connue et célèbre, Regis partage sa vie entre l’entrepôt d’expédition de colis et ses soirées au pub. Tout au long du roman, nous assisterons aux échanges multiples, souvent à distance, jusqu’à ce que le hasard ou la volonté les ramènent à se rencontrer tous les quatre.



C’est surtout au travers de la correspondance entre Eileen et Alice que Sally Rooney nous propose sa vision du monde actuel, sur les thèmes des relations homme-femme, de l’amour, de l’amitié, de la religion ou de l’injustice et de la part de hasard qui construit les destins. Sans oublier les affres de la production littéraire et les conséquences de la célébrité.



Il règne dans ce roman une ambiance nihiliste certaine, sur le thème du c’était mieux avant, à présent tout est laid, tout est corrompu, et l’homme ne mérite pas d’être racheté. Certes la simple écoute d’un bulletin d’information suffit s’il en était besoin pour constater la dégradation de nos conditions de vie, mais le passé n’est pas forcément un paradis perdu.



C’est sombre, tristounet, et les quelques parties fines ne relèvent pas la marasme général.



Découverte de l’autrice, mais pas convaincue par le propos.



384 pages L'Olivier 19 août 2022


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Normal People

L’histoire de Connell et de Marianne, c’est une histoire d’amour mais aussi celle du chat et de la souris. On les rencontre en janvier 2011 alors qu’ils sont encore lycéens. Connell est un jeune footballeur, aussi bon et populaire dans ses études que dans ses activités sportives et qui bénéficie d’un certain succès. Marianne, bien que riche, est une jeune fille solitaire, qui – malgré sa réussite scolaire – ne parvient pas à se faire des amis. Tout porterait à croire que rien ne les pousserait à se fréquenter à part Lorraine, la mère de Connell qui travaille pour la riche famille de Marianne. Vient ensuite l’université, ses codes mais aussi le renversement de popularité.



C’est tout un pan de leur vie que nous conte Sally Rooney jusqu’en février 2015, aux travers des moments de bonheur mais aussi de leurs failles. D’abord au sein du lycée puis à l’université où les chamboulements se multiplient pour cette jeunesse qui n’est pas encore prête à affronter sa vie d’adulte. Ayant connu aussi cette période de l’université où, à peine âgée de 18 ans, toutes nos certitudes s’effondrent et qu’on quitte doucement les chemins de l’enfance pour l’âge adulte, j’ai pu ressentir les émotions et sentiments que l’auteure a souhaité condenser dans ses personnages.



Sally Rooney nous conte une histoire contemporaine d’amitié et d’amour, dans laquelle Connell et Marianne se perdent pour parfois mieux se retrouver mais aussi parfois mieux se quitter. C’est un récit sensible, sans pourtant tomber dans le mièvre que cet apprentissage de la vie. Très actuelle, l’histoire parvient à attirer le lecteur qui ne peut que se demander si les chemins des deux personnages principaux arriveront à devenir plus qu’un seul.



Souvent le lecteur pourra être frappé par la justesse des émotions, par l’essence des échanges. Écrit avec un style assez direct et clinique, c’est alors parfois malaisé de s’attacher aux protagonistes. Le fait que le regard des autres importe beaucoup pour ces deux jeunes ne fait que nous renvoyer à notre société actuelle où on étale sa vie sur les réseaux sociaux, cherchant en quelque sorte l’approbation de nos concitoyens.



Une petite originalité dans la forme de ce livre est que les dialogues ne sont pas édités comme les livres traditionnellement, ce qui ne permet pas de les distinguer clairement par rapport au reste. Cela m’a quelque peu déstabilisée au départ car j’ai dû m’y habituer et je pense que ce style risque de rebuter plus d’un lecteur.



Pour les aficionados de films et séries, sachez que ce livre « Normal people » a déjà été adapté sous le format d’une série irlandaise de 12 épisodes d’une trentaine de minutes chacun. Je compte bien la regarder très prochainement et vous ferai part de mon ressenti quant à cette adaptation.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Normal People

J’ai eu une curieuse expérience avec ce roman, reçu de mon fils en 2019.



Je ne l’avais pas aimé, lui attribuant deux étoiles et demi mais, faute d’arriver à développer mon ressenti, ne l’avais pas critiqué ici.



J’ai néanmoins éprouvé le besoin de le relire récemment - bizarre me direz-vous pour un livre que je n’avais pas aimé.

Durant près de quatre ans, Il est resté à portée de main, je ne pouvais me résoudre a le ranger tant que je n’aurais pas rédigé mon avis…

Ma seconde lecture entérinait toutefois mon opinion initiale, ce livre n’est pas pour moi, ne ressentant aucune empathie avec les deux personnages principaux dont les chemins ne font que se croiser et se séparer: suis-je à ce point en décalage avec cette jeune génération ?



Lors de la rédaction de ce billet, j’ai entamé une troisième lecture et là, surprise : j’ai été charmé par cette dernière lecture tout d’abord par l’écriture de Sally Rooney, très fluide, parsemée de nombreux dialogues, et avec de touchantes descriptions des lieux ou des sentiments :



« Il y avait dans tout quelque chose de sensuel : l’odeur de renfermé des salles de classe, le timbre métallique de la sonnerie de fin de cours, les arbres sombres et maussades qui se dressaient telles des spectres autour du terrain de basket.”



“Parfois, il a l’impression que Marianne et lui sont des patineurs artistiques, improvisant leurs discussions avec une adresse et une synchronisation si parfaite qu’ils s’en étonnent tous les deux.”



J’ai eu un véritable plaisir de relire le livre en entier au point de totalement changer de point de vue !



J’ai pu dépasser mes réticences devant les moments de parfaite symbiose entre Connell et Marianne suivis de ruptures dues à une mauvaise communication entre eux, le roman va en effet plus loin et aborde de nombreux thèmes tels l’opinion des autres, la soumission et le consentement dans les relations sexuelles, les violences familiales, l’alimentation, la santé psychique, la dépression et les envies suicidaires et bien évidemment le capitalisme, l’argent et les différences de classe sociale.

“Tout le monde fait semblant de ne pas savoir que leur vie sociale obéit à une hiérarchie où certains sont tout en haut, où d’autres se bousculent à mi-hauteur, et où les derniers se débattent tout en bas”.



Les deux protagonistes sont cultivés, lisent Proust, Baldwin, Mao, Salter, Austen,…, s’intéressent à la politique, à la Syrie, à Gaza et la crise souveraine en Europe.



Le roman se structure en chapitres donnant tour à tour un regard sur les pensées des deux jeunes, avec des intervalles de quelques mois. Et se livrent à des introspections



Bref, ce fut au total un renversement total de mon opinion et je passe à quatre étoiles !



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Normal People

«  Elle a passé la plupart de son enfance et de son adolescence à élaborer des plans sophistiqués pour s’épargner les conflits familiaux » .



«  À l’école , les garçons avaient tenté de la briser à force de cruauté et de mépris » .

Deux extraits de ce roman qui conte les années charnières marquant la fin de l’adolescence , puis le début de la vie adulte de Connell et Marianne .



Ils ont grandi dans la même ville d’Irlande .



Elle , la solitaire plutôt intello, assez maladroite : les garçons avaient tenté de la briser, à l’école comme à la fac soit par le mépris et l’irrespect soit , à la fac à l’aide du sexe et de la popularité , tous dans le but commun de dompter sa force de caractère .



Sans cesse , le bouc émissaire ..

Personne ne lui adresse la parole , elle a peu d’amis

Connell , au contraire est le joueur de foot , en vue, très populaire.

L’étincelle se produit : le fils de Lorraine , femme de ménage , et l’intello sophistiquée connaissent ensemble leur premier amour .



Un an plus tard , Marianne s’épanouit au Trinity Collège de Dublin , Connell lui , a beaucoup de difficultés à s’adapter à la vie universitaire .

Entre eux, le jeu commence : un jour tout va bien , le lendemain ,le drame pointe et les sentiments vacillent ….



Deux personnalités différentes, deux milieux sociaux opposés , les deux personnages sont indécis, compliqués .



Ils intellectualisent trop : d’où des relations tourmentées , des allers et retours tissés de hauts et de bas.



On suit leur histoire d’amour de janvier 2011 à février 2015, : leurs espoirs , leurs doutes , leurs errances affectives et intellectuelles , leurs complexités mêlées , leurs tourments ,leurs indécisions .

L’auteure nous livre un roman d’apprentissage , sur l’humain , le devenir, .le sexe , la jeunesse, l’amitié .

Le style me paraît plat …

Je vais décevoir les inconditionnels …

Je n’ai pas été vraiment convaincue , trop de longueurs , de mollesse , je me suis ennuyée ….à suivre le première amour entre Marianne, la solitaire, et Connell le taiseux .



On nous dit que c’est un roman phénomène , il m’a plutôt déprimée !

Mais bon, ce n’est que mon humble avis , bien sûr.

Je ne suis pas le bon public .

Emprunté par hasard à la médiathèque .
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Où es-tu, monde admirable ?

« Si tu n’étais pas mon amie, je ne saurais pas qui je suis. »



Alice, Eileen, Simon, Felix : deux femmes, deux hommes réunis dans un quatuor d’amitié et d’amour, à moins que cela ne soit l’inverse. Liés de longue date ou plus récemment, et arrivés au cœur de la trentaine, l’heure est à l’interrogation sur le véritable passage à l’âge adulte, forts des expériences déjà passées, mais inquiets devant la tournure prise par l’époque.



Dans Où es-tu, monde admirable (Quel titre, où la traduction légèrement différente du vers allemand d’origine ou du titre britannique fait une sacrée différence - Bravo Laetitia Devaux), Sally Rooney nous plonge dans le tourbillon existentiel de deux amies d’enfance, que la vie a malmenées sans pour autant les séparer.



Alice, romancière à succès, qui a tant souhaité la célébrité qu’elle la subit maintenant qu’elle est là : « Je suis consciente de l’extraordinaire privilège de pouvoir gagner ma vie avec quelque chose d’aussi inutile, par définition, que l’art. » Et Eileen, assistante littéraire à la vie solitaire comme le fut son enfance avant qu’elle ne rencontre Alice puis Simon. Peu de choses en commun, excepté leur jeunesse, les souvenirs, leurs échanges sur leurs amours respectifs. L’amitié, quoi…



En racontant ces tournants de vie, Sally Rooney ne se contente pas d’explorer les états d’âmes de ces jeunes trentenaires (dont je suis parfois resté spectateur), mais à travers elles, raconte à voix haute les travers de notre siècle. Et là, c’est absolument délicieux ! Car tout y passe. Florilège, non exhaustif :



La course à la célébrité : « Les gens qui deviennent célèbres parce qu’ils le veulent – je parle des gens qui, après avoir goûté à la gloire, en redemandent – sont, et je le crois en toute sincérité, psychologiquement malades. »



La vacuité de beaucoup de combats à mener : « J’ai envie de vivre autrement, ou s’il le faut, de mourir pour que d’autres puissent un jour vivre autrement. Mais quand je cherche sur Internet, je ne vois pas beaucoup d’idées qui vaillent la peine de mourir. La seule qu’on y trouve, il faut croire, c’est qu’on devrait contempler l’immense misère humaine qui s’étale sous nos yeux et se contenter d’attendre que les moins malheureux et les moins opprimés nous disent comment y remédier. Comme si on croyait que les conditions de l’exploitation génèreront miraculeusement une solution à l’exploitation. »



Les auteurs contemporains et leurs travers « hors sol » : « Pourquoi prétendent-ils être obsédés par la mort, le deuil ou le fascisme alors qu’en réalité, ils sont obsédés par la question de savoir si leur dernier livre va être chroniqué par le New York Times ? (…) « Ils rentrent chez eux après un week-end passé à Berlin, quatre interviews, trois séances photos, deux rencontres à guichets fermés, trois long dîners agréables où tout le monde s’est plaint de mauvaises critiques, et ils ouvrent leur vieux MacBook pour écrire un petit roman bien senti sur “la vie ordinaire“. Je ne dis pas ça à la légère : ça me donne la nausée. »



Les comportements sexuels « Honnêtement, je me dis que si tout homme qui s’est un jour mal comporté dans un contexte sexuel devait mourir demain, il en resterait environ onze sur terre. Et pas que les hommes. Les femmes, les enfants, tout le monde. Là où je veux en venir, c’est sans doute à ça : Et si ce n’était pas seulement un petit nombre de personnes malveillantes qui craignaient que leurs mauvaises actions soient exposées ? Si c’était notre cas à tous ? »



La laideur de l’époque « Ma théorie, c’est que les humains ont perdu le sens de la beauté en 1976, l’année où le plastique est devenu le matériau le plus utilisé au monde. »



Le pardon : « On déteste les gens à cause de leurs erreurs tellement plus qu’on ne les aime pour avoir bien fait, que la façon la plus simple de vivre est de ne rien faire, de ne rien dire et de n’aimer personne. »



La liste pourrait être encore longue de tous ces aphorismes délectables, incluant la religion, la littérature – on croise ici Proust, Morisot, Manet, Picasso, Ernaux, Miles Davis, Henry James ou Tolstoï – le sexe ou la beauté. Le tout dans un style qui m’a particulièrement ravi : « Il avait une voix claire et mélodieuse avec une pureté tonale qui emplissait la pièce, montait puis retombait si bas qu’elle en avait presque la qualité du silence. »



En conclusion, paraphrasant le Tancrede du Guépard, il faudrait finalement que tout change pour que rien ne change : « Je veux que tout soit comme avant, a dit Eileen. Qu’on soit à nouveau jeunes, qu’on habite l’une près de l’autre, que rien ne change. »



Et un peu après, « Alors, malgré tout, malgré l’état du monde tel qu’il est, l’humanité au bord de l’extinction, me voilà encore en train d’écrire un mail sur le sexe et l’amitié. Mais qu’y a-t-il d’autre à vivre ? »

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Conversations entre amis

Un premier roman de l'autrice irlandaise, Sally Rooney qui m' a plutôt plu. C'est un roman où l'amour et l'amitié se mêlent.

Frances, l'héroïne et narratrice est une jeune étudiante poétesse de 21 ans. Elle a vécu un temps avec Bobbi, une jeune étudiante du même âge en étant amantes. Un jour, elles rencontrent Melissa, une photographe d'une trentaine d'années, elle voudrait les aider à publier des poèmes. Melissa les invitent toutes les deux chez elle et lui présente son mari, Nick. Bobbi a le coup de foudre avec Melissa. Frances ressent de la jalousie face à cette attirance. Elle-même est très attirée par Nick.

C'est un peu les jeux de l'amour et du hasard...

Un roman où on se laisse aller par cette histoire. On ne sait pas trop l'évolution de ces personnages, mais il y a une certaine langueur qui nous attire à en savoir plus. Frances, on a que son point de vue, débarque dans cette vie artistique. A deux, à quatre ou plus ils conversent sur l'amour, l'amitié, la religion, le capitalisme. De sexe il en est beaucoup question, par contre les sentiments sont tabous, gommés par une certaine pudeur des personnages.

En résumé, j'ai bien aimé cette lecture vagabonde, un peu charmeuse et lointaine à la fois.

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Normal People

Le bandeau qui orne la couverture de Normal People et qui annonce un million d'exemplaires vendus peut servir de repoussoir à l'amateur de littérature exigeante (ou se croit tel). Qui plus est quand le livre est devenu matière à mini-série et que le premier roman de l'irlandaise Sally Rooney, Conversations entre amis, semblait, sans s'être donné la peine de le lire, du genre poids léger. Funeste erreur, mea maxima culpa, voici une auteure qui vous attrape par le col dès les premières lignes et ne vous lâche plus. Et d'abord, quel bonheur de lire un ouvrage qui ne cherche pas à imposer une construction tarabiscotée mais préfère progresser dans le temps, sur 4 ans, réservant les quelques flashbacks à l'intérieur même des différents chapitres, chacun séparé de plusieurs mois du précédent, entretenant un suspense constant. Le livre traite exclusivement des relations entre Connell et Marianne, lycéens puis étudiants, entre amitié, amour et rejet. Le livre est excitant parce qu'il exploite un thème universel, avec tous ses nombreux à-côtés, et riche d'une précision psychologique qui a quelque chose de presque effrayant. Les deux héros du livre sont loin d'être parfaits, soumis à un jeu social perpétuel et cruel pour lequel leurs armes ne sont guère affutées, les exposant à la dépression, voire à une dégradation de leur état mental. Marianne et Connell se sont trouvés mais ils se fuient sans arrêt, se frôlent, se touchent, s'éloignent, intimement convaincus qu'ils sont faits l'un pour l'autre mais pas assez mûrs ou trop peu sûrs d'eux-mêmes ou de l'autre pour avoir le courage de voir la réalité en face. Ce constant va-et-vient dessine une carte du tendre moderne et elle est infiniment complexe, rappelant, avec un éventail moins large, celle du formidable roman québecois La trajectoire des confettis. Par son style et par ses remarquables dialogues, Normal People fait aussi parfois penser à Philippe Djian, quand il est à son meilleur et nous déconcerte et nous séduit à la fois, par un côté direct et en même temps très travaillé et sophistiqué dans ses entrelacs. Un million d'exemplaires vendus, émois, émois, émois !
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Où es-tu, monde admirable ?

Alors que je n'avais pas été sensible au deuxième roman de l'auteur , j'ai décidé , devant son succés, (et surtout parce que ma fille a acheté son premier !) , de lui redonner une chance. Et bien m'en a pris, comme quoi : ne jamais dire jamais ...



Alice a loué un presbytère dans un village où elle ne connait personne. Elle a laissé sa meilleure amie Eileen à Dublin, ayant comme objectif : écrire un nouveau roman. de façon fulgurante (et assez incompréhensible pour elle), elle a connu un immense succés et un de ses livres est adapté au cinéma. Aussi , Alice n'a-t-elle, aucun problème d'argent, quand elle rencontre Felix, sur Tinder , qui, lui, ne posséde rien, et a un job qu'il déteste.

Quand à Elleen, elle a un boulot qui lui plait beaucoup, dans l'édition, mais elle gagne des clopinettes. Elle retrouve un de ses amis d'enfance , Simon pour lequel, elle a toujours eu un faible.

Eloignées,, les deux amies échangeront les avancées de leurs vies, leurs réflexions sur le monde, par-mails.



Ça, c'est ce que raconte plus ou moins le résumé, mais ce n'est pas un roman : qu'épistolaire, on suivra les deux trentenaires dans leurs sorties, leurs dialogues, leurs scénes d'amour et leurs retrouvailles. En parallèle de cette histoire d'amitié, ce roman raconte deux histoires d'amour.

Le point fort de Sally Rooney, c'est qu'elle parle de son époque. Ses histoires d'amour n'échappent pas à l'air du temps. Elles sont balbutiantes, hésitantes : chaque personnage n'osant pas faire un pas de plus que son partenaire. Beaucoup d'incompréhension , de " je veux rester ton amie, alors je te quitte pour garder cette belle relation qu'on a "... Un personnage qui ne rechignerait pas à un plan à trois, voir plus si affinités, de la bisexualité exprimée et donc, normalisée. Une femme qui gagne plus que son homme. Le fameux consentement exprimé dans toutes les scénes d'amour qui tranche avec la passion, la rapidité de certaines scénes de romans plus anciens...

Ce en quoi, cette histoire d'amours et d'amitié est "moderne".

Et si les personnages sont gentiment malheureux au départ, ont connu la dépression , ils se font du bien mutuellement jusqu'à y trouver un équilibre .

Il y a des réflexions sur notre époque qui font se pâmer les intellectuels qui n'y voit donc pas une histoire d'amour , romantique et cul-cul la praline, mais certains passages sont vraiment ennuyeux... Il ne faut pas pousser, ces deux personnages féminins ne s'interrogent pas sur" le monde, l'inégalité , l'injustice, la violence" , aussi intensément que l'éditeur le prétend, elles vivent aussi ...

Mais , J'ai aimé le fait qu'Alice soit écrivaine. Sorte de double de Sally Rooney, d'ailleurs leurs prénoms ont la même sonorité ( A-LI- CE / S-A-LLY). On ne peut s'empêcher de penser que le succés qui s'abat sur Alice a dû être aussi destabilisant pour Sally Rooney. Elle aussi a vu ses livres adaptés sur petit et grand écran, donc elle aussi vit ( mal ? ) la célébrité. Tout cela sonne juste et peut être troublant.

J'ai suspendu mon souffle tout du long en me demandant ce que voulait Felix, si c'était Alice qui l'attirait ou son argent... Et comment cela allait-il finir. C'est LE personnage le moins " palpable".

Le style d'écriture est assez détaché, clinique ( ça frappe lors des scénes de sexe) , Sally Rooney intellectualise tout. Ce qu'elle "dit" est aussi important que ses silences ; on aime ou on n'aime pas...



Des personnages un peu cabossés par leur éducation, la vie , mais qui sauront donner le petit coup de pied au fond de la piscine, à la fin ! Je suis réconciliée avec Sally Rooney !
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Normal People

Normal people raconte une histoire vieille comme le monde, celle de deux adolescents qui tombent amoureux, oui mais...Connell fait partie des élèves populaires du lycée quand Marianne, différente et solitaire, est rejetée par tous, oui mais... Connell est élevée par une mère célibataire qui fait le ménage dans la famille dysfonctionnelle et néanmoins richissime de Marianne, oui mais... quand les deux jeunes gens quittent leur petite ville de province pour aller étudier à Dublin, les rôles semblent s'inverser. Qu'adviendra-t-il de cet amour ?



Normal people m'a d'abord captivée par son ton à part, sa manière de raconter tant de choses si cruelles en quelques pages, sa narration résolument moderne qui ne perd pas de temps en description mais nous fait partager les pensées et actions des personnages. J'ai souffert avec Marianne de cet amour à sens unique, de tous ces espoirs déçus et des blessures profondes que lui inflige Connell sans même s'en rendre compte. Je me suis attachée à ces personnages et ai continué à les suivre avec intérêt à leur départ pour Dublin et l'université, là où les rôles semblent s'inverser, là où les classes sociales, le patrimoine culturel et financier, la profession des parents commence à compter. L'auteur m'a fait partager le désarroi de Connell et la revanche (malgré tout amère) de Marianne, devenue une étudiante populaire et courtisée quand celui-ci n'arrive pas à s'intégrer.



Et puis, et puis, j'ai commencé à être agacée par de petits détails. J'ai trouvé que l'auteur en faisait trop avec sa vision des rapports de force entre classes sociales, enfermait ses personnages dans un destin pré-tracé sans leur laisser aucune chance d'évoluer ou de changer. Connell, décrit comme extrêmement brillant et intelligent, ne peut-il pas s'en sortir par les études et la réussite scolaire ? Marianne, certes traumatisée par sa famille et sa jeunesse, ne peut-elle pas évoluer et est-elle obligée de se complaire dans des relations humiliantes et sans lendemain ? Au fil des pages ce livre m'a paru de plus en plus artificiel et convenu, comme une mauvaise pièce de théâtre où les personnages devenus des archétypes ressasseraient toujours la même scène pour servir le propos de l'auteur. Car c'est malheureusement aussi ce qui arrive avec Normal People, les glissements dans le temps successifs dont la narration se construit et qui avaient beaucoup de charme au début finissent par raconter toujours la même histoire en mode "je t'aime moi non plus" : les personnages sont toujours à contretemps, s'aiment et se blessent, se quittent et se retrouvent, le tout est de moins en moins crédible et de plus en plus lassant, surtout quand la dépression et les comportements border-line s'en mêlent. J'ai fini ce roman avec soulagement, passablement lassée et agacée, ne voyant absolument pas où l'auteur voulait en venir et nous emmener. Ma lecture m'a finalement fait l'effet d'un sous "Un jour" de David Nichols auquel elle me faisait irrésistiblement penser depuis le début, la banalité et l'absence d'intérêt en plus. Je ne comprends pas le succès de ce roman : tout ça pour ça ?
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Où es-tu, monde admirable ?

Plus sensible que Normal People malgré cette plume clinique, froide et observatrice qui caractérise les romans de Sally Rooney, ce livre décrypte la vie de trentenaires désabusés. La description minutieuse de leurs actions est rythmée par de longs mails qui permettent une plongée plus intime dans l'intériorité des deux femmes héroïnes, entre divagations intellectuelles et épanchement sentimental (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/08/22/ou-es-tu-monde-admirable-sally-rooney/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Normal People

Je ne comprends pas vraiment l'engouement pour ce roman. Déjà, je n'avais pas aimé le premier roman de cette auteure, là c'est clair. Ce n'est pas pour moi. Je ne dois pas être la cible pour ses romans.

J'ai trouvé banale et ennuyeuse cette histoire d'amour amitié entre Connell et Marianne. Ils sont indécis, compliqués, ils intellectualisent tout. Je ne me suis attachée à aucun des personnages et le style est plat et j'ai trouvé les dialogues indigents. Je l'ai terminé ouf et je passe vite à autre chose. Je ne lirai plus rien de Sally Rooney.
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Conversations entre amis

✩ Présélection jury Grand Prix des lectrices ELLE 2020 ✩



Non mais là, à un moment, il faut que je vous dise, la vacuité de ce roman... c'est terrifiant... C'est un peu comme regarder dans les yeux d'un veau, sans l'apaisement lié au vide qu'on y perçoit.



Déjà, il faut dire que rarement un livre aura aussi mal porté son titre parce que de conversation il n'est aucunement question, et les personnages sont tout sauf des amis.



L'histoire est la suivante: Frances tombe amoureuse de Nick. Sauf que Nick est marié à Melissa. Melissa elle, elle aime bien Bobbi. Bobbi c'est une fille, c'est la copine de Frances. Elles ont fricoté au lycée. Et Bobbi voit pas d'un très bon œil la relation de Frances avec Nick, même si elle est pas indifférente à Melissa, qui ne voit pas forcément de problème à ce que Nick et Frances se fréquentent, mais seulement si elle garde le statut de l'épouse de Nick...



Vous n'y comprenez rien? Normal, eux non plus. On dirait une saison des Feux de l'amour, sans la mise à distance kitsch.



Honnêtement je ne sais pas ce que l'auteure a voulu faire ou dire mais en substance c'est une histoire d’amour et d'adultère qu'on a déjà lue ou vue des centaines de fois, le panache en moins.



Autant c'était subversif quand Charlotte Brontë sortait Jane Eyre en 1847, autant aujourd’hui ça n'a plus grand intérêt et je ne pense pas qu'en 2019 il suffise d'ajouter une dose de bisexualité pour rendre la chose plus moderne.



Tout est insipide dans ce roman, les personnages n'ont aucune substance et sont comme des caricatures d'eux mêmes: des bobos artys qui se voudraient avant-gardistes mais se vautrent dans un moralisme social des plus pathétiques.



Tous se présentent ainsi comme progressistes, libres dans leur sexualité et leurs relations, mais en réalité chacun se révèle dans un strict conformisme: Frances veut l'exclusivité dans son couple, Melissa veut garder son statut marital, Nick aussi veut respecter les obligations du mariage...



A ce stade on se dit qu'on sera sauvé de ces pleurnicheries sentimentales par une substance plus politique puisque l'éditeur nous annonce fièrement que le roman se situe dans une "capitale poste crise économique où la jeunesse débat sur les ravages du capitalisme" et que "la voix de Frances (...) est celle de sa génération"



Là encore la désillusion frappe en plein visage, et personnellement j'aime pas trop ça, qu'on me frappe en plein visage.



Parce qu'alors si en 2019 débattre sur les ravages du capitalisme c'est se contenter d'écrire des choses comme "Philip souffrait d'avoir l'air riche lui aussi" ou de se définir comme "communiste" parce qu'on voudrait pas avoir "l'air riche" même si on fait des études en vivant aux crochets de papa et maman, dans un appartement mis à disposition par son tonton, tout en passant ses vacances chez des amis qui ont une villa en Bretagne...



Apparemment c'est encore écrire:



" j'ai dit que je ressentais parfois l'envie de rejeter mon appartenance ethnique, comme si, alors que j'étais de toute évidence blanche, je n'étais pas "vraiment" blanche, en tout cas pas comme les autres Blancs".



Là, alors là, je n'ai pas de mot.



Reprenons donc, on en est là: une bluette type Les mystères de l'amour en moins trash + une réflexion politique aussi intense qu'une mousse d'eau battue à l'air.



En l'absence de fond, reste la forme me direz-vous...



Et c'est encore un mawashi-geri, coup de pied circulaire dans la face tant le roman est dénué de style.



Je pense vraiment qu'il faut arrêter de qualifier de "poésie naïve" le vide syntaxique absolu.



Fait intéressant et révélateur, le parti pris étrange de supprimer les cadratins du récit, alors 1/ qu'on parle de sentiments (amour ou amitié peu importe) 2/ qu'on est supposé parler de "conversations".



Typographiquement, et donc symboliquement, c'est le dialogue qu'on supprime.



Et c'est précisément le gros défaut (enfin le plus gros, parce qu'il y en a beaucoup): il n'y a aucun échange, aucun dialogue.



On est face à un long monologue plaintif et autocentré, dépourvu d'humour et de recul.



On retrouve dans le récit ce qui, selon Brett Easton Ellis, caractérise cette génération des millenials: une quête constante et geignarde d'approbation mêlée à un vide existentiel vertigineux.



Chaque personnage se tripote le nombril en envoyant des textos, c'est à la fois vain et vaniteux, c'est vraiment terrible.



En bref, passez votre chemin, mais genre contournez ce roman de loin, très loin.




Lien : https://chatpitres.blogspot...
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Où es-tu, monde admirable ?

En ouvrant Où es-tu monde admirable, j’ai eu l’impression de retrouver l’héroïne de Normal people en version adulte. Eileen et Alice, les 2 correspondantes trentenaires du roman, sont plus mûres que Marianne mais pratiquent aussi allègrement la valse hésitation et se questionnent beaucoup : sur l’amour bien sûr , l’amitié, la foi, mais aussi sur l’état du monde ou la chute des civilisations. Elles ont un regard très lucide, parfois très sombre, sur la société qui les entoure.

« On déteste les gens à cause de leurs erreurs tellement plus qu’on ne les aime pour avoir bien fait que la façon la plus simple de vivre est de ne rien faire, de ne rien dire et de n’aimer personne. »

Le style de Sally Rooney, facilement reconnaissable, très clinique, oscille continuellement entre dialogues et descriptions minutieuses. Ainsi, tout est parfaitement lisible : c’est presque une pièce de théâtre qui se joue sous nos yeux. Et si l’incapacité au bonheur des 2 amies peut parfois agacer, on se laisse finalement prendre assez vite à ces tergiversations de l’amour et aux nombreuses possibilités qu’elles offrent 😉

J’ai donc très vite été happée.

Et j’ai beaucoup aimé.
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Normal People

J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce roman. Les demi-sourires hésitants, les visages de lune, les réponses qui se veulent insolentes sans l'être, m'ont assez vite lassée. Ce n'est pas tant l'étrangeté des personnages qui m'a dérangée, mais je trouve cette étrangeté assez immobile dans le sens où les personnages stagnent et se complaisent dans une histoire qui s'englue, et la plume de l'auteur piétine aussi. Les personnages lunaires de Yoko Ogawa pour prendre une référence que j'apprécie particulièrement me plaisent pourtant énormément, car elle met en évidence des fêlures visibles à travers ces étrangetés. Cela donne à ses personnages une épaisseur qui ouvre le récit et donne une envergure à la trame qui s'épanouit, puis révèle des personnages complexes et attachants. Ce n'est pas le cas ici. Il y a une complaisance à vouloir s'engluer dans l'étrangeté d'une relation qui n'évolue qu'avec beaucoup de pas en avant et mêmes pas en arrière, rougeurs, remarques sibyllines. le tout sur une trame finalement assez banale qui oppose deux personnages : le taiseux, l'expansive. le pauvre, la riche. le beau, la moche. L'histoire d'amour mal engagée, se noue, se dénoue. Et on charge la barque des névroses, parce que ça va bien avec l'époque. Enfin ça allait bien avec l'époque, parce qu'après cette pandémie, je n'ai pas envie de lire ça ! Ensuite, nous les suivons dans leurs études, leur relation sans cesse remise en cause, leurs dialogues brefs et nerveux. Rien de galvanisant, d'excitant ne ressort de ce récit.



Encore un livre trop gonflé par la critique qui aime les écritures plates ou blanches tant elles prêtent à interprétation dans de multiples directions, peuvent suggérer une chose et son contraire et rallier ainsi un maximum de lecteurs. D'ailleurs, c'est ce que vend la couverture du livre : plus d'un million d'exemplaires vendus. Et puis, celà permet de sortir l'argument de vente infaillible : écriture au scalpel. Quelques traits de visage et d'expression sont bien décrits. Mais tout le reste ne m'a pas particulièrement touchée. Et pourtant les personnages de cette tranche d'âge et les problèmes abordés auraient pu me plaire car ils traitent de problèmes actuels, d'une période pas souvent explorée en littérature. Mais c'est abordé avec une telle envie d'être près d'existences banales (mais attention compliquées à souhait) que l'on se demande bien pourquoi raconter tout ça dans un livre. Je n'ai pas retenu grand chose de cette histoire si hésitante, si insistante à décrire les névroses de jeunes gens dont les complications semblent inventées de page en page pour rallonger le texte, sans but ni logique, ni plaisir.



J'ai mis 2.5/5 mais j'avoue que j'aurais mis 3/5 si la critique n'avait pas été si élogieuse. La déception est grande. J'accorde une plume plate à ce livre. Pas acérée ni au scalpel comme ça a été écrit partout dans la presse.



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Normal People

Marianne et Connell.

Connell et Marianne.

Moi, je les ai trouvés émouvants, poignants.

Sensuels. Incandescents.

Et ce malgré ce style un peu plat, terriblement dépouillé; malgré cette écriture clinique, si loin de tout ce que j'aime habituellement et qui parvient avec une implacable précision à dire toutes les nuances du désir et de l'amour, toute sa complexité quand la difficulté d'être soi et de se construire s'en mêlent, quand le doute et la fragilité sont là.

"Normal People" est un roman troublant, intense et fulgurant, terriblement clairvoyant, doux-amer, et dont la force réside justement dans le contraste entre le dépouillement de l'écriture, si froid, et la brûlure du propos.



Marianne et Connell.

Connell et Marianne.

Ils se sont connus au lycée, dans la petite ville d'Irlande dont ils sont originaires.

Lui est un beau gosse, doux et taiseux, sportif et apprécié de tous. le jeune homme a ce quelque chose du quaterback de ces séries américaines avec lesquelles on a poussé dans les années 2000... L'amour des livres et le manque de confiance en plus.

Elle est arrogante et n'a pas d'amis, elle n'est pas très jolie non plus. Rebelle, weird, asociale…

Parce que la mère de Connell fait des ménages dans la demeure cossue de la famille de Marianne, les deux adolescents en viennent à se fréquenter. Rapidement, un sentiment qui ne dit pas son nom les pousse dans les bras l'un de l'autre et c'est ensemble qu'ils font l'apprentissage du désir et de la sexualité, avec une rare intensité. Leur liaison demeure néanmoins secrète, à la demande de Connell qui n'assume pas vraiment cette histoire, attaché comme il l'est à sa réputation au lycée.

Les mois passent, le lycée aussi: c'est l'heure de l'université et de Trinity College où nous retrouvons les deux personnages qui s'y retrouvent eux-mêmes. Comme par un effet du destin, les rôles s'inversent à Dublin: alors que Marianne s'épanouit et embellit dans ce nouvel environnement, Connell est en marge, rongé de mal-être et de solitude. Leurs retrouvailles, l'amitié amoureuse qui en résulte sont, pour un temps, la seule lueur qui perce le gris de son horizon, jusqu'au prochain coup de théâtre, car au fil des mois et des années, Marianne et Connell ne se quitteront jamais vraiment, embourbés dans une relation indéfinissable où désir et émulation intellectuelle se cherchent et se répondent sans jamais se comprendre vraiment… Un jeu du chat et de la souris où chacun apaise les démons de l'autre avant de disparaître happé par d'autres bras, d'autres rêves; où le timing n'est jamais le bon, surtout…



Dans cette histoire d'amour impossible, pétrie de grâce et de douleur ,de rendez-vous manqués et qui hésite entre désespérance et romantisme infuse aussi une bonne mesure de pessimisme, à peine éclairée par une fin qui fait battre le cœur un peu plus vite, sans mièvrerie aucune. Une fin qui n'en ai pas une.

C'est un voyage beau et éprouvant ce "Normal People", qui semble tendre un miroir à notre société désenchantée pour la mettre face à toutes ses contradictions, pour lui faire réfléchir à ses amours, ses doutes, ses rêves et ses fragilités. Pour lui dire que ça vaut peut-être le coup d'être soi, et d'y croire encore aussi. Malgré tout.



Et quelle acuité dans la réflexion de la part de Sally Rooney, quelle intelligence, quelle modernité aussi dans cette manière de détricoter sentiments et schémas de pensées… Le texte en acquiert presque une dimension salvatrice en plus de sa beauté et ce, grâce à deux personnages d'une rare complexité dont les failles et la vulnérabilité constituent sans doute la plus belle part.







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Normal People



Marianne, l’intello solitaire est le bouc émissaire du lycée. Personne ne lui adresse jamais la parole, pas même Connell, le populaire joueur de foot, élève dans la même classe. Cependant ils se connaissent, la mère de Connell fait le ménage dans l’immense propriété des parents de Marianne.

Deux personnalités différentes, deux milieux sociaux opposés, et pourtant...



Je ne sais pas trop si j’ai aimé ou non ce livre... Le début est très intense, l’écriture presque hypnotique pour décrire l’attraction entre ces deux personnages contraires. La plume m’a emballé, les maltraitances subies par Marianne m’ont émue et j’ai plongé.

Et puis nos amants quittent le lycée et là le soufflé retombe. On passe de vibrant à très barbant voir pédant.

Les relations de Marianne virent au malsain, et m’ont mise très mal à l’aise, les dialogues entre étudiants alcoolisés frisent le nombrilisme, le personnage de Connell perd en consistance. On finit par se dire que toutes ces « petites coucheries entre amis » sont sans grand intérêt.

Une lecture qui reflète bien l’histoire de ce couple : promesse d’ivresse, de passion et puis finalement ça tombe à plat.

Dommage car j’avais bien aimé la plume de cette autrice irlandaise dans les premières pages et le travail psychologique autour de la maltraitance et du harcèlement (chez la victime comme chez ses bourreaux) me semblait intéressant.

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