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Citation de yannickrenard


Elle profitait des dernières lumières de leur liaison, emportée par la dynamique de facilité qui parfois maintient les couples des années alors qu’ils n’étaient faits que pour durer quelques mois.
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Lisa est une artiste. Une vraie. Elle vend du vent. Mais du vent de très grande qualité. Cette année, elle est dans sa période balles de ping-pong. Elle vient de vendre sa quatrième œuvre. Quand on sait qu’elle touche entre cinq et dix mille euros pour chacune… L’année dernière avait été une année faste. Sa période fusibles. Bien plus porteur que sa période lacets. Sans pour autant faire partie des grands artistes de l’art contemporain, elle a une petite cote qui se maintient. Probablement parce qu’elle excelle dans l’abstraction linguistique et la vente du concept. Parce que, prosaïquement, ce qu’elle fait, c’est de la merde – c’est elle qui le soutient. Ce qui en fait la valeur, c’est son aptitude à convaincre, à émerveiller l’intellect et à flatter l’immodestie de clients qui n’ont d’yeux que pour la valeur marchande de l’œuvre, jamais pour l’œuvre elle-même. Ingrid a toujours trouvé que Lisa exagérait. Ce qu’elle crée avec des balles de ping-pong, des fusibles, des lacets, des potentiomètres, possède toujours une forme de beauté. Elle a un truc. Comparativement aux autres artistes, qui sont capables de faire de la merde avec tout, Lisa sait faire de l’art avec de la merde. Mais cette dernière n’y accorde aucun crédit. Pour elle, une œuvre qu’elle réalise en quelques heures, sans aucune intentionnalité, sans aucune passion (dans tous les sens du terme), ça ne vaut rien. Toutefois, c’est une façon peu contraignante de s’assurer un confort financier, et qui lui laisse de longues périodes de temps libre qu’elle occupe en fumant des pétards, en regardant des séries TV, en traînant dans les musées, les bars, et, une fois par an, en peignant. Cette fois-ci avec passion
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Ô toi, Shub-Niggurath, ô verge de ma verge, vagin de mon vagin Ô toi, Shub-Niggurath, suppôt de mon désir, héraut de mes plaisirs Féconde les bois noirs de notre humanité Ensemence nos corps d’une impie volupté Ô toi, Shub-Niggurath, saveur de ma jouissance, orgie de ma démence Ô toi, Shub-Niggurath, calice des passions, passion de mes délices Nous chantons, nous bêlons, notre appétit lubrique Abreuve nos ébats des orgasmes comiques
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Alors, les deux archiprêtres lèvent les bras et donnent le signal de départ. Aussitôt, un ouragan de débauche balaye la petite vallée. Hommes et femmes se jettent les uns sur les autres, s’enlacent, s’entassent, s’emmêlent, se tripotent, se pénètrent, s’échangent, grognent, ahanent, hululent de plaisir, ne formant plus qu’un amas de corps ondulant de volupté. La scène est étourdissante. Mais Ingrid n’en est qu’au début de ses surprises.
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Le jeune homme s’est enflammé, ponctuant son discours exalté de grands mouvements des bras. Ingrid est tout de même étonnée qu’on puisse atteindre ce degré d’extase sans l’aide de psychotropes. La foi est une drogue dure, assurément.
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Doucement, les flûtes commencent à égrener des mélodies joyeuses, sautillantes, rythmées avec une ferveur fertile par les tambourins. Les passants se détournent. Tant d’insouciance, si peu de discipline ! Que font ici ces gens qui n’ont rien compris à la marche en avant de la financiarisation globale ? Non, la puissance de l’amour, c’était dans les années soixante-dix. Ils sont descendus du train en marche et, aujourd’hui, ces derniers reliquats de cette horrible époque où être était plus important que paraître viennent embouteiller un trottoir qui ne connaît que mesure et obéissance.
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