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Critiques de Régine Detambel (264)
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Noces de chêne

Livre qui m'a été conseillé par Fanfanouche24 et l'en remercie.
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Noces de chêne

Je commence le ressenti de cette lecture bouleversante par une longue citation qui formule au plus près la colère, la rage de son auteure envers les dysfonctionnements et inélégances subis par nos anciens. Parmi les divers outrages envers les "grands adultes", il y a celui qui est abordé dans l'extrait suivant: La sexualité encore taboue, décriée, ou quasiment niée pour le grand âge...



J'avais rédigé une critique, mais je recommence...car elle ne me satisfait pas du tout... et je ne sais si je parviendrai à présenter ce roman, qui m'a laissé la gorge serrée, tant Régine Detambel appuie où cela "fait mal"; Malheureusement, elle frappe trop juste, lorsqu'on écoute, observe, analyse les,nos propres impatiences envers les Anciens





"Ce fut la même paralysie des images terriennes quand l'auxiliaire de vie ricanante les surprit, Maria et lui, s'embrassant. Elle hurla après eux comme on traite deux chiens qui copulent, comme si l'amour en eux n'était qu'une sécrétion corrompue et malsaine. Ce choc vint les ébranler jusqu'à l'égarement. Jamais ils n'osèrent reparler de l'œil courroucé de la jeune femme en blouse sur leur désir insensé et dégradant. Comble de perversité, elle leur avait conseillé de mettre un terme à cette liaison, ajoutant finement "sans lendemain", puisque l'amour octogénaire n'est qu'un parasite mensonger. L'écraser sans regret pour éviter l'enlisement dans une passion sans issue, à l'évidence mortelle à court terme. pourquoi gâcher une si belle fin de vie par des débordements, quand ils feraient mieux de cultiver la sérénité, chacun de son côté ? Quel plaisir peut-on trouver à une telle peau, à jouer à la bête à deux dos avec une vieille à deux dents ? Et que diraient leurs familles, si elles les voyaient ainsi se conduire en vieux cochons ?



Certains souvenirs auxquels des voix criardes sont attachées ont la force de faire taire les oiseaux "(p. 74)





Cette fiction empruntée tout récemment à ma médiathèque , je l'ai redécouverte... avec grande émotion. Régine Detambel est une auteure que j'ai découverte il y a un ou deux ans, avec une autre romancière, Jeanne Benameur; cette dernière enseignante , la seconde kinésithérapeute de formation, développent dans des styles différents des préoccupations et questionnements voisins: la différence trop souvent accompagnée de rejet, la vieillesse , la fin de vie ["Profanes" ], l'empathie envers les êtres plus fragiles, etc.



Je reviens à ces "Noces de chêne" où Régine Detambel déploie un grand nombre des sujets qui lui sont éminemment chers: La vie et le traitement de nos Anciens, , le quotidien d'une maison de retraite, les relations amoureuses non admises pour ces résidents âgés...



C'est l'histoire d'amour intense entre Taine et Maria, qu'une aide-soignante dévalorise et décourage avec la conviction effrayante d'avoir bien sûr raison vis à vis de ces "grands enfants non raisonnables" !!!! Maria disparaît, et Taine est désespéré, cherche cette femme qu'il adore, imagine qu'elle s'est enfuie pour repartir dans sa maison près du Mont Ventoux; Taine décide de partir à sa recherche pour la retrouver... cette marche qu'il entreprend pour rejoindre Maria, va lui donner l'occasion unique de retrouver la nature, les sensations intenses , immédiates de se sentir en vie...Je n'en dirai pas plus...





Le style de Régine Detambel est précieusement en fusion avec son sujet: de la poésie intense, à une certaine crudité et âpreté des mots, pour dire, redire que notre appréhension et traitement de nos aînés dans notre pays, laissent franchement à désirer. Nos maisons de retraite (autrefois appelées "hospices") sont bien souvent des lieux dégradants, infantilisants.



On associe trop souvent "vieillesse " et "Maladie". Disons -nous une bonne fois pour toutes: les Vieux ne sont pas des malades !!



Un texte bouleversant qui reste une "gifle mémorable", qui pointe les dysfonctionnements trop fréquents quant à nos manières de considérer et traiter "nos vieux"...[ que nous serons un jour !, ne l'oublions pas !!]



[***** en m'informant plus avant sur le site de Régine Detambel, j'apprends qu'en sus de ses formations en "Bibliothérapie", l'auteure est chargée de cours à la Faculté de médecine de Montpellier, dans le cadre du D.U Ethique du vieillissement et Maladie d'Alzheimer.]



Ces "Noces de chêne" est un roman bénéfique, "coup de poing" nécessaire pour repenser, élargir positivement la vieillesse.



Ne pas cantonner les "vieux" dans des placards sinistres et inutiles. Il en est de notre humanité et d'une vision générale constructive de tous les âges, et des bienfaits, richesses intergénérationnelles; De quels droits serions-nous les censeurs de nos aînés ? ...Que ceux-ci inventent, espèrent... continuent à faire des projets, et à vivre librement, pleinement l'Amour, lorsqu'ils le rencontrent à nouveau....







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Notre-Dame des Sept Douleurs

Un pensionnat tenu par des religieuses. Un pensionnat mixte, pour s’adapter, tout au moins en surface à l’esprit du temps, même si l’époque à laquelle se déroulent les événements du livre n’est pas précisée avec exactitude. Et parmi élèves, il y a Sibylle. Sensible, artiste dans l’âme, terriblement fragile, angoissée, par tout, et en particulier par l’idée de la mort. Qui n’arrive pas à se mouler dans le carcan de l’école, du pensionnat. Qui n’arrive pas à cacher son ennui, incapable d’hypocrisie, assoiffée de tendresse. Et la directrice, Mère Dominica ne supporte pas cette fille qui sans rien dire, rien que dans sa façon décalée d’être est un défi permanent, une négation de sa façon de voir le monde. Alors un combat inégal s’installe entre Mère Dominica et Sibylle.



L’art de Régine Détambel est de saisir au vol des minuscules instants, de les sculpter avec une extrême finesse, comme un camée, mais rien de joli ou de fade, si elle sculpte c’est au scalpel, découpant au plus profond des êtres pour révéler leur vérité la plus profonde et la plus authentique. C’est parfois cruel, mais toujours juste, d’une sombre beauté. Rien de spectaculaire, mais comme dans la vraie vie, c’est parfois des petites choses, des ressentis qui arrivent à tel ou tel moment, insignifiants à un autre, changent le cours d’une vie. Et le style épuré, chirurgical, si la chirurgie pouvait créer de la beauté, a fait que j’ai été saisie par ce livre. J’en ai été d’autant plus heureuse que j’avais adoré il y a quelques années La lune dans le rectangle du patio, et que deux autres lectures décevantes m’ont éloigné de l’auteur. Je la retrouve ici avec un infini plaisir, je crois que ce qui lui convient c’est d’évoquer le monde de l’enfance, et de faire des récits brefs, sans véritable intrigue, juste un instant fort, où les être sont saisis et révélés.

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Opéra sérieux

Elina Marsch naît en 1926, d'une mère soprano (qui perdra la vie lors de l'accouchement) et d'un père ténor, interprète de prédilection de Janacek. Sa vie ne pourra qu'être marquée au fer rouge de la musique, de la voix plutôt, que ce soit celle à jamais éteinte de la mère, celle du père, celle des nombreuses maîtresses de ce dernier. Pas facile dans les conditions de trouver sa voix, sa voie, mais Elina y parviendra tant bien que mal, notamment aux États-Unis, alors que la guerre ravage l'Europe.



L'écriture de Régine Detambel, que je découvre ici, demande à être apprivoisée. Elle nous emporte dès la première page, crachée d'un seul souffle, expirée, nous déstabilise, puis nous offre ensuite quelques points d'appui ici et là, qui permettent de découper l'action en fragments, en phrases musicales, certaines se bouclant d'elles-mêmes, d'autres semblant se dissiper entre deux chapitres comme le ferait un point d'orgue.
Lien : http://lucierenaud.blogspot...
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Opéra sérieux

Elina Marsch naît en 1926 alors que sa mère pousse son dernier souffle en lui donnant la vie. Fille d’un célèbre ténor, Elina est élevée dans le monde du chant. Entre les maîtresses de son père qui sont toutes des cantatrices et les salles d’opéra, la fillette écoute les chants. La deuxième Guerre Mondiale signera leur exil en Amérique où la voix d’Elina dévoilera toute son ampleur.



J’ai lu ce livre enveloppée par l’écriture de Régine Detambel. Une écriture riche, poétique où les phrases d’une intensité majestueuse nous parlent de peur, d’amour, de vie et de mort comme un air d’opéra. Elina vit dans le monde du chant.



la suite sur :

http://fibromaman.blogspot.fr/2012/04/regine-detambel-opera-serieux.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Opéra sérieux

Un livre mystérieux, émouvant et troublant. L'histoire d'une future diva qui naît pendant que son père, ténor, triomphe sur scène et dont la mère, elle-même soprano, meurt en lui donnant vie....elle ne peut que devenir chanteuse d'opéra, mais à quel prix ! Sa vie tourne autour de sa voix, de gros sacrifices et de souffrances qui la fragilisent et même beaucoup plus que cela...l'écriture somptueuse dégage une atmosphère très lourde, d'une grande intensité dans l'évocation de la musique et du chant et, en même temps, déroutante et inquiétante autour de disparitions étranges...une lecture pas toujours facile mais très attachante.
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Opéra sérieux

Un roman qui me fait penser à ceux de Gaston Leroux (le créateur de Rouletabille) ou à ceux de Gustave Lerouge (le docteur Cornélius), même si cela se passe des années après entre la première et la seconde guerre mondiale. Une enfant naît tandis que sa mère cantatrice, meurt et que son père, ténor, triomphe sur scène. Cette jeune fille sans mère, verra défiler les amantes nombreuses de son père et vivra entourée de musique, d'opéra. Elle deviendra une artiste reconnue. Mais, sa structure mentale est bâtie sur des fondations de verre et l'absence de refuge, de stabilité la conduira tout doucement vers la folie et la destruction. Un beau texte court, mais saisissant.
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Opéra sérieux

Ce roman raconte le destin Elina Marsch, fille d’une cantatrice et d’un ténor, devenue elle-même diva d’opéra, de sa naissance en 1926 – et c’est déjà le cri, la vie, la mort et le sang, toute la folie et la violence de ce récit – à sa fin dans les années 50. Sa chute. Elina qui s’éteint.



Ces pages, ce sont celles d’un répertoire d’opéra, un hommage à cet art lyrique, à ses accents tragiques et passionnels, à l’extra-ordinaire de ces vibrations auxquelles répondent le corps et l’esprit.



Résumer ce récit serait tellement réducteur. De l’Histoire de l’Europe, de cette autre déchaînement de démence meurtrière, il n’est à peine question, c’est un autre monde, un autre temps. Cette histoire là est celle d’une autre partition inhumaine, d’une autre fureur, d’un excès prodigieux et terrible, un tourbillon de forces tourmentées, de l’excès, de l’exubérance jusqu’à la convulsion, l’effroi. Et du style. Des mots graves, des phrases aiguës qui (s’)enchaînent sur de courts chapitres comme des séquences fragmentées, des scènes portées par des voix troublantes. Qui se lisent d’un souffle.
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Opéra sérieux

Je n'ai pu rentrer dans ce petit roman, ni dans l'histoire de cette jeune fille ni dans le style ampoulé!!!
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Opéra sérieux







Petit roman d’une grande intensité qui se déroule dans le monde de l’opéra.



Le récit s’articule autour de la voix et du souffle. Elina pouse son premier cri en 1926, sa mère, soprano décède à la naissance de sa fille.



La vie d’Elina sera suspendue à l’acquisition d’une voix parfaite, avec tout ce que cela entraine de contraintes.

Son père,ténor, les compagnes de son père, toutes des cantatrices, les professeurs, toutes ces personnes l’entourent et veillent sur elle et surtout sur cet organe précieux, sa voix.



Sa gorge, ses cordes vocales sont décrites comme des entités distinctes du corps d’Elina tout en en faisant partie intégrante. Le style littéraire a la précision d’un geste de chirurgien.

Elina connait toutes les étapes de la vie d’enfant, de jeune fille avec des flirts,... période d’anorexie...révolte...



Mais sa raison finira par sombrer entièrement dans son art.



Je n'ai pas eu l'impression de LIRE un livre, mais plutôt, de L'ENTENDRE à travers des airs d’opéras

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Opéra sérieux

Naître le soir même de la première d’un opéra dans lequel son père ténor vient de triompher, c’est sans doute un signe du destin. Surtout si la mère de la petite Elina pousse en même temps son dernier soupir. La petite fille grandit donc entre l’ombre de sa mère absente et son père qui bien qu’aimant, collectionne les femmes, toutes cantatrices. Elle est enveloppée de musique et des histoires d’amour et de mort, de vengeance et de folie que chantent les divas qui l’entourent.



Sa voix sera l’instrument de son succès aux États-Unis où père et fille émigrent au début de la Seconde Guerre mondiale. Mais aussi son désespoir, car elle doit sans cesse se soumettre à une infernale discipline pour rester au niveau de la virtuosité et plaire au public. Or la voix est tellement liée à ce qu’on ressent, ce qu’on a au fond de soi… et elle n’est pas toujours maitrisable.



Une très belle écriture pour ce roman poétique, mais un peu triste, qui m’a laissée légèrement sur ma faim. J’ai beaucoup aimé l’ambiance musicale, mais n’ai pas vraiment réussi à m’attacher à la jeune femme.
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Opéra sérieux

Elina March naît en 1926 pendant que sa mère cantatrice meurt en accouchant. Son père, chanteur lui aussi, va l’élever dans l’univers de l’opéra et tenter de faire d’elle une cantatrice à son tour. Mais sa vie est loin d’être facile : craignant en tant que juif les poursuites nazies, son père décide de s’exiler en Amérique emmenant Elina avec lui. Entre temps il s’est remarié, et Elina commence à s’attacher à sa nouvelle belle-mère mais son père se sépare de sa nouvelle épouse dès qu’il monte sur le bateau et Elina va devoir s’adapter à de nouvelles compagnes. Elina va apprendre dans le monde américain l’art de la séduction, mais surtout elle va expérimenter toute une série de rôles tragiques qui mettent en scène sa propre tragédie.



Aux Etats-Unis, Elina découvre une liberté de mœurs qu’elle ne soupçonne même pas, alors que jusqu’ici elle a été soumise à une discipline de fer, entraînée comme une athlète à devenir une diva internationale : sous la plume de Régine Détambel on apprend que Kristen Flagstad va enseigner les aigus à Elina et tenter de lui apprendre le fameux « toucher de cristal » de la voix.

A 16 ans elle sera le Chérubin des « Noces de figaro » même si elle est beaucoup trop jeune pour ce rôle, ce qui lui attirera les foudres des critiques.





Elle se rend compte surtout que la vie d’une cantatrice n’est pas de tout repos. « Elina Marsch, vers les vingt-cinq ans, a une voix exceptionnelle, on a l’impression que ses cordes vocales ont des lèvres, elles articulent toutes seules à une vitesse phénoménale et sans même que le visage de la diva ne cligne ou ne frémisse, des choses imparables. Ses habilleuses ont vu déjà tant d’hommes et de femmes défaillir dans les loges, pour elle, à cause d’elle, par elle, désespérées ou au contraire ivres de joie à s’en tuer, qu’elles disparaissent discrètement devant un dos nu ou un peu de cette violence passionnelle,

passionnelle, si difficile à doser. » Son amie le lui a expliqué : une prima donna doit produire sept succès par an et sept scandales également, c’est ce qu’on attend d’une vedette comme elle en a le potentiel.





La vie à deux artistes - le père et la fille - n’est pas simple et on ne sait lequel des deux va dominer l’autre. Mais « peut-on continuer à vibrer, dans la longueur d’ondes spécifiques qu’on a choisie et qui vous a choisi, si une autre vibre à côté de vous, et en fin de compte, vous parasite ? ».



Elina aurait pu connaître une carrière fulgurante si un étrange mal ne s’était emparé d’elle, mais pour savoir lequel il va falloir plonger dans l’univers de l’opéra sérieux …





L’écriture de Régine Détambel est foisonnante : elle nous emporte avec brio dans l’univers difficile des chanteurs d’opéra. Avec un vocabulaire riche, son texte est charnel et sensuel.

Découpée en chapitres comme autant de mouvements (« Ouverture », « Contre-chant », « Finale » …) cet opus nous apprend beaucoup sur cet organe si particulier et unique qu’est la voix.



La fin étrange et romancée pourra dérouter le lecteur mais comme son entrée dans la vie, le destin d’Elina a quelque chose de légendaire.


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Opéra sérieux

ce livre l'a fait penser à un poème qui pourrait être chanté en "slam".
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Opéra sérieux

Un roman qui m'intéressait pour le lien avec l'opéra, la voix et je n'ai pas été déçu. Belle écriture de Régine Detambel. Dommage que les personnages en revanche ne soient pas plus caractérisés sur le plan de la psychologie et l'aspect historique n'est malheureusement qu'effleuré. Par ailleurs, j'ai des doutes sur la crédibilité de Flagstad en professeur de chant, surtout vu le répertoire qu'elle fait aborder à Elina. Après, évidemment, comme c'est une fiction, je comprends le choix de Madame Detambel, surtout vu l'époque à laquelle se passe l'histoire.
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Opéra sérieux

Elina Marsch est née au moment où son père, célèbre ténor, chante à l'opéra une oeuvre de Janacek, son compositeur préféré. Sa mère, soprano accomplie, rend l'âme aussitôt, la laissant seule avec son père. Elle ne manquera pourtant pas de compagnie féminine, avec les maîtresses successives du ténor, toutes cantatrices.



Baignée dans le chant en permanence, encouragée par son père, Elina travaillera progressivement sa voix jusqu'à devenir elle-même une magnifique cantatrice. Mais je vais trop vite. Père et fille ne vivent pas dans une bulle et dans la vieille Europe un certain Hitler commence à vociférer contre les juifs.




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Opéra sérieux

Ce texte est une tragédie noire où l'auteur joue avec le cristal des aigus et la chaleur des graves.
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Opéra sérieux

Le personnage féminin très attachant, Elina est une jeune fille touchante. Le sujet je trouve est original car il tourne autour de la voix et de ses mystères. La construction de ce petit roman est intéressante aussi. Mais tout de fois mon avis concernant ce court roman est mitigé. Car il n'y a pour ainsi dire pas d'histoire, mais plutôt de longues et belles descriptions poétiques autour du chant et de la voix. Ces nombreuses descriptions sont trop corsetées, finement ciselées, elle rend hommage à l'opéra d'une façon originale . Puis, un autre point déroutant pour ma part c'est la couverture, fort belle mais qui ne correspond pas j'ai trouvé à l'ambiance du roman. La couverture (surtout quand elle est illustrée) invite à une ambiance de lecture, elle donne une indication. Quand l'on voit la couverture de ce roman on imagine que l'auteur va nous plonger dans l'histoire d'une jeune fille et non dans le parcours de vie d'une femme. Pour ma part c'est le premier ouvrage de Régine Detambel que je lis et je suis tout de même séduite par sa plume. En tout cas il n'y a pas de doute un livre malgré tout séduisant.

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Opéra sérieux

Opéra Sérieux, est un livre étrange, une histoire inhabituelle, déroutante, voire énigmatique….



Pour résumé

Elina Marsch, fille du ténor préféré du compositeur Janáček, née en 1926 dans une famille juive. De nature fragile et mystérieuse Elina grandit en compagnie des maîtresses de son père, des cantatrices célèbres dont elle apprend l’art de la séduction et un répertoire d’airs de folie et de mort avant de connaître les horreurs de la guerre et de s’enfuir en Amérique.



Opéra Sérieux est aussi le roman sur la voix d’Elina qui fascine, apaise ou terrifie. De cours de chants en premiers concerts, sa voix doit se plier à un travail rigoureux, de technique ou la discipline s’impose. Oui Elina à une voix divine, elle est ensorcelante, ressemble au chant des sirènes, qui pourrait se révéler dangereux que celui des Sirènes, qui signale la mort des marins tristes qui succombaient à leur appel, ou consolatrice.



Elina dès sa naissance, son premier cri, elle a appris bailler, à écouter, et à entendre, peut-être le symbole de la folie.



« Elina Marsch a eu un destin de tragédienne — et de criminelle ».



C’est un éloge à la voix.



C’est le premier ouvrage de Régine Detambel que je lis (aimant l’opéra la couverture m’a tout de suite attirée, et je n’ai pas été déçu.



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Pandémonium

" Pandémonium était devenu un confortable couvent dont la règle immédiate consistait dans l'obéissance à Joachim et la mise en agonie de toute vie sociale et de toute attache, en dehors de ce cercle étroit.[...] contre le reste du monde, de gré ou de force, en un rassemblement cohérent, massif, uniforme, tous orientés dans le même sens, équidistants, un vrai ban de poisson, avec ses mouvements synchronisés et brusques de goûts, de plaisir et de peurs."



Quelle histoire, mes aïeux ! C'est pas peu dire, d'ailleurs, mes aïeux.. Vu la concentration d'octogénaires et nonagénaires sous le même toit.. On a du mal à y croire, même, quand on les "entend" parler.. Un discours toujours gaillard, cynique, aux expressions encore bien vertes.. Les corps semblent défier l'autorité du temps qui passe. Certes, ils se cassent plus vite qu'avant, mais ils tiennent encore tous debout, enfin, sauf Donatien, le pauvre, qui a perdu la majorité de sa cavité cervicale lors d'un accident de voiture pour le moins suspect. Il passe donc ses journées, depuis trente ans, alité, connaissant quelques rares moments d'extase, matérialisés par un léger filet de bave, une larme si fine qu'elle n'a pas le temps de rouler vers l'oreiller. C'est peut-être le plus heureux, dans cet ancien hospice pour mourants. Le seul épargné par le poids d'un terrible secret. Par le poids d'une culpabilité vieille de 40 ans.



C'est amusant d'ailleurs, de les voir là, tous ces vieux, mortels s'accrochant on ne sait pourquoi à la vie. Eux qui, il y a quarante ans, trouvait la vieillesse répugnante : "Alors ils pouponnèrent leurs souvenirs. Du temps où ils dirigeaient eux-mêmes un hospice pour vieillards, du temps béni où ils pensaient qu'un vieux, ça n'est pas humain. C'est un feuilletis de chair flasque, l'ancien tracé d'un corps qui se tenait là, ferme, et qui n'y est plus. Un vieux, c'est mordillé et léchouillé par la mort au point d'en chier chaque nuit dazns ses braies. Un vieux n'est plus terrestre." Que de compassion.



J'avoue m'être un peu perdue dans le dédale de ce Pandémonium, dans les allées et venues du passé vers le présent et inversement. Il m'aura fallu un peu d'entraînement. J'en ai fait moi-même, des allers-retours, vers l'arbre généalogique de cette étrange famille, représenté au début du livre. Une fois ces obstacles franchis, je me suis laissée entraînée par l'écriture si particulière de Régine Detambel, s'adaptant à chaque situation, à chaque personnage.. Une écriture caméléon, qui s'adapte à son environnement mais reste fidèle à elle-même. Sarcastique à souhait, sans pitié, d'humeur variable mais toujours teintée de noir. Métallique face à l'obscur des personnages, face à l'horreur d'une âme collective. Complexe, tordue comme les esprits qui occupent le sas avant les Enfers. Chirurgicale face au corps défaillant, immobile. Minutieuse quand elle décrit les visages, les rides, dans lesquelles se cache de plus en plus de mystère. Lugubre. Salement lugubre.



La plume de l'auteur tente un dépoussiérage des corps, des meubles, afin d'en mieux percevoir la substance, la matière. Un nettoyage minutieux, traquant la faille comme le microscope traque la bactérie, sans répit. Un voyage dans le détail, l'infiniment petit, pour échapper à l'immensité du crime qui emplit la demeure des Wagner. Comme si le disperser en milliards de molécules le rendait moins atroce. Écrire "Pas le plus minuscule battement des valves atrioventriculaires, pas de contraction du ventricule, même illisible. Aucun bruit de fermeture des valves artérielles, fût-il pygméen ou microscopique, pas non plus de diastole, pas de remplissage des coronaires" ne permet pas d'échapper à la mort.



L'inquiétude gagne le dernier de la lignée, qui sent sa gorge se serrer de plus en plus, sous la pression d'un secret grandissant à mesure que se rapproche la sortie de prison de sa mère. Accusée d'avoir tué son mari, le père de Nicolas. Impossible de démêler le vrai du faux : "Les bisaïeuls attablés lui parurent ce soir-là aussi secrets que des dragons gardiens de trésors, digérant, le ventre étalé sur un monceau de pierreries. Les vieux peut-être jouaient à dissimuler un secret qui n'existait pas, mais qui leur donnait de l'importance. C'est ainsi que les Chinois expliquèrent le mystère des dragons. S'ils se montrent à vous tout entiers, sans aura ni prolongement, de quel mystère peuvent-ils être enveloppés ? C'est pourquoi un dragon se dissimule toujours derrière les nuages. Le spectateur, les yeux écarquillés, n'en pourra jamais faire le tour. Ainsi, à la fois visibles et invisibles, les vieux, comme les dragons, exerçaient-ils sur Nicolas leur pouvoir infini de fascination."



Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce roman, c'est l'humour grinçant comme un dentier, sarcastique à souhait. Limite morbide. Admirez le slogan d'une pub pour la prévention santé : "Diane alluma une cigarette. Dans quelques années, on l'enterrerait avec son châle de Stuyvesant autour des épaules, avec son foulard de fumée sur les cheveux, avec toute sa traîne de Loïe Fuller enroulée autour des mollets et son sillage gris". Et les métaphores filées pour décrire l'amour entre ados : "Puis les jeunes gens ne considérèrent plus le monde qui les entourait. Sous les doigts d'Eva qui travaillait Nicolas comme une pâte sablée, les murs ss'envolaient en tourbillons comme des remparts de sucre dans le lait et la porte se mit à reculer et des bras d'étoile lui poussèrent comme du beurre qui ruisselle. Lui, il partit aussi et il se répandit. 'Voilà, tu as encore cassé ton oeuf, dit Eva. Maintenant, donne-moi ta crème.' "



J'aimerais vous en citer d'autres, des passages, terrifiants, hilarants, impressionnants. Mais non. J'vais pas vous gâcher le plaisir. Manquerait plus qu'ça. Vous voulez pas que j'vous livre le secret non plus ?
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Petit éloge de la peau

~ Peau-ésie ~



La peau, étrange paysage complexe où s'écrit notre histoire, où se dessine en signes cabalistiques un langage connu par soi, mais aussi les initiés.

La peau, cette enveloppe délicate & tactile du corps, fragile écorce par laquelle nous percevons le monde extérieur, où l'on garde les expériences de la vie, imprimant douleurs & joies en cicatrices, en rides, en callosités. Liaison entre le dedans & le dehors, territoire du plaisir & de la souffrance !

La peau sous toutes ses coutures, Detembel, puise dans l'histoire, l'art, la littérature, la mythologie, la bible, et relate le vécu de personnages qui ont été séduit, passionné, tourmenté ou envoûtés par le sujet.



Peau de balle & ballet de crin à cause d'Epiméthée l'imprevoyant, qui oublie de doter l'homme en armes & engins ce survie.

Rachel accusant Joseph d'abus après lui avoir arraché la peau de la joue & la chair de Job qui tombe.

Balzac gêné devant Nadar qui lui tire le portrait, Le lazard de Flaubert & Valéry qui habite un manteau mouvant qui le panse

L'invention du stigmate par les grecs.

Le dos du condamné à mort de la colonie pénitentiaire de Kafka, la souffrance au bout des aiguilles de l’étrange tatoueur de Tanizaki ou encore Heijû amoureux fou de Jijû, mariée, peignant sur les bras de son fils, poèmes, ainsi, il s'aimerent & se desirerent a travers l'enfant caressé par l'un & par l'autre dans La mère du général Shigemoto du même écrivain.

“Le language est une peau je frotte mon langage contre l'autre” disait Barthes.

Peau de chagrin de Balzac, la peau de Malaparte, la nymphette de Nabokov, la peau de Frida & Plath née sans peau, Achille en peau de vache, l'île déserte de Bioy Casarès dans l'invention de Morel, Vitto Acconci, St Barthélemy sur le plafond de la chapelle Sixtine et j'en passe !

Je garde "Les tengantes" la peau quand elle rencontre une autre peau, qui se met à chanter, à vibrer, à frissonner, cet étrange récital à quatre mains qui parfois se joue à l'unisson !

D’histoires en histoires, un voyage peauétique, tantôt caressant, tantôt mutilant, que j'ai dû échelonner sur plusieurs jours, tant ce petit éloge est si complexe & foisonnant !



A lire, a découvrir, à annoter !



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