Laurent Gaudé

Hugo époussette son habit, met son chapeau, accepte le bras d'un ami et prend la direction du Père-Lachaise. Longue marche dans les rues de Paris au pas lent du corbillard. (...) D'un côté la fureur, de l'autre le silence. D'un côté, l'envie de se battre, de l'autre le corps sans force de celui qui pleure. Et les deux se croisent. Le peuple de Paris voit passer le cortège funéraire. (...) Ce même jour où naît l'insurrection, le temps suspend pour laisser passer la tristesse. L'Est de Paris sent le soufre et la révolte mais Hugo traverse le faubourg Saint-Antoine au pas lent du deuil et monte vers Ménilmontant. (p.42)