AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de MegGomar


Paresseux comme un étudiant était vraiment une expression passée de
mode. Aucun étudiant ne traînait en sirotant du soju. La plupart
potassaient avec assiduité, attentifs à leurs notes, cherchant à améliorer
leur anglais, trouvant des stages, participant à des concours, prenant des
petits boulots. Kim Jiyoung fit un jour la réflexion à sa sœur que la vie
d’étudiant avait perdu tout romantisme. Kim Eunyeong répliqua d’un
simple : « T’es folle. »
Il n’était pas rare, au temps du collège ou du lycée, que Kim Jiyoung
entende de ses amis que leur père avait fait faillite ou pris une retraite
anticipée. L’économie du pays était toujours en dépression, les jobs des
élèves et les emplois des parents ne rapportaient pas assez, mais
curieusement les frais d’inscription à l’université, gelés durant la
mainmise du FMI, avaient augmenté de façon spectaculaire, comme pour
regagner le terrain perdu. En 2000, ils crûrent deux fois plus que
l’inflation. La première amie que Kim Jiyoung s’était faite à la fac dut
arrêter ses études dès la première année. Elle venait d’un coin à trois
heures en car de Séoul. Elle lui avait confié avoir choisi d’étudier à la
capitale pour s’éloigner de ses parents. Elle n’en avait pas dit plus, Kim
Jiyoung ne pouvait donc en être certaine, mais probablement ne recevait-
elle aucun soutien financier de sa famille. Elle disait seulement combien il
lui était difficile de payer les droits d’inscription, les livres, le loyer, bref, sa
vie, quoiqu’elle travaillât sans arrêt pour gagner de l’argent.
— L’après-midi je donne des cours dans un institut privé, je sers dans
un bar le soir et quand je rentre, le temps de me débarbouiller il est déjà
deux heures du matin. Là je prépare mes cours ou je corrige les copies,
puis je dors un peu. Quand j’ai un trou entre deux cours à la fac, je bosse
encore, tu le sais. Franchement je suis tellement claquée, je dors à moitié
en classe. Pour gagner de quoi payer la fac, je pourris mon année
universitaire. Parce que, évidemment, avec tout ça, mes notes sont nulles.
Elle a dit qu’elle allait retourner dans sa région natale et que pendant
une année elle ne ferait que gagner de l’argent. Kim Jiyoung s’est
contentée d’écouter son amie, sachant que, hormis l’argent, rien ne lui
apporterait de réel réconfort. Cette amie, qui mesurait à peu près
1,60 mètre, avait perdu douze kilos cette première année de fac, pour
peser à peine plus de quarante kilos. On m’a dit qu’on mincissait en arrivant
à l’université, tu m’étonnes ! et elle a éclaté de rire en frappant dans ses
mains comme si elle avait trouvé une excellente plaisanterie. Les
extrémités élastiques des manches de son blouson étaient usées et les
poignets maigres qui sortaient de ces trous lâches laissaient nettement
voir leurs os.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}