C’est difficile d’expliquer la façon dont je vois le monde. On dit souvent que c’est comme voir en noir et blanc, mais je n’ai pas cette impression. J’ai appris les couleurs, je sais que le ciel est bleu, que la pelouse est verte et la pastèque rouge. Donc pour moi, le monde n’est pas du tout comme une télé en noir et blanc. En réalité, je me suis souvent demandé pourquoi j’étais très sensible aux peintures de Van Gogh et beaucoup moins à celles de Rembrandt. Si le faible contraste des tableaux de ce dernier pouvait facilement expliquer cette réaction, il m’a fallu attendre les années 1990 et une brève sur France Info pour apprendre que Van Gogh était lui-même daltonien de niveau 5 et qu’il voyait, mais surtout peignait, le monde « différemment ».