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Citation de santorin


Je n'étais pas retourné au Pavillon argentin depuis l'Exposition universelle de Paris en 1899. L'exposition terminée, le palais de fer et de verre avait été démonté et embarqué à destination de Buenos Aires...
N'ayant plus à représenter le pays, l'ancien Pavillon argentin était devenu une simple salle de théâtre et de concerts, où des troupes espagnoles présentaient des zarzuelas, et les italiennes, des opérettes ; où de pâles jeunes filles au long cou jouaient du Schubert et des magiciens et hypnotiseurs sciaient des femmes et faisaient danser des squelettes. Chaque jour qui passait, la salle prenait congé de son illustre origine et de sa perfection célébrée : les boulons tombaient, les carreaux vénitiens se détachaient, la grêle dessinait des étoiles sur le verre.
A l'intérieur on avait installé des rangées de sièges, très près les uns des autres pour occuper un maximum d'espace et récolter plus d'argent. Les dames se voyaient contraintes à la promiscuité ; les hommes à la tentation ; les gros, à l'exil au dernier rang. On entendait des excuses répétées, parfois une interjection d'alarme ou de protestation. Il y a quelques années encore, dans le vieux théâtre Colon, le public était réparti dans la salle selon le sexe et la catégorie sociale : les hommes et les femmes ne pouvaient être ensemble que dans les loges, l'orchestre était réservé aux hommes, le poulailler aux femmes. Dans la Pavillon argentin,peut-être parce qu'il avait été construit pour célébrer le centenaire de la Révolutions française, sexes et catégories étaient démocratiquement mélangés. Nous étions tous immergés dans les plaisirs, les inconvénients et les confusions du gouvernement des hommes libres.
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