Le support que les arts visuels reçoivent des milieux francophones québécois est, il faut le reconnaître, faible. Dans ses Souvenirs, Alfred Laliberté se plaint à plusieurs reprises du « faible encouragement des admirateurs et des acheteurs », qui, « depuis et avant même la dépression », dépensent « pour la guerre, les sports, la mécanique, le théâtre, le cinéma » et non pour les Beaux-Arts : voilà, conclut-il, les « progrès des temps modernes ». Cette critique rejoint celle que Victor Barbeau fera de « notre bourgeoisie » et que des intellectuels exprimeront dans les pages de la revue Opinions ou Idées. À défaut d'une action d'individus ou de groupes d'individus fortunés, seule une intervention institutionnelle ou gouvernementale, relativement modeste, permet la réalisation de quelques oeuvres monumentales.