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Citation de MegGomar


Durant la période où Cha Seung yeon fit ses études, le club ne
connut pas de fille présidente. Des années plus tard on a entendu
qu’une fille, pile dix ans plus jeune que Cha Seung yeon, avait été élue
présidente. Cha Seung yeon, sans se montrer particulièrement émue, a
juste commenté la nouvelle d’un : Comme on dit, en dix ans, les montagnes
et les rivières changent. Sans s’impliquer autant que cette dernière, Kim
Jiyoung participait assez régulièrement aux activités du club. Pourtant,
après la randonnée d’automne de sa troisième année universitaire, elle a
rompu net. Ils avaient fait une sortie en montagne. Revenus au logement
qu’ils avaient loué dans cette province, certains se sont regroupés pour
des jeux de société, d’autres se sont lancés dans un match de jokgu 2 et
ceux qui préféraient boire ont sorti des verres. Kim Jiyoung était
frissonnante, sans doute un début de grippe, elle est entrée dans une
chambre chauffée où les plus jeunes jouaient aux cartes, s’est glissée dans
un tas de couvertures et, en tirant une jusqu’à sa tête, s’est allongée là. Le
sol était chaud, son corps a fondu de fatigue, les conversations
mélangées aux rires des cadets résonnaient dans ses oreilles comme dans
un rêve. Elle devait être endormie, quand soudain elle crut entendre son
nom.
— Apparemment, c’est fini entre lui et Kim Jiyoung, non ?
Puis elle entendit d’autres voix poursuivre :
— Tu as toujours été intéressé par elle, pas vrai ?
— Tu parles, plus qu’intéressé, je parie !
— Tu n’as qu’à te lancer, on va t’aider !
Au début, elle avait cru à un songe, mais sa conscience reprenant le
dessus, elle comprit qui se trouvait à présent dans la chambre. C’était la
bande des anciens, revenus du service militaire et qui buvaient tout à
l’heure dans le jardin. Kim Jiyoung, quoique ayant chaud et étant
parfaitement en alerte désormais, n’osa pas se manifester devant ces
garçons qui parlaient d’elle. Sans le vouloir, elle était témoin d’une
conversation qui devint encore plus gênante pour elle quand une voix
familière lança :
— C’est bon, arrêtez vos histoires. Je ramasse pas les chewing-gums
des autres pour les mâcher.
Cette voix était celle d’un ancien, amateur d’alcool lui-même mais qui
n’entraînait pas les autres à boire, qui aimait payer des repas aux cadets
sans pour autant s’imposer à leur table. Un type avec un comportement
exemplaire, respectueux et dont Kim Jiyoung avait une bonne opinion.
Elle prêta l’oreille plus attentivement, se demandant s’il s’agissait bien de
lui. Mais elle en était sûre. Peut-être était-il ivre, ou avait-il surréagi de
crainte que ses amis ne se moquent de lui. Elle a cherché plusieurs
interprétations à cette phrase, mais rien ne pouvait atténuer son
humiliation. Même un homme d’allure irréprochable, raisonnable, de
surcroît parlant d’une femme pour laquelle il avait de la sympathie,
pouvait tenir des propos aussi grossiers. Voilà ce que je suis, moi, un
chewing-gum jeté après avoir été mâché.
Ruisselant de sueur, étouffant de chaleur, elle dut cependant
demeurer sous la couverture. Le plus cocasse dans l’affaire, c’est qu’elle
craignait à présent qu’on la découvre, comme si elle était une criminelle
en fuite. Plus tard, quand elle les entendit quitter la chambre, que le
silence revint, elle put enfin s’extraire de ce sauna et rejoindre la chambre
des filles.
Elle ne dormit qu’à moitié cette nuit-là. Le lendemain matin, alors
qu’elle se promenait autour de leur chalet, elle tomba sur cet ancien.
— Tu as les yeux rouges, as-tu mal dormi ?
Il lui avait demandé ça aussi gentiment et doucement que d’habitude.
Comment veux qu’un chewing-gum puisse dormir ? Elle ravala sa réplique et
garda les lèvres serrées.
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