Lecture de Emerentia* (S. Corinna Bille) par l'écrivaine Fabienne Bogadi et l'éditrice Florence Schluchter Robins.
N'hésitez-pas à rejoindre la page Facebook: https://www.facebook.com/Trousp/?ref=...
Pour voir d'autres formats, dont le Questionnaires de Trousp: https://www.youtube.com/playlist?list...
0:00 Introduction
0:03 Lecture
22:33 Remerciements
*Emerentia, S. Corinna Bille, éditions Zoé, Genève.
Trousp est une chaîne Youtube dédiée au livre, à la littérature et à la littérature suisse en particulier.
#littérature #lire #lecture #CorinnaBille #Emerentia #livre #reading #read #book
+ Lire la suite
Mais où sont ils les garçons pour nous aimer ?
Ah ! oui, où se cachaient-ils ? Ici, les jeunes filles étaient si éclatantes, même les laides, les hommes ne savaient-ils plus l'amour ? Elle se sentit triste tout à coup. Elle eut l'impression d'avoir gâché sa journée, ces fêtes étaient trompeuses, ces huées, ces défilés, absurdes. Une agitation de rose des vents. Où était la vraie joie ?
(nouvelle : Les fêtes du fleuve)
J'eus un véritable culte pour mon corps. Je l'adorais, le consolais, l'excusant, l'admirant en tout, me réjouissant de ses délices, car naturellement j'en vins très vite à le satisfaire moi-même. Je m'évanouissais presque, à demi terrassée par ce bien-être surhumain dont je me croyais seule à découvrir le secret. J'inventais mille façon d'atteindre cette béatitude.
(nouvelle : La dernière confession)
S'il n'y avait pas
sur les sarments roux
ces petites flammes
personne ne saurait
que le printemps est là.
Vignes pour un miroir
Si j’étais un arbre et toi un arbre dans la même forêt
Mes racines creuseraient la terre et les mousses, se couleraient dans les fentes des rochers, te chercheraient, te chercheraient à travers l’obscur, la lente nuit décomposée, les odeurs, les monstres sans formes, jusqu’à ce que sentant les tiennes elles frémissent de joie, d’amour si fol que la forêt entière en serait soulevée.
Elle garde toujours son visage frais, elle est toujours gaie. Elle est faite pour l'amour, c'est une rose de nuit.
De nouveau c'était le bonheur, l'étrange, l'étonnant bonheur.
– Qu'as-tu fait ce matin ? Que fais-tu quand tu es seule ?
– J'aime rêver, je ne m'ennuie jamais.
– C'est comme moi, j'aime aussi rêver.
Elle ne lui dit pas qu'elle a pensé à lui tout le temps, qu'elle voudrait ne pas le voir un jour entier pour mieux , ce jour-là, penser à lui.
[S. Corinna BILLE, "Oeil-de-Mer", éd. L'aire bleue (Vevey, Suisse), Deuxième partie : "L'AMOUR", chapitre XI, page 127]
Elle ne savait toujours pas son nom.
– Comment vous appelez-vous ?
– Marceau.
– Marcel ?
– Non, Marceau.
– Tiens, je n'ai jamais entendu ce nom.
– Ici, on l'entend. Et le vôtre ?
– Marthe.
– C'est bien un nom de montagne, dit le pêcheur.
[S. Corinna BILLE, "Oeil-de-Mer", éd. L'aire bleue (Vevey, Suisse), Deuxième partie : "L'AMOUR", chapitre II, page 53]
L'homme, lui, il n'est plus là. Marguerite la Sultane, au pantalon de satin, non plus. Mais qui le sait, qui peut le savoir ? Qui peut les voir maintenant dans le brouillard ? Et même entrer dans la grange de Mustafa où le foin de l'hiver est glacé, mais il sent bon l'été, mais il n'y a plus de saison pour les amants, il n'y a plus de temps.
- Jamais aimé une fille comme je t'aime ! Et tes seins durs comme du bois...
- Entre en moi, entre en moi !
(dans la nouvelle : Carnaval)
1. août 79
Entre toi et moi une araignée d'or et de pluie a lentement tissé une toile de mots doux et cruels. Nous sommes prisonniers d'une longue phrase, sans commencement ni fin, fil éternel qui unit ta voix à la mienne.
ta demoiselle sauvage
(dédicace en première page).
La neige commençait à se tasser. Hector comprit que le fumier était à découvert, à l'odeur du chien quand il rentra dans la cuisine. Il le flatta de sa main gauche, l'air dégouté :
- C'est ta pénicilline, hein !
(dans la nouvelle : Carnaval).