Pour saint Augustin, après le péché originel, l’homme ne mérite rien d’autre que la mort ; sa faute ne peut être rachetée par quelque œuvre humaine que ce soit. […] L’action humaine n’a aucune valeur. […] Dans l’esprit de cette doctrine pessimiste – dont la sombre lueur domina l’Europe du haut Moyen Age […], la seule issue est de s’abstenir d’agir. […] Le salut serait obtenu non par l’action, mais par des moyens surnaturels, la prière, les pèlerinages ou le culte des reliques […].
Le ‘Cur Deus homo’ ? de saint Anselme (écrit vers 1097) reformule la doctrine traditionnelle du péché et du salut d’une manière telle que la perception de la valeur et de la rationalité de l’action humaine en est bouleversée. […] L’humanité est ‘d’ores et déjà sauvée’ par le sacrifice du Christ. De cette doctrine anselmienne de l’expiation résultait implicitement un changement de perspective quant à la valeur de l’action humaine.
(p. 52-53)