Le vieil homme s’attela à sa tâcha avec une concentration remarquable. Il obtint une longue épluchure d’un seul tenant, qu’il déposa à côté de lui. Puis il coupa la pomme en quatre et tendit un quartier à David. Il essuya contre son genou la lame où s’accrochait une goutte de jus. Un fossé mental séparait les deux hommes - des siècles d’antagonisme et d’ignorance mutuelle. Mais un tel fossé, estimait David, aurait été relativement facile à combler. Il ne s’agissait pas que de cela. Il existait entre eux une incompréhension plus profonde, dont les racines s’enfonçaient si loin qu'on ne pouvait en concevoir le commencement. Des milliers d'années sans arbres, sans pelouses, sans aisance. Rien que ce vent.