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Critiques de Maryla Szymiczkowa (59)
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Madame Mohr a disparu

À Cracovie au début de l’automne 1893, c’est la panique au sein de la maison Hercel, hébergement de charité à deux vitesses où les résidents les plus aisés finissent leur vie quasi comme avant, en payant pour les déshérités qui ne le peuvent pas. Et ce matin, Madame Mohr a disparu.



Le suspense ne dure pas longtemps puisqu’elle est retrouvée morte dans le grenier, rejointe 48h plus tard par un deuxième cadavre. Il n’en faut pas beaucoup plus à Zofia Turbotyńska, bourgeoise visiteuse assidue de la maison Hercel, pour endosser l’habit d’enquêteuse dont elle rêve et tenter d’attirer au passage un peu plus de lumière sur sa vie trop terne.



Bon, on ne va pas se mentir, je ne suis pas le plus grand fan des polars historiques, mais en sortant chez Agullo, ce Madame Mohr a disparu de Maryla Szymiczkowa (nom de plume du duo d’auteurs Jacek Dehnel et Piotr Tarczinsky, traduits par Marie Furman-Bouvard) a attiré mon attention, car on est rarement déçu dans cette maison-là.



Les amateurs de mécanique policière léchée et complexe en seront pour leurs frais, la facilité et les opportunités aidant bien souvent notre néo-enquêtrice polonaise à faire progresser ses déductions. Pas grave, car l’essentiel n’est pas là.



Le sel de ce roman réside avant tout dans le parti-pris des auteurs de jouer à fond la carte du second degré, en faisant de Zofia une héroïne (appelée à devenir récurrente) pastiche du hall of fame des grands enquêteurs de polars littéraires.



Bien sûr, on ne peut s’empêcher de penser à une Miss Marple égarée sur les bords de la Vistule, mais aussi aux petites méninges de Poirot quand Zofia turbine et décante devant son Tombeau de Napoléon, sans oublier le côté ouragan d’une Imogène qui aurait débarqué au cœur de la bonne société Cracovienne.



Les auteurs peuvent alors s’en donner à cœur joie pour croquer cette société polonaise d’un XIXe siècle vieillissant à travers une galerie de personnages truculents : Zofia notable mais pas noble (et c’est là qu’est l’os) et poète médiocre ; son mari Ignacy, professeur effacé et prêt à laisser libre cours aux fantaisies de sa femme dès lors qu’il peut lire son journal et que le repas est prêt à l’heure ; sans oublier la sœur Alojza, ou la servante Franciszska, personnages secondaires aux rôles prépondérants.



On plonge enfin dans la grande vie du Cracovie de l’époque, grand village que l’on ne peut traverser sans rencontrer et saluer une connaissance, au rythme de ses temps forts inspirés de la réalité : l’inauguration de l’opéra, les obsèques du grand peintre Matejko, les bouleversements politiques en cours et à venir.



C’est léger, rythmé, et si on se laisse emporter par l’ambiance loufoque, agréable à lire comme parenthèse entre deux livres plus exigeants. Et c’est déjà beaucoup !
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Madame Mohr a disparu

🇵🇱 Amatrice de cosy Mystery, lorsque j'ai vu que #Voolume proposait en version audio Madame Mohr a disparu de Maryla Szymiczkowa, je n'ai pu que me laisser tenter ! Ce fut pour moi l'occasion de découvrir mon premier cosy Mystery polonais qui s'est révélé être une satire savoureuse de la haute société de l'époque. Je remercie Voolume et #NetgalleyFrance pour cette expérience 😁



👒 Nous nous retrouvons donc dans la société bourgeoise de Cracovie des années 1893 dans laquelle gravite Zofia Turbotyńska, épouse d'un professeur d'université qui s'ennuie à mourir dans un quotidien routinier. En s'investissant dans une cause caritative au profit d'enfants scrofuleux, Zofia était loin de se douter des "événements" qui allaient animer enfin ses journées...



🎧 En commençant cette écoute, je me suis demandée dans quelle galère je m'étais embarquée. Et pour cause, j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer sur un récit riche en informations et aux personnages aux noms peu habituels. Finalement, après une autre tentative quelques jours plus tard, le charme de la voix de Françoise Chéritel (en vitesse 1.25) a opéré et j'ai réussi à rentrer dans l'histoire.



👬 Outre une enquête agréable à découvrir, j'ai trouvé l'histoire écrite à 4 mains sous le nom d'emprunt Maryla Szymiczkowa très intéressante car j'ai appris des choses notamment sur la situation géopolitique et les conditions sociales de l'époque. Tout en étant une lecture à la fois légère et instructive, l'écoute de cet ouvrage m'a souvent fait sourire. J'ai trouvé que la voix de Françoise Chéritel allait parfaitement au personnage de Zofia, une femme espiègle au sacré caractère que l'on prend plaisir à apprécier. J'ai pris un grand plaisir à écouter les passages où Zofia échange avec son mari que j'ai trouvé cocasse.



🔎 Si vous n'avez pas peur de vous lancer dans une écoute peu conventionnelle, je vous conseille de tenter l'expérience. Maintenant, je n'ai plus qu'à découvrir en format papier "le rideau déchiré", deuxième tome de la série consacrée aux aventures de Zofia Turbotyńska 😉
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Madame Mohr a disparu

Quel joli portrait de la société disons plutôt bourgeoise de Cracovie dans les années 1890.

Dans une résidence pour personnes âgées tenue par des religieuses, Madame Mohr disparaît puis on retrouve son cadavre dans le grenier. C'est un cauchemar!

Mais voilà que 2 jours plus tard, on retrouve un autre cadavre , puis une autre personne disparaît. C'est l'horreur!

Mais que se passe-t-il donc à la maison Hercel? Bien vite, les policiers trouvent des coupables en la personne du concierge et de la cuisinière.

Ho mais ces arrestations ne satisfont pas du tout Zofia Turbotyńska, visiteuse à la maison Hercel car ceux qui y résident peuvent grandement contribuer aux oeuvres caritatives marrainées par Zofia, elle qui cherche à se faire reconnaître des grands bourgeois de la ville.

Ainsi, Zofia aidée de sa servante Franciszska mènera sa propre enquête. Bien sûr, on pense tout de suite à Miss Marple d'Agatha Christie durant notre lecture car tout comme MIss Marple, Zofia réfléchira, déduira et trouvera les véritables coupables car, comme toujours, les apparences sont trompeuses.

C'est un roman qui nous fait sourire, c'est léger et agréable. Les personnages sont pétillants et comme je le disais au début, la société de Cracovie nous est présentée colorée, cocasse, snob et loufoque. On passe donc un très bon moment de lecture. Merci à #NetGalleyfr pour le livre audio #MadameMohradisparu magnifiquement rendu par Françoise Cheritel.
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Madame Mohr a disparu

Livre audio – Lu par Françoise Chéritel : 10h17



Début du résumé : “Cracovie, 1893. Zofia Turbotyńska, sans enfants, mariée à un professeur d'université, s'efforce de gagner sa place dans la haute société cracovienne. Dans ce but, et pour lutter contre l'ennui de sa vie domestique, elle s'engage au service d'une cause caritative : la Maison Helcel, maison de soins privée pour les malades et les vieux.”



Madame Mohr a disparu de sa chambre, elle si vieille et si faible. Ce fait est ce qui manquait à Zofia pour s’investir encore plus dans la Maison Helcel ! Enquêtrice dans l'âme et avant l'heure, elle va s'échiner à retrouver Madame Mohr mais aussi résoudre les causes des morts qui vont suivre et qui vont lui sembler hautement suspectes !



Parfaite étude des mœurs polonaises à Cracovie à la fin du 19ème siècle dans la haute société où les bourgeois commençaient à se fondre, les recherches de Zofia lui donnent tous les prétextes pour nous introduire partout où elle le croit nécessaire, pour notre plus grand plaisir.



Beaucoup d’humour et de dérision dans ce roman et j’ai souvent ri à l’écoute des commérages que Zofia ne pouvait s’empêcher de déterrer, sans que son comportement paraisse, à nos yeux contemporains, totalement décalé pour son époque !



La narration de Françoise Chéritel a su mettre l’accent sur les moments ironiques et les moments sérieux dans lesquels on retrouvait bien les efforts de Zofia pour se hisser dans la Haute !!



J’ai eu parfois quelques difficultés à situer les personnages, le féminin étant signalé par la terminaison identique des patronymes.



Un petit bijou, contemporain, à découvrir sans tarder, en lecture ou en audio !



#MadameMohradisparu #NetGalleyFrance



Challenge Féminin 2022/2023

Challenge Entre Deux Thèmes 2023
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Madame Mohr a disparu

Mme Mohr a disparu, certes, mais elle est rapidement retrouvée morte, et ce n’est que le début ! Simple crise cardiaque ? Les conclusions du médecin semblent un peu hâtives.



Zofia est une demi-bourgeoise, femme d’un néo prof d’université, va s’improviser enquêtrice, elle qui adore les romans d’enquête, va faire preuve d’un sens de l’observation acéré



Cette semaine nous avons fait un tour à Cracovie, tres belle ville polonaise au charme désuet, l'occasion de mettre en avant ce cosy mystery original et surprenant qui se déroule au 19ème siècle en Pologne et qui a le mérite de sonder la question de la place des femmes à cette époque.



Un roman léger, truffé d’humour et qui offre une belle pause littéraire !



Ce premier opus inaugure une série cosy-crime à la sauce polonaise du XIX ème siècle écrit par une autrice qui est en fait 2 auteurs…



Sous le pseudo Maryla Szymiczkowa, le couple d’auteurs Jacek Dehnel et Piotr Tarcsynski signe une savoureuse satire de la bourgeoisie cracovienne de la fin du XIXe siècle qui a un coté "Miss Marple » évident



Un livre qui donne sincèrement envie de découvrir la suite de cette série très prometteuse déjà traduite en anglais et qui est aussi populaire qu'intelligente
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le rideau déchiré

Grâce à la dernière opération MG Mauvais genres de Babélio, j’ai eu la chance de découvrir cette auteure polonaise peu connue sous nos cieux. Elle nous propose un roman qui oscille entre polar historique et cosy mystery.



Nous sommes en 1895 à Cracovie au moment des fêtes de Pâques, Zofia Turbotynska est l’épouse d’un professeur d’anatomie vétérinaire, ce qui en fait une notable, statut auquel elle tient. Elle s’occupe de sa maison avec l’aide de sa servante Franziska, participe à des évènements mondains et aux nombreuses activités de sa paroisse. Deux ans auparavant elle a résolu un meurtre et ne va pas tarder à mettre son talent de détective en oeuvre. Sa deuxième bonne, Karolina, une jeune fille de dix-sept ans a brusquement donné sa démission le samedi de Pâques, mais le mardi matin, on retrouve son corps outragé et poignardé dans la Vistule. Franziska révèle que sa collègue avait rencontré un ingénieur qui lui a promis de l’épouser et de l’emmener en Amérique. Le commissaire y voit une rivalité entre son fiancé officiel, un ouvrier et le nouveau qui aurait mal tourné, d’ailleurs, un activiste socialiste bien connu a été abattu lors de son arrestation et il le déclare coupable de ce meurtre. Zofia y voit une solution trop facile, sa bonne a retrouvé la carte du fameux ingénieur et l’a même aperçu à plusieurs reprises lors de fêtes l’été suivant. Avec l’aide de Franziska, elle se lance dans une enquête minutieuse qui durera plus d’un an et saura triompher de nombreux obstacles pour faire éclater la vérité.



Le contexte historique est intéressant, on est à la fin de l’empire austro-hongrois dans la bonne société polonaise. Ignacy, le mari de Zofia ne joue aucun rôle dans l’intrigue, sinon de mettre en valeur son épouse par contraste. Il ne se soucie que des controverses scientifiques et politiques de son temps, il est conservateur, grand admirateur de l’empereur, vu comme le gardien de la stabilité sociale. Il ne s’occupe évidemment pas de la vie domestique. C’est un mari aimant et attentionné qui laisse une grande liberté à sa femme. Au début du livre, Zofia partage les vues conservatrices de son mari, mais elle évoluera au fil de son enquête. Elle rencontre des personnages qui remettent en question son point de vue, ce qu’elle saura faire intelligemment. Ainsi elle rencontre un sexologue, science débutante et surtout un journaliste socialiste qui lui ouvrira les yeux sur la réalité de la condition des femmes les plus pauvres. Elle portera désormais un autre regard sur la prostitution et luttera contre la traite humaine.



Le statut et le rôle des femmes est au centre de ce roman, Zofia y est une notable avec toutes les obligations qui en découlent et qu’elle ne remet pas en question. Elle adopte le point de vue de son mari et on l’appelle toujours Madame le professeur, du titre d’Ignacy. Elle est une privilégiée, elle est bienveillante envers ses bonnes et a de bons rapports avec elles, mais la mort de Karolina va lui ouvrir les yeux sur la misère des plus pauvres qui sont souvent contraintes à la prostitution par nécessité. Certaines femmes luttent pour l’émancipation et l’instruction de leurs semblables, ce à quoi Ignacy et Zofia s’opposent. On pensait dans le milieu conservateur que l’instruction rendait les femmes stériles.



Le roman oscille entre polar historique bien documenté de par son contexte et mystery cosy vu que notre enquêtrice est une maîtresse de maison consciencieuse pour qui l’activité de détective est un loisir. Par rapport à ce genre littéraire, cet ouvrage manque de légèreté et d’humour. Les pensées de Zofia lors de ses entretiens avec le sexologue et le journaliste, écrites en italique, sont amusantes, mais la conversation reste très sérieuse. La vérité restera confidentielle au grand dam de Zofia, mais les puissants ne sont pas encore traînés sur la place publique à cette époque, ce qui la contrarie et lui fait voir le pouvoir sous un jour nettement moins favorable. Le titre du livre marque la prise de conscience de l’héroïne, qui entrevoit « par un rideau déchiré » la condition des femmes pauvres.



Les deux héroïnes principales sont très attachantes. L’intrigue a de la peine à démarrer, la première moitié du roman est très lente, on se perd dans les détails domestiques et les descriptions des vêtements portés par chaque personnage, on se croit dans un journal féminin. Heureusement la deuxième partie est nettement plus dynamique et aussi plus intéressante quand Zofia commence à enquêter sur le trafic de femmes. Dans l’ensemble j’ai beaucoup aimé ce livre, un grand merci à Babélio et aux Editions Agullo pour leur confiance.
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Le rideau déchiré

Quelle joie de retourner dans les appartements de l’impertinente Zofia Turbotynska ! Dans la Cracovie de la fin du XIXème siècle, elle est à la fois en parfaite adéquation avec le décor et décalée par rapport à ses concitoyens.



La grande dame polonaise est restée fidèle à elle-même pour notre plus grand bonheur. Dans ce deuxième épisode, c’est un personnage de son entourage qui est la victime. La volonté de Zofia de rechercher et de trouver la vérité devient alors encore plus forte. Elle va faire preuve de persévérance et utiliser toutes ses influences afin de récolter les réponses à ses questions. Comme à son habitude, elle n’hésite pas à court-circuiter les forces de l’ordre en utilisant son talent de persuasion.



Cette série nous ouvre les portes sur le monde bourgeois de l’époque. A travers les échanges entre les protagonistes, l’autrice met en lumière les mœurs et les pensées de cette catégorie sociale. Cet épisode n’est d’ailleurs pas avare de commentaires et d’actes dédaigneux envers les petites gens.



La place de la femme est aussi au cœur des investigations. Malgré une héroïne forte, ce roman dépeint une société patriarcale qui définit strictement les devoirs des femmes. Même l’insolente et caractérielle Zofia ne fait pas bouger les lignes. Elle apporte toujours du piment à l’aventure, grâce à ses répliques, elle est parfois comme un chien dans un jeux de quilles mais elle reste toujours dans les limites de bienséance et des coutumes.



J’ai trouvé cet opus un peu moins divertissant que le précédent. J’y ai retrouvé avec plaisir le tableau sans concession du monde de cette époque mais il m’a manqué une dose supplémentaire d’humour qui était beaucoup plus présente lors de la première enquête. J’ai néanmoins passé un bon moment de lecture et tant que Zofia continue à faire des siennes, je serai là pour profiter du spectacle !
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Madame Mohr a disparu

En 1893, à Cracovie, Zofia Turbotyńska, mariée à un professeur de médecine, s’occupe de son intérieur et de diriger ses domestiques, tout en souhaitant de tout cœur parvenir à intégrer la haute société de la ville. Cela consiste à organiser des dîners, à participer à tous les événements culturels et officiels, première d’opéra ou enterrement de personnage public, et aussi à s’engager dans des œuvres caritatives. Ce qui n’est pas simple, certaines étant jalousement gardées par d’autres bonnes dames. Elle réussit à s’engager auprès d’une maison de soins pour personnes âgées, la maison Helcel, juste au moment où une résidente disparaît, puis une autre est assassinée.

Mme Turbotyńska pense que la première dame retrouvée morte a été tuée aussi, et elle voit dans ces événements une occasion de mener une enquête, comme dans les romans policiers, genre nouveau qu’elle adore lire.



Je commence le mois de l’Europe de l’Est avec ce roman policier historique polonais, du genre « cosy mystery » (je traduirais bien par « enquête au coin du feu ») écrit à quatre mains par un couple de jeunes auteurs, Jacek Dehnel et Piotr Tarcczynski.

Ce qui est pour moi le plus réussi dans ce roman, c’est la reconstitution de l’ambiance de petite ville de province. Les auteurs montrent à la fois la Cracovie bourgeoise et l’aristocratie par laquelle Mme Turbotyńska aspire à être reconnue, et celle des petites gens, essentiellement les domestiques. Les personnages, à commencer par Zofia, son époux Ignacy, la bonne Franciszka ou la soeur Alojza à laquelle Zofia a affaire lors de ses enquêtes dans la maison Helcel, sont très bien décrits, leurs caractères bien plus qu’esquissés, sans caricature aucune.

C’est le gros point fort du roman, son côté très plaisant, plus que l’enquête qui n’en est pas vraiment une. On ne peut pas le reprocher aux auteurs, c’est dans la logique, qu’une dame qui doit rester « à sa place » n’a pas beaucoup de latitude pour interroger ici ou là, voire même pour se déplacer.

J’ai donc trouvé ce roman très sympathique, mais un peu lent et long. Ce n’est que mon avis, Doudoumatous, Eva et Passage à l’est l’ont, elles, particulièrement apprécié, et liront sans doute rapidement le deuxième volume qui sort à la fin du mois.
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Madame Mohr a disparu

Bienvenue chez moi ! Comment, ce n’est pas une manière de commencer un avis ? Ah mais, si, si, si, et j’écrirai de même si je lisais un livre qui se situe dans la ville natale de ma mère, qui est aussi le berceau de quasiment toute ma famille maternelle. Si j’ai choisi d’écouter Madame Mohr a disparu, c’est parce que l’action se passe en petite Pologne, à Cracovie, région d’où est originaire mon grand-père paternelle. Puis, j’étais curieuse de lire un cosy mystery polonais !

Nous découvrons d’abord non madame Mohr, mais Zofia Turbotynska. Elle a beaucoup d’ambition, et tient bien à ce que tout le monde sache que son mari Ignacy vient d’obtenir une promotion – elle pense déjà à la prochaine. Elle pense aussi à embaucher une domestique supplémentaire – chercher les plats, desservir la table alors que c’est le jour de congé de leur bonne, c’est déjà trop pour Zofia. Seulement, son mari lui rappelle que leur dernière bonne, la dévouée Franciszska, est celle que Zofia a gardé jusqu’à ce jour le plus longtemps à son service – parce qu’elle l’a « empruntée » à sa cousine. Dois-je préciser que Zofia ne supporte pas sa cousine ? Je me demande d’ailleurs, au fur et à mesure de la lecture, qui Zofia peut-elle bien supporter, si ce n’est elle-même. Elle tient par-dessus tout à sa place dans la bonne société cracovienne mais comme elle s’ennuie ! Elle ne l’admettra pas, non, elle est très occupée, y compris par des activités inhérentes à sa volonté d’être une bonne épouse et à sa position sociale. Cependant, en lisant ses romans favoris, notamment celles d’Edgar Allan poe, en se remémorant les grandes figures historiques féminines, elle rêve d’autres choses, et la disparition de madame Mohr le lui permettra : elle enquêtera.



Le roman est bien écrit, bien construit, à la fois roman policier et roman historique. Le fait que nous épousions le point de vue de Zofia, qui fend la foule « tel un drakkar jaune » lors d’un événement mondain, fait en grande partie tout le sel de ce roman. Les méninges de Zofia tournent à plein régime en permanence, et nous épousons le cheminement de ses pensées, de ses déductions – et c’est savoureux.

Ce qui l’est tout autant, c’est la lecture de Françoise Chéritel, tout en nuance. Elle épouse parfaitement non seulement le récit, mais aussi les caractéristiques de chacun des personnages que nous croisons, c’est véritablement un plaisir de l’écouter nous lire cette enquête menée tambour battant par une bourgeoise polonaise plus déjantée qu’elle ne le croit elle-même.
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Madame Mohr a disparu

Maryla Szymiczkowa. Derrière ce nom compliqué, se cache en fait un duo d'écrivains qui a lancé une série d'enquêtes dont « Mme Mohr a disparu » est le premier volet. Leur personnage principal, Zofia Turbotyńska, est présentée par l'éditeur comme une Miss Marple à la polonaise. Les deux dames ont effectivement beaucoup de points communs. Comme son ancêtre, elle n'a aucune compétence policière, mais elle est passionnée par les polars et donc par les énigmes. La curiosité est sa principale qualité, ce qui lui permet de s'intéresser aux affaires criminelles et d'être une enquêteuse hors pair. Dans son comportement, elle est aussi caustique et sans gêne. Elle n'hésite pas à remettre les personnes à leur place.



Zofia a donc tout d'une héroïne de cosy-crimes, ces romans policiers à la mode en ce moment. La petite particularité qui fait le sel de cette série se situe au niveau de l'ambiance. La ville de Cracovie à l'époque du 19ème siècle n'a rien de bucolique et le monde dans lequel évoluent les protagonistes est plutôt fortuné et élitiste. On est au centre d'un panier de crabe. Zofia essaye, comme toutes les femmes désoeuvrées de la bourgeoisie, de gagner sa place dans cette société vaniteuse. Pour ce faire, elle est capable des pires mesquineries et son fort caractère n'est pas de trop pour s'imposer. Des salles de spectacles, aux enterrements en passant par les oeuvres de charité, tous les terrains sont bons afin de surpasser la concurrence. Ces jalousies donnent lieu à des scènes grotesques où la raison n'a plus sa place, pour notre plus grand bonheur !



Ce premier épisode s'avère dépaysant, drôle, avec une énigme accessible à tout le monde. Si vous cherchez un polar tranquille et dépaysant avec une actrice principale aussi imparfaite qu'irrésistible, vous êtes au bon endroit !
Lien : https://youtu.be/YCF05f_Uz80
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Le rideau déchiré

Service de presse.



A l’origine, il y a le fameux whodunit incarné notamment par la romancière britannique Agatha Christie avec cette prédominance de l'énigme policière s'inscrivant autour d'une succession d'indices permettant à une enquêtrice amateure de découvrir le coupable dont l'identité sera révélée à la toute fin du récit. Issu de ce genre littéraire, le cosy mystery ou cosy crime connaît un essor considérable depuis quelques années avec des intrigues qui se définissent par leur caractère édulcoré, donnant du sens à cet oxymore anglophone, ainsi que par leur légèreté, pour ne pas employer le terme vacuité, que les couvertures au style infantile ne démentiront pas. Dans ce registre, on ne manquera pas de s'intéresser à l'oeuvre de Maryla Szymiczkowa, nom de plume du duo d'auteurs mariés que forme Jacek Dehnel et Piotr Tarczynski ayant désormais élus domicile à Berlin mais qui représenteront tout de même la Pologne lors de leur venue à Lyon à l'occasion du festival international Quais du Polar. C'est avec Madame Mohr A Disparu (Agullo 2023) que l'on fait la connaissance de Zofia Turbotyńska, cette bourgeoise de Cracovie au caractère quelque peu acariâtre, mariée à un professeur d'université, comblant l'ennui d'une vie domestique en se mêlant aux affaires criminelles qui émaillent le ville, ceci au gré d'une série d'énigmes policières prenant pour cadre la société polonaise de la fin du XIXème siècle jusqu'au tournant de la Seconde guerre mondiale. Si à bien des égards, les ouvrages de ces romanciers polonais répondent aux critères du cosy crime, on ne manquera pas de souligner l'aspect historique qui émerge de ces intrigues policières ainsi que l'étude de moeurs au caractère social affirmé comme en témoigne Le Rideau Déchiré, second opus de la série qui en compte désormais trois puisque Séance A La Maison Egyptienne va paraître très prochainement.



A Cracovie en 1895, Zofia Turbotyńska doit faire face aux impondérables de la vie domestique avec les préparatifs des fêtes pascales qu'elle doit assumer avec l'unique appui de sa cuisinière Franciszka alors que sa femme de chambre Karolina a disparu du jour au lendemain après avoir remis sa démission. Un véritable scandale. Mais lorsque l'on retrouve le corps sans vie de la jeune domestique au bord de la Vistule, la nouvelle à de quoi bouleverser les membres de la maison Turbotyńska ce d'autant plus qu'au vu des violences commises, il s'agit indéniablement d'un crime. Dotée d'un grand sens de l'observation conjugué à un esprit de déduction sans faille, Zofia va mener l'enquête en s'intéressant davantage à la personnalité de cette jeune femme qu'elle ne connaissait pas si bien que cela. Elle parcourra ainsi le bas-fond de la ville en croisant sur son chemin des malfaiteurs en tout genre, tout en découvrant le monde interlope de la prostitution que les édiles de la cité fréquentent assidument. C'est l'occasion pour elle de lever le voile sur cette province pauvre de la Galicie qui conduit femmes et hommes miséreux vers la ville en quête d'un espoir tout relatif.







L'originalité de la série mettant en scène la détective amateure Zofia Turbotyńska réside dans son caractère érudit, sans être trop ostentatoire, tout en pariant sur l'intelligence du lecteur ce qui n'apparaît pas comme un critère essentiel dans la déclinaison de récits que l'on propose dans le cadre d'un genre littéraire comme le cosy crime. C'est également autour du contexte historique et de la multitude de détails qui en découlent que l'on prend la mesure de la densité de ces intrigues imprégnées de l'atmosphère sophistiquées de l'empire austro-hongrois et de sa complexité politique. Indéniablement, Le Rideau Déchiré présente un registre historique un peu moins prégnant pour se concentrer sur le volet social qui régit les différentes castes de la communauté de la ville de Cracovie et plus particulièrement le milieu bourgeois côtoyant la domesticité et plus spécifiquement les femmes de condition modeste devenant la proie d'individus inquiétants naviguant dans les réseaux de la prostitution. Cela permet aux auteurs d'aborder des sujets sensibles comme la conditions des femmes de l'époque et d'observer les mouvements progressistes qui s’amorcent au sein de la société polonaise, notamment avec l’émergence du socialisme qui prend davantage d’essor autour de personnalités historiques telles qu'Ignacy Daszyński que Zofia Turbotyńska va côtoyer à son corps défendant. Ainsi, sans mettre à bas les certitudes conservatrices de cette femme au caractère affirmé, qui cache d'ailleurs ses activités d'enquêtrice à son mari, on observe, sur un registre très nuancé, l'effritement de certaines de ses certitudes notamment en lien avec l'hypocrisie qui régit son entourage et plus particulièrement le milieu policier et judiciaire qu'elle côtoie dans le cadre de ses investigations. Mais en dépit de la gravité des thèmes abordés, Le Rideau Déchiré n'est pas dépourvu d'humour avec quelques scènes cocasses à l'instar de cette rencontre avec une prostituée que Zofia Turbotyńska rejoint dans un parc public, accoutrée d'un déguisement vaudevillesque ou de son effarement lorsqu’un médecin évoque son intérêt pour l’instauration d’une éducation sexuelle qu’il définit au sein de ce qu’il dénomme la “sexuologie“. Et puis, il y a cette multitude d’hommages à l’exemple du titre Le Rideau Déchiré faisant allusion à l’une des oeuvres du maître du suspense Alfred Hitchcock dont on trouve le nom dans l’énoncé du premier chapitre du récit également ponctué de citations de L'Étrange Cas Du Docteur Jekyll Et De Mr Hyde de Robert Louis Stevenson. Avec une intrigue se déroulant, sur plus d’une année, Le Rideau Déchiré est aux antipodes des romans trépidents propres à notre époque, pour se décliner sur un rythme prenant tout son temps au gré d’une construction narrative à la fois foisonnante et passionnante.





Maryla Szymiczkowa : Le Rideau Déchiré (Rozdarta Zaslona). Editions Agullo 2024, 400 pages. Traduit du polonais par Cécile Bocianowski.



A lire en écoutant : Polonaise No. 5 in F-Sharp Minor, Op 44. Album : Chopin: Polonaise - Rafal Blechacz. 2013 Deutsche Grammophon GmbH, Berlin.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Madame Mohr a disparu

Zofia Turbotynska est une bourgeoise mariée à un professeur d'université. Arriviste, elle fait tout pour gagner sa place dans la haute société. Quand elle décide d'organiser une loterie caritative, elle est interpellée par la disparition d'une vieille dame persuadée qu'elle a été assassinée. Elle décide de mener l'enquête.

Ma première motivation pour écouter ce livre audio a été sa narratrice, Françoise Cheritel, dont j'adore la voix et le phrasé espiègle. Elle apporte ici tout son talent à cette histoire.

Pour le reste, je suis bien moins emballée. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire confondant les personnages dont les noms doivent systématiquement remorquer le titre de noblesse, les différents liens de parenté et autres informations futiles, surtout quand on ne recroise pas le personnage dans le roman et qu'il n'a aucun vrai rôle à jouer. J'ai bien compris que cette narration veut transcrire les aspirations de Zofia, mais c'est franchement lourd. Ensuite, l'intrigue peine à débuter, la disparition du titre n'arrivant qu'après plusieurs chapitres (chapitres interminables au passage).

Côté personnages, on ne peut pas dire que Zofia soit attachante, loin de là. Elle m'a tapé sur les nerfs, avec ses aspirations de grande dame plus ridicules les unes que les autres. Quant aux personnages secondaires, je les ai trouvé trop peu développer pour qu'on s'intéresse à eux.

L'intrigue policière est noyée dans les ronds de jambes que l'héroïne passé son temps à faire.

J'ai adoré la narratrice de ce roman, mais me suis un peu ennuyée. J'ai compris les traits d'humour des auteurs, mais y suis restée totalement hermétique. Je ne pense pas poursuivre ma découverte des aventures de Zofia Turbotynska.
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Madame Mohr a disparu

Madame Mohr a disparu de Maryla Szymiczkowa, traduit du polonais par Marie Furman-Bouvard, VOolume 2023 (1ère édition, Agullo, 2022).



Ce roman est le premier tome d'une série de cosy-crime située à Cracovie au XIXème siècle.

Sous le pseudonyme de l'autrice, se cache un duo masculin, Jacek Dehnel, romancier, poète et traducteur, connu aussi pour son blog « The Secret Detective » consacré au tabloïd criminel de l'entre-deux-guerres, et Piotr Tarczynski, traducteur, historien et spécialiste des études américaines. Ce dernier, issu d'une longue lignée de Cracoviens, a vécu dix ans en émigré à Varsovie avant de s'exiler avec son mari à Londres.



Cracovie, 1893.

Zofia Turbotyńska, l'héroïne principale, est l'épouse désoeuvrée, sans enfants, d'un universitaire, professeur de médecine, un peu distrait par rapport à tout ce qui ne concerne pas son travail ou ses hobbys. Ambitieuse, elle est prête à tout pour gagner sa place dans la haute société cracovienne. Dans ce but, et aussi pour lutter contre l'ennui de sa vie domestique, elle s'engage au service d'une cause caritative : la Maison Helcel, maison de soins privée pour les malades et les personnes âgées sans famille.

C'est aussi une amatrice de roman policier… Donc, quand des disparitions et des décès mystérieux surviennent, elle décide de mener l'enquête à sa façon en se mêlant des affaires et des secrets plus ou moins avouables des un(e)s et des autres.

La version audio de ce roman, lue par Françoise Cheritel, est très agréable à écouter… J'avoue cependant avoir parfois un peu perdu le fil et n'avoir accordé qu'une oreille distraite à certaines péripéties.



Mais j'ai apprécié la tonalité un peu grinçante et parodique, notamment les longs titres de chapitres aux annonces savoureuses.

La promesse d'un pastiche hilarant et d'une satire bourgeoise est tenue et la plongée dans la bonne société de Cracovie, avec ses commérages, ses figures historiques et ses moeurs d'un autre âge offre un réel dépaysement. J'ajoute que, pour les puristes, le contexte historique est précisé car, à la suite des guerres napoléoniennes et après le congrès de Vienne, Cracovie et ses environs étaient une petite république semi autonome sous le contrôle conjugué de la Russie, de la Prusse et de l'Autriche.

J'ai souvent souri et plutôt que le souvenir d'une enquête, je retiendrai toute une ambiance désuète, théâtrale, la place faite aux femmes de toutes conditions, comtesses, bourgeoises, bonnes ou concierges…



Je lirai, sans doute, le Rideau déchiré, le deuxième opus consacré à cette chère Zofia Turbotyńska… Surtout si les éditions VOolume me le proposent.





#MadameMohradisparu #NetGalleyFrance


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Madame Mohr a disparu

Nous sommes à Cracovie en 1893, Zofia Turbotyńska, femme au foyer, mondaine et bien établie, s’ennuie quelque peu. A son grand désarroi, malgré une position de notable elle ne fait pas partie du haut de la société. Elle aspire ardemment à y accéder. Ambitieuse, elle a assuré seule l'ascension de son mari jusqu'au rang de professeur d'université. Elle passe son temps à réseauter pour promouvoir son époux et gagner leur place dans le gotha de la ville. Pour y parvenir, rien de plus efficace quand on est une dame bien sous tous rapports, que de s’occuper des pauvres. Ses œuvres caritatives la conduisent à la Maison Helcel, une maison de retraite dirigée par des religieuses, au moment où une des résidentes disparait. Comment une petite vieille qui a du mal à se déplacer et qui ne voit personne, peut s’évaporer ? Comme un échappatoire à son ennui de femme rangée, Zofia enquête et se découvre une véritable vocation de Miss Marple. Aidée par sa cuisinière, Franciszka, Zofia fouine dans les affaires des autres, en se gardant bien d’en informer son mari.



La structure de cette enquête fait écho aux romans d’Agatha Christie et ont pourrait carrément y voir un hommage quand tous les suspects sont réunis en fin d’enquête pour que Zofia révèle le nom du meurtrier.



C’est très réussi mais ce que je retiendrais c’est surtout le talent des auteurs (ils sont deux derrière un seul pseudo) à avoir créé une enquêtrice aussi ambigu. Difficile dans un premier temps d’apprécier cette femme snob, superficielle, ambitieuse, froide et sournoise. Et puis au fur et à mesure de l’histoire on lui découvre un visage différent dont elle même n’a pas consciente. Le caractère de Zofia est un point fort de ce livre.

Autre point fort, la restitution de la vie en Pologne à l’époque. C’est un remarquable travail d’historiens avec de riches descriptions de Cracovie et de la société avec les divisions de classes sociales, la politique, la culture, la religion et la place des femmes.



Bourré d’humour, ce cosy mystery, très éloigné de mes goûts, a été pour moi un moment fort agréable. C’est certes léger mais ça ne manque pas de finesse et cette première enquête de Zofia Turbotyńska pourrait bien annoncer une belle série.



Traduit par Marie Furman-Bouvard
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Madame Mohr a disparu

Service de presse.



Dans le domaine de la littérature noire polonaise, on reste encore marqué par les enquêtes du procureur Teodore Szacki que son auteur, Zygmunt Miloszewski, mettait en scène dans une série composée de trois romans publiés chez Mirobole Editions et Fleuve Noir. Du côté de chez Agullo, on découvrait le pays et plus particulièrement la ville de Varsovie par le biais de Wojciech Chmierlarz et des investigations de son inspecteur Jakub Mokta, surnommé le Kub dont on suivait les péripéties au gré d'une série de cinq romans passionnants mettant en perspective les disfonctionnements de la société polonaise. Avec Maryla Szymiczkowa, nom de plume d'un duo d'auteurs mariés à la ville que sont Jacek Dehnel et Piotr Tarczynski, c'est du côté de Cracovie, ancienne capitale de la Pologne, que Agullo nous convie avec cette nouvelle série de quatre ouvrages, débutant en 1893 et qui se déroulera sur l'espace de plusieurs décennies pour s'achever en 1946 en présentant ainsi l'évolution du pays mais également de l'Europe centrale, ceci depuis l'empire austro-hongrois jusqu'au basculement du régime communiste peu après la fin de la seconde guerre mondiale. Pour aborder cette époque mouvementée et riche en péripéties, les auteurs ont pris le parti de suivre la destinée de Zofia Turbotynska, bourgeoise conservatrice, mariée à un professeur d'université, qui se découvre une vocation de détective au gré d'intrigues prenant l'allure d'un whodunit à la Agatha Christie nous permettant d'aborder ainsi les grands événements qui constituent cette période de l'Histoire.



Cracovie 1893. Zofia Turbotynska est une femme débordée devant impérativement renouveler son staff de domestique et plus particulièrement sa femme de chambre qui ne lui convient pas. De plus, elle organise une collecte à l'intention des indigents de la Maison Helcel, institution de soins privée dirigée par des bonnes sœurs charitables. Mais rien ne va plus lorsque l'on découvre dans le grenier de cet établissement le corps sans vie de madame Mohr. Sur place, le médecin conclut rapidement à une crise cardiaque, ceci au grand désarroi de Zofia, grande lectrice de romans policiers, qui y voit plutôt un acte criminel, ce d'autant plus lorsque l'on trouve une seconde résidente morte étranglée. C'est l'occasion pour cette femme désœuvrée de mettre en lumière les petits secrets plus ou moins sordides des résidents et des employés de la maison Helcel et de contrer le juge d'instruction Klossowitz toujours prompt à enfermer le premier suspect venu. Mais bien au-delà des apparences, Zofia va tout mettre en œuvre pour faire jaillir la vérité en se découvrant ainsi un passe-temps bien plus amusant que le point de croix.



On apprécie d'emblée ce récit rédigé à quatre mains où le féru d'Histoire côtoie le passionné de tabloïds criminels pour nous offrir un roman bien équilibré conjuguant bien évidement l'Histoire avec l'intrigue policière mais également la comédie de mœurs nous permettant d'avoir un bon aperçu de la diaspora bigarrée d'une ville de Cracovie et de ses environs qui avait, à l'époque, le statut particulier de république semi-autonome contrôlée par les trois empires qu'étaient la Russie, la Prusse et l'Autriche avant d'être incorporée au sein de l'empire austro-hongrois. Dans un contexte historique assez complexe, il importe donc de lire attentivement l'avant-propos afin d'avoir une vision éclairée d'une période trouble où les soulèvements évoqués vont intervenir dans la destinée de certains protagonistes du récit en nous donnant ainsi davantage de recul quant à leurs motivations. On découvre ainsi une ville d'une belle richesse culturelle que les auteurs mettent en valeur avec deux points d'orgue qui ont marqué l'année 1893 que sont l'inauguration du nouveau théâtre de Cracovie et les funérailles du grand peintre polonais Jan Matejko qui refusa son titre de citoyen honoraire de la ville indigné qu'il était que l'on ait construit le théâtre sur l'emplacement d'un couvent et d'une église en ruines. Loin d'être anecdotiques, ces deux événements s'intègrent parfaitement dans le cours de l'intrigue en suivant les pérégrinations de Zofia Turbotynska évoluant dans toutes les castes qui composent la cité en nous permettant d'avoir une bonne vue d'ensemble des communautés de la ville à l'instar des juifs considérés comme des citoyens de seconde zone. Avec cette enquêtrice atypique, on découvre ainsi le quotidien d'une femme conservatrice aux idées bien arrêtées, un peu pingre, souhaitant assoir son rang avec l'aide de la noblesse qu'elle fréquente notamment par le biais de ses activités bénévoles qui ne sont pas vraiment désintéressées. Cet aspect du quotidien est d'autant plus intéressant qu'il est ponctué d'une pincée d'humour parfois mordant qui donne du relief à l'ensemble du roman. Et puis il y a bien évidement l'intrigue policière habilement construite qui rend hommage à la reine du roman policier britannique tout en s'en affranchissant avec talent au gré d'une enquête assez complexe dont on connaît l'aboutissement qu'en toute fin de récit avec la fameuse réunion théâtrale réunissant tous les suspects fréquentant cette Maison Helcel qui abrite bien des secrets. Tout cela nous donne un roman historique et policier passionnant s'attardant sur les aspects sociaux de l'époque au gré d'un récit plaisant en accompagnant une enquêtrice au charme indéniable que l'on se réjouit déjà de retrouver au cours d'une série qui s'annonce très prometteuse.



Maryla Szymickowa : Madame Mohr A Disparu (Tajemnica Domu Helclow). Editions Agullo 2022. Traduit du polonais par Marie Furman-bouvard.



A lire en écoutant : Joahnnes Brahms – Piano Quintet in F minor Op. 34, String Quartet in a minor Op. 51 No 2. Album : Camerata Quartet. 2022 Camerata Quartet.
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Madame Mohr a disparu

Dépaysant et plein d’humour, ce roman policier m’a beaucoup plu. Il faut s’accrocher un peu au début à cause des nombreux patronymes polonais (qui de plus changent au féminin/masculin) mais on ne s’ennuie pas un seul instant. Nous sommes en 1893 et des femmes décèdent ou disparaissent dans une maison de soins. C’est Zofia Turbotynska, mariée à un professeur d’université et en manque d’occupation qui décidera de mener l’enquête.

Elle n’a rien d’une miss Marple (contrairement à ce que laisse entendre la quatrième de couverture) mais elle est entêtée et ne lâche pas l’affaire.



C’est une enquête écrite dans un style classique et chronologique. Nous suivons tout simplement Zofia dans ses investigations. L’affaire est cependant parfois un peu difficile à suivre, à cause des nombreux personnages, des noms polonais, et des recherches généalogiques sur les différentes familles concernées.



L’humour est présent à chaque page. Un humour pétillant et subtil. J’ai bien aimé cette lecture et j’espère lire le prochain volume.

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Madame Mohr a disparu

"Madame Mohr a disparu" est un roman historique de type "cosy mysery" écrit à quatre mains car sous le pseudonyme Maryla Szymiczkowa se cachent les deux auteurs Jacek Dehnel et Piotr Tarczynski d'origine polonaise mais exilés à Londres. Il s'agit du premier tome mettant en scène les enquêtes de Zofia qui poursuit ses aventures dans le tome 2 "Le rideau déchiré".



La scène s'ouvre à Cracovie en 1893. Zofia Turbotynska est mariée à un professeur d'université mais ils n'ont pas d'enfant. Pour lutter contre l'ennui de sa vie domestique, elle s'engage au service d'une cause caritative à la Maison Helcel qui est une maison de soins privés pour les malades et les personnes âgées. Lorsqu'une résidente, Mme Mohr, est retrouvée morte dans le grenier, le médecin conclue rapidement à une crise cardiaque. Mais, Zofia pense à un acte criminel et elle mène l'enquête...



J'ai eu le plaisir de découvrir ce roman en version audio grâce à @Voolume et @NetGalleyFrance que je remercie. Je tiens à préciser que l'intrigue de ce roman est assez complexe et qu'il contient très peu de dialogues, mais beaucoup de narration. J'ai eu donc un peu de mal à me plonger dans l'intrigue au tout début car j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de digressions. De plus, le débit de la narratrice est vraiment rapide, ce qui ne facilite pas la compréhension. Les chapitres sont longs, ce qui ne permet pas de donner du rythme à l'intrigue.



Je recommande ce livre audio à celles et ceux qui veulent découvrir le contexte historique de ce roman original avec son héroïne qui ressemble à une Miss Marple à la polonaise. Ce roman mêle pastiche amusant et satire bourgeoise au coeur de Cracovie, avec ses commérages, ses figures historiques et ses moeurs d'un autre âge.
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Madame Mohr a disparu

Zofia Turbotynska, est une bourgeoise de 38 ans, vivant à Cracovie à la fin du 19ème siècle. Épouse d’un professeur d’université, elle gère d’une main de maître sa maison.



Il lui faut aussi tracer son chemin dans la bonne société, organisant pour ce faire des œuvres de charité et des repas mondains, le tout sans dépense superflue.



Mais, Zofia est oppressée par une sorte de vide, un ennui qui s’empare d’elle. 



Heureusement, une pensionnaire d’une maison de soins privés, Madame Mohr, disparaît. 



Disparition qui se révélera définitive pour la vieille femme retrouvée morte. Si tout le monde est persuadé qu’il ne s’agit que d’une mort naturelle, Zofia est persuadée du contraire et va mener l’enquête.



Ce roman est une œuvre divertissante. Il met en avant une scène originale : celle de la bourgeoise cracovienne de la fin du 19ème siècle. On trouve, croqué par une plume ironique, les vicissitudes de cette bonne société, obnubilée par son statut, avide de potins, sensible aux apparences.



L’héroïne de ce roman est une femme autoritaire, radine, peu sensible mais qui se révèle attachante. Sa vie tranquille, avec un homme sympathique mais sans grand talent, se trouve chamboulée par son désir le plus ardent : résoudre des crimes. 



On retrouve le charme des enquêtes d’antan où seule l’intelligence vient résoudre les problèmes. Point besoin de tueur en série qui trucide et découpe ses victimes. Ce roman avec son charme suranné se révèle bien plus efficace, donnant au lecteur matière à réflexion.



Une lecture distrayante d’un roman, premier d’une longue série. 
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Le rideau déchiré

*Une chronique où comtesses et baronnes se trouvent fort dépourvues devant l'absence de punchlines, s'interrogent sur la traduction du polonais et retrouvent les bonnes vieilles habitudes du bout de table, regrettant presque l'absence de la gentille nonne en victime sacrificielle.*



Ils nous ont changé Zofia. C'est le cri qui a résonné, couvrant toute conversation pendant des heures. Nous qui étions si impatientes de suivre cette vilaine fille cachant bien son jeu dans une nouvelle aventure ne reconnaissions aucun des protagonistes. Ni Zofia, donc, bien plus sombre et conventionnelle, ni son gentil mari qui prend les traits épais du misogyne de base, ni même sa femme de chambre, qui perd le côté Scapin qu'elle pouvait avoir dans le tome précédent.



Comme le souligne @eva_tuvastabimerlesyeux l'enquête est plus dense et mieux menée. Comme le souligne @point.a.laligne on veut croire que le problème vient du changement de traductrice. Cela donne un bon roman policier mais sans la saveur du précédent. Il y a une mise en contexte, un côté historique intéressant (antisémitisme à tous les étages, découverte de la psycho-morphologie et des bas-fonds de Cracovie) mais que cette histoire est glauque. Ce n'est pas pour me déplaire, le poisseux donne un noir plus brillant. Mais ce n'est pas ce que je voulais lire. J'ai retrouvé un peu de la verve de Zofia lors du dernier chapitre. Ce qui me fait espérer... le tome 3 sera peut-être conforme au premier ? Peut-être fera-t-il mouche ? Comtesses et baronne ont pris rendez-vous pour le prochain épisode. En espérant que le thé sera réchauffé à la gnôle et que ça rigolera un peu plus en bout de table.

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Madame Mohr a disparu

Madame Mohr a disparu par Maryla Szymiczkowa, lu par Françoise Cheritel, Éditions VOolume



Pologne, 1893 : à Cracovie, Zofia Turbotynska , alors qu'elle cherche des dons pour une collecte pour les indigents d'une maison pour personnes âgées, s'improvise enquêtrice lorsqu'une des résidentes disparaît. En effet, lorsque Mme Mohr est retrouvée morte dans le grenier, Zofia ne croit pas à un simple accident. Et elle va aimer cela : enquêter.



Des cosy crime se déroulant en Pologne, ce n'est pas répandu en France. Moi qui aime ce style de livres, je n'ai pas hésité à demander à écouter celui-ci.



Sans être un coup de cœur, j'ai apprécié l'écoute de ce roman et ce pour plusieurs raisons :

- d'abord parce que justement il est tellement rare ( pour moi) de lire des romans légers se passant dans un pays de l'est . Cela m'a donné une autre image de la Pologne.

- la période à laquelle se déroule l'intrigue. Nous sommes en pleine période victorienne et c'est vraiment une période que j'apprécie.

- Le côté historique m'a permis d'en apprendre un peu plus sur ce pays.

- l'intrigue est intéressante et le personnage de Zofia est vraiment irrésistible. J'ai adoré cette femme qui n'a pas froid aux yeux. J'ai passé un bon moment à ses côtés.

- enfin, la voix de Françoise Cheritel m'a totalement séduite et envoûtée.



Maryla Szymiczkowa est en fait un duo d'auteurs : Jacek Dehnel et Piotr Tarczynski . Ils ont réussi à m'embarquer à Cracovie avec enchantement.



Merci à #NetGalleyFrance et aux éditions VOolume pour l'acceptation de ma demande d'écoute.
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