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Citations de Renaud Rodier (66)


Le vide, c’est comme un miroir. Si vous aimez pas ce que vous voyez dedans, c’est vous le problème.
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La plupart des gens confondent le vertige avec une peur panique des hauteurs, alors qu’il manifeste en fait une attraction irrépressible pour le vide. Les phobies fonctionnent comme ça. On craint ce que l’on aime trop pour son propre bien.
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Renaud Rodier
Décrire un baiser n’est pas chose aisée. En accordant une importance excessive aux mouvements de la langue, des lèvres et des mains, au souffle, à la déglutition, on prend le risque de le bestialiser ; et en les passant sous silence, de l’affadir.
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Là-bas, le ciel dictait sa loi aux hommes ; son immensité était telle que même les plus arrogants ne pouvaient ignorer leur propre insignifiance.
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La fiction a une faculté surprenante d’occuper les espaces laissés libres par la monotonie du quotidien.
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Nous avalions les kilomètres, les kilomètres nous avalaient. « Prochain arrêt… » Suivait le nom d’une ville ou d’une autre, mais à quoi bon nommé un trou à rats si rien ne le distingue de ses semblables ? Un numéro de série aurait été plus approprié. Les mêmes garages, les même fast-foods, les mêmes églises, vendant tous la même marchandise périmée. Des hommes y naissaient et y mourraient, point.
Je m’étais égaré sans me sentir perdu. Je ne cherchais rien et mes compagnons avaient eux aussi abandonné leur chasse au trésor. Pink Floyd avait cédé sa place à Led Zeppelin, au craquement qu’émet la voix de Robert Plant lorsqu’il s’aperçoit que la femme qu’il aimait tant n’a jamais existé. Les paysages surréels qui défilaient derrière les vitres m’ont donné la nausée. Mon cerveau n’arrivait pas à assimiler tant de beauté, tant d’espace. « Prochain arrêt… » À chaque fois j’adjurais le chauffeur de ne pas me dire où nous nous trouvions, tel un client suppliant un voyant de ne pas lui révéler la date exacte de sa mort.
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L’air nocturne sentait le bitume, la terre grasse, l’indécision. Peut-être appartenais-je à cet endroit, peut-être pas. […] J’ai eu dans ces rues désertes l’intuition de vérités qui m’échappaient à Monterey – l’intuition seulement, mais c’était déjà mieux que rien. Étais-je parti depuis quatre jours, un mois, une éternité ? Mon corps empestait la sueur et avait besoin d’une bonne douche ; mon âme puait encore plus mais avait peur de l’eau. Je n’ai pas osé frapper à la porte des love motels dont les enseignes grésillaient à la sortie ouest de la ville comme autant de lampes tue-mouches. […] J’ai donc vadrouillé jusqu’à l’aube, une aube gris-rose devant laquelle la ville semblait se prosterner jusqu’à s’aplatir. […] Les créatures de la nuit se sont empressées de refluer vers les rues transversales. Dans les villes comme celles-là, les bonnes gens se lèvent tôt et leur sourire est encore plus large et terrifiant que celui du Joker.
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L’Amérique est une déesse à deux visages, condamnée à abhorrer une moitié d’elle-même.
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Cette nuit-là, maman m’a confessé qu’elle avait toujours voulu mourir jeune – pas par peur de vieillir, mais de s’oublier en vieillissant.
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Peut-être nous trouvions-nous encore au Nevada, ou peut-être déjà en Utah. Nous nous en moquions. Où que nous soyons, la route était parfaitement rectiligne, comme pour défier Dieu et ses foutus détours.
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On ne décrit pas le chaos avec des quatrains.
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Je ne vis dans sa mélancolie que la compagne naturelle de ceux qui naissent au mauvais endroit.
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Je n’ai jamais avorté un roman volontairement. Mes nombreuses fausses couches ont toujours été le fruit de ma négligence. Le classement n’a jamais été mon fort. Je ne compte plus les serviettes en papier sur lesquelles j’avais ébauché une intrigue que j’ai jetées à la poubelle par mégarde, ou les carnets de notes que j’ai laissés dans un train. À première vue, certaines de ces histoires mort-nées montraient plus de promesses que celles que j’ai menées à terme. J’ignore pourquoi certains sujets « collent » et d’autres pas. Cela n’a rien à voir avec l’adhésivité du support. Je me console en me disant que les récits les plus opiniâtres méritaient plus de survivre que les autres, une sorte de sélection naturelle.
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J’essayais de me rassurer en me disant qu’un seul mot, une seule virgule parfois, pouvait faire la différence entre un beau vers et une platitude.
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Je trempais ma plume dans le ciel gris du matin, puis je me perdais dans la transparence de ma calligraphie.
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Renaud Rodier
Alors que certains peuvent passer toute une vie à s’interroger sur leur putain de raison d’être, moi j’ai su très tôt que mon père était ivre et que ma mère était belle, ou l’inverse, ou les deux, point.
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Je m’étais réfugiée dans l’indifférence, droguée à l’ennui comme d’autres se shootent à l’opium, afin de m’épargner les souffrances qui accompagnent – nécessairement – toute métamorphose.
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Le temps a sa propre géographie, une géographie étrange, qui nous rapproche de nos origines alors que nous marchions dans la direction opposée.
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Le matin, le ronronnement d’un car qui semblait glisser sur une route couverte de miroirs m’a tiré de mon sommeil. Je lui ai fait signe de s’arrêter en agitant les bras. Une porte récalcitrante s’est entrouverte en gémissant. Le conducteur m’a demandé d’un ton blasé qui suggérait que j’étais loin d’être le premier à le héler en plein désert : « Vous allez où ? » Je lui ai tendu un billet de dix dollars pour toute réponse, justification ou excuse.
Peu m’importait dorénavant où j’allais. L’Amérique était trop grande pour je fasse le difficile ; trop jeune, aussi, pour que je sois pressé. Le car était à moitié vide. Une vingtaine d’histoires déprimantes ont levé des yeux éteints vers moi, puis baissé la tête tout aussi machinalement. Ces âmes tristes ne correspondaient pas aux descriptions que les romans américains en font. Leur mélancolique banalité était trop nuancée, trop indescriptible, pour aspirer à l’immortalité.
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C’est juste qu’avec le temps les nuances de l’âme s’estompent autant que les couleurs sur les vieux polaroids.
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