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Citation de Charybde2


Toute cette saison, je pêche avec mon nouveau bateau le long de la côte, pour découvrir finalement que je suis incapable de boëtter correctement un hameçon. Mais enfin voici le moment venu de lever l’ancre et de prendre la mer pour de bon. J’ai décidé d’effectuer un voyage autour du monde et comme, au matin du 24 avril 1895, le vent est favorable, à midi je lève l’ancre, j’établis la voilure et je quitte Boston où le Spray est resté mouillé bien sagement tout l’hiver. Les sirènes sifflent midi à l’instant précis où le sloop appareille sous toute sa toile. Je remonte un court moment dans le port, bâbord amures, puis, virant de bord, je mets cap au large, la bôme bien débordée à bâbord, et nous passons tous près des ferry-boats à bonne allure. Un photographe sur la jetée extérieure d’East Boston prend le bateau en photo quand il passe devant lui, son pavillon en bout de corne battant gaiement dans la brise. Je suis tout palpitant d’une émotion profonde. Mes pas sont légers sur le pont dans l’air vif. Je sais qu’il ne m’est plus possible de revenir en arrière et que je m’engage dans une aventure dont je ressens profondément la signification. J’ai pris fort peu conseil de quiconque, ayant en somme le droit d’avoir une opinion personnelle sur tout ce qui touche à la mer. Que le meilleur marin puisse faire pire encore que moi, même seul, cela m’est démontré à moins d’une lieue des docks de Boston où j’aperçois un grand vapeur avec équipage au complet, officiers et pilote, échoué et brisé. C’est le Venetian : il s’est proprement cassé en deux sur un banc. Cette première heure de mon voyage en solitaire m’apporte donc la preuve que le Spray est capable de faire mieux que ce vapeur avec tout son monde, car je suis déjà arrivé plus loin que lui.
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