Autrement dit, chaque être humain dissimulerait, à l'intérieur de la coquille de son rôle, sa véritable forme - celle d'un énorme cancrelat. Il suffit d'enlever la coquille, et chacun apparait sous une forme monstrueuse à faire frémir. Les êtres humains vivent avec ce vague pressentiment. Parce que chacun, une fois seul dans sa chambre, est à même de découvrir dans le miroir sa propre apparence cauchemardesque.
Nous souhaitons tous trouver un jour un ultime refuge dans une apparence extérieure aussi belle qu'un rêve. D'ici là nous nous résignons à accepter n’importe quel rôle. Exactement comme les cellules encore indifférenciées d'un lézard auquel on a arraché les pattes, mon véritable moi, c'est étrange, est une sorte de potentialité qui peut encore se métamorphoser en n'importe quoi.