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Citation de MegGomar


Une nuit, son père rentra tard d’une de ses rares soirées arrosées avec
ses anciens amis. Joyeusement ivre, il réveilla tout le monde en criant les
noms de ses trois enfants, si fort qu’on aurait dit que l’immeuble
tremblait. Le benjamin écoutait de la musique avec ses écouteurs, il
n’entendit rien, les deux sœurs se réveillèrent et sortirent de leur
chambre. Le père avait tiré son porte-monnaie, il y piocha des cartes et
des billets qu’il fourra n’importe comment dans les mains de ses filles. La
mère, qui les rejoignait à son tour, bâillant, gronda son mari.
— Quelle drôle d’idée de réveiller toute la famille pour te donner
ainsi en spectacle !
— Ce soir, j’ai revu mes vieux potes, je suis celui qui a le mieux
réussi ! Oui, je peux dire que ma vie, c’est une réussite ! Vous avez été
courageux ! Vous vous en êtes bien sortis !
L’ancien collègue qui avait investi sa prime de départ dans le business
avec la Chine avait tout perdu, ses autres collègues qui avaient conservé
leur poste, ceux qui avaient choisi la retraite anticipée, ceux qui s’étaient
lancés à leur compte, tous avaient des revenus plutôt moyens. Seul son
père avait prospéré et son appartement était le plus grand. En plus, l’une
de ses filles était enseignante, une autre étudiait à Séoul et, pour
parachever le tout, il avait un fils. Tous ses amis l’enviaient, clamait-il.
Mais, alors que son père continuait de se vanter et de parader comme un
paon, sa mère, le prenant par le bras, le remit à sa place.
— C’est moi qui ai pris l’initiative du commerce de porridge, et c’est
moi qui ai acheté cet appartement. Quant aux enfants, ils ont grandi tout
seuls. C’est vrai, tu as plutôt une belle vie, mais le mérite ne t’en revient
pas seul. Alors sois gentil avec moi et avec tes enfants. Tu sens l’alcool,
cette nuit tu dormiras dans le salon.
— Bien sûr, bien sûr ! La moitié c’est grâce à toi ! Je serai toujours
votre serviteur dévoué, chère Madame Oh Minsuk !
— Tu parles d’une moitié. Au mieux, c’est 7/3, tu entends ? 7 pour
moi et 3 pour toi.
Sa mère, dans un long bâillement, a lancé une couverture et un
oreiller dans le salon. Son père a prié son unique fils de le laisser dormir
dans sa chambre mais celui-ci a refusé, prétextant l’odeur d’alcool. Son
père, toujours de bonne humeur, s’est allongé par terre sans même faire
sa toilette et, roulé dans la couverture, s’est tout de suite mis à ronfler.
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